Le Figaro attaque (encore) Météo France

Dan Israel - - 0 commentaires


C'est une attaque en règle. Dans son édition de samedi dernier, Le Figaro s'en est violemment pris à Météo France, dans une pleine page. Le quotidien accuse notamment l'organisme public d'entraver le développement ses concurrents. Au rang desquels figure Météo Consult, filiale… du Figaro.

La Cour des comptes en a après Météo France. C'est la révélation de l'article principal du Figaro, qui indique qu'une enquête est en cours et qu'elle "sera rendue publique en février prochain dans le cadre du rapport annuel de l'institution".

L'article cite très vite une source interne, qui évoque un contrôle de routine, mais il enchaîne immédiatement en indiquant qu'il "semble pourtant que les Sages de la Rue Cambon ont de bonnes raisons de se pencher sur l'établissement". De bonnes raisons ? A part vérifier si Météo France restera bien dans les clous de son plan d'économies drastiques, décidé après un précédent rapport au vitriol de la Cour, en 2005, Le Figaro n'en cite qu'une seule : "Les pratiques de l'établissement qui profite de sa position d'entreprise publique pour facturer ses services aux collectivités en dehors de toute compétition équitable avec les opérateurs privés." Et cet élément est cité à trois reprises dans la page du Figaro, une fois dans chaque article, et dans un encadré supplémentaire. Il est vrai qu'il est d'importance : comme l'indique le journal, Météo Consult, qui a porté plainte auprès du tribunal de grande instance de Paris et de l'Autorité de la concurrence (nous l'indiquions dans notre enquête sur le marché de la météo), est une filiale du groupe Le Figaro depuis 2008. Mais l'article ne précise pas, peut-être en raison d'un souci de timing, ce que s'est fait une joie de révéler à l'AFP le PDG de Météo France : Météo Consult vient de se faire débouter, le 7 janvier, de sa demande au TGI...

L'article détaille ensuite les économies prévues : "Météo France compte aujourd'hui 103 centres répartis sur toute la France ainsi qu'en outre-mer. En 2018, l'établissement ne comptera plus que 55 antennes." Voilà qui ne semble pas suffisant aux deux personnes interrogées. Charles de Courson, député de la Marne et rapporteur en charge du secteur des transports à l'Assemblée nationale, estime que "Météo France se doit d'être plus compétitive" et "a beaucoup d'efforts à faire pour se mettre à niveau" ; et la dirigeante de l'Ifrap, think tank se donnant pour mission de "lutter contre la bureaucratie", qui remarque que "Météo France emploie 3614 salariés quand son homologue britannique, le MetOffice, produit le même travail avec 1869 personnes".

Etonnamment, ce louable appel à une meilleure compétitivité de Météo France est contredit par le second article de la page, peu charitablement titré : "Ils se prennent pour les maîtres du temps." Cette fois, non sans avoir rappelé que Météo France a prévu tardivement les chutes de neige du 8 décembre, le journaliste Fabrice Amedeo se fait le relais de ceux qui critiquent la position dominante de l'organisme public sur le marché, qui "semble utiliser son statut et ses missions de service public pour griller la politesse à ses concurrents privés et s'arroger un avantage anticoncurrentiel sur la partie commerciale de ses activités".

Le journaliste fait mine de s'indigner du fait que "dans bien des domaines, le contribuable paye pour ainsi dire deux fois l'information puisqu'une information payée en grande partie par l'État est refacturée aux collectivités". Mais il ne dit pas comment résoudre cette équation impossible : proposer plus de services gratuits et faire plus de place aux concurrents, tout en faisant de sérieuses économies et en touchant moins d'argent de l'Etat.

Et c'est justement cette équation impossible qui était au coeur de notre dernière émission, consacrée au marché de la météo.

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