Le contrôle des medias rend-il optimiste ? (Haski/Rue89)
La rédaction - - 0 commentairesLes Chinois sont-ils optimistes parce que leur information est étroitement contrôlée ? C'est la question posée par Pierre Haski, dans une chronique publiée sur Rue89, alors que le site du Forum économique mondial vient de rendre publique une étude dans laquelle la Chine apparaît comme le pays le plus optimiste au monde.
Pour 41% des Chinois, le monde va de mieux en mieux : c'est la conclusion d'une étude réalisée par YouGov, société internationale d'étude de marché fondée au Royaume-Uni en 2000. 41%, c'est environ deux fois plus qu'en Indonésie, deuxième du classement, et près de 15 fois plus qu'en France (où seulement 3% des personnes interrogées voient l'avenir du bon oeil).
Le classement en question
"Les Chinois sont-ils plus optimistes parce que leur information est étroitement contrôlée, et, a contrario, sommes-nous pessimistes parce que nous subissons trop d’informations négatives ?", s'interroge Haski dans une chronique publiée sur Rue89, dont il est co-fondateur.
En rendant visite récemment aux trois principaux organes d'information officiels chinois, le président Xi Jinping avait mis les choses au clair : "Tous les médias dirigés par le Parti doivent aller dans le sens de la volonté du Parti et de ses propositions, et protéger l’autorité du Parti et son unité." Le China Daily, l'un des organes officiels à Pékin, avait visiblement bien reçu le message, lui qui écrivait dans un éditorial publié le 22 février : "Les médias doivent impérativement rétablir la confiance du peuple dans le Parti, particulièrement au moment où l’économie trouve un nouvel équilibre alors que certains suggèrent qu’elle est en déclin et tire l’économie mondiale vers le bas."
Le prix à payer pour que les Chinois restent optimistes ? C'est la question posée par Haski qui, dans sa chronique, fait le rapprochement entre cette étude et une chronique récente publiée dans le New York Times. Un célèbre journaliste du quotidien y confessait être complètement dépassé par les nouveaux moyens de communication. Tout en essayant de comprendre le phénomène Trump : "Il faut respecter les électeurs américains. Ils changent le lexique de leur colère envers le statu quo. Ils se moquent de la cohérence. Ils s’intéressent à l’énergie. La raison se meurt. La provocation marche. Que vous soyez pour ou contre quelque chose, et peut-être les deux, importe peu par rapport à la place que prend votre position. La politique, aussi, a un nouveau langage, parlé avant tout par celui qui fait la course en tête dans ces primaires républicaines."
"Qu’il s’agisse de la peur chinoise de perdre le contrôle du Parti sur les esprits autrefois acquis, ou du désarroi du columnist américain devant les voies nouvelles que prend l’information dont il était autrefois l’un des architectes, nous avons ici tous les signes d’un monde qui change", conclut le co-fondateur de Rue89.