Le cinéma veut la tête du secrétaire général de la Hadopi

Vincent Coquaz - - 0 commentaires

"La

Hadopi agit à l’encontre de la mission pour laquelle elle a été créée." La charge contre la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet (Hadopi) ne vient cette fois pas d'internautes mécontents ou d'acharnés du partage libre et gratuit... mais des ayants droit du cinéma. Ces derniers ont adressé une lettre à la ministre de la Culture Fleur Pellerin le 22 septembre, dans laquelle ils réclament l'organisation des mesures plus musclées contre le piratage, a révélé Next Inpact.


Signée par quelques noms du cinéma comme le réalisateur Michel Hazanavicius (OSS, The Artist) au nom des associations représentant les ayants droit (ARP, UPF, Bloc etc.), la lettre, que Libération publie en intégralité, dénonce la "politique de communication" de l'autorité. La cible ? Le secrétaire général de la Hadopi, Eric Walter. Les signataires lui reprochent de défendre, "à toute occasion, exclusivement les idées les plus contraires à la défense de la propriété intellectuelle et artistique". En bref, les ayants droits reprochent à Walter d'être trop laxiste, d'estimer que le problème du téléchargement illicite est réglé du côté des internautes et que le travail consiste désormais à construire une offre légale satisfaisante.

"Cette communication biaisée et incessante diffuse dans le public l'idée qu'il n'y a pas lieu de s'opposer au piratage(que le secrétaire général de l’Hadopi appelle désormais «partage», terme positif qui fait même penser qu’il s’agit d’une pratique à promouvoir) et met en accusation non pas les contrefacteurs, mais les ayants droit, présentés comme coupables d’une prétendue insuffisance de l’offre légale" peut-on ainsi lire dans la lettre des ayants droit, qui implore Fleur Pellerin de "sensibiliser" l'autorité "sur la nécessité de mieux maitriser sa communication".

Walter et "les médias hostiles"

Plus étonnant, les associations reprochent également à Walter de ne s'exprimer que "dans les seuls médias hostiles [à la défense de la propriété intellectuelle et artistique], en semblant donc choisir pour seuls interlocuteurs ses adversaires", citant deux éditions de Libération, celles du 8 août et du 4 septembre 2014 (en fait sur Libération.fr). Dans les deux cas, Walter promeut en effet des réflexions sur des offres légales plutôt qu'une approche répressive, allant même jusqu'à estimer que "le piratage est une conséquence de la carence de l’offre légale".

Pire : Eric Walter prenait l'exemple de la musique pour montrer les faiblesses de l'industrie du cinéma : "Depuis que l’offre [de musique] a évolué, le piratage est devenu marginal. Aller piocher des mp3 sur les réseaux peer-to-peer, c’est même devenu un peu has been !". Dans les deux articles, il parle pourtant bien de "piratage" pour qualifier le téléchargement illégal, contrairement à ce qu'avancent les ayants droit (le terme "partage" étant utilisé uniquement à propos d'une étude sur "la pertinence et la faisabilité d’une rémunération proportionnelle du partage").

Libération du 8 août 2014

Libération.fr, le 4 septembre 2014

Quelques jours après l'envoi de cette lettre, c'était au tour du coprésident de Pathé et représentant de l'Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa), Jérôme Seydoux, de s'attaquer à Walter. Le 1er octobre, lors du congrès de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), Seydoux avait estimé "avoir un problème avec le secrétaire général de l'Hadopi", à cause de son "comportement proprement inqualifiable", notamment vis-à-vis des ayants droit.

Contactée par Next Inpact, la Hadopi s'est contentée d'indiquer que les ayants droit avaient refusé un rendez-vous avec la présidente de la Hadopi, Marie Françoise Marais.

Hostile à la défense de la propriété intellectuelle, @si ? En tout cas, nous recevions cet été Eric Walter en compagnie de l'ex-pirate Laurent Chemla (qui a réagi à la lettre des ayants droit par un tweet... ironico-énigmatique), quelques jours après la publication de leur tribune : Internet, les héros sont fatigués.

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