L'Alsace trappe une interview concernant son actionnaire

David Medioni - - Silences & censures - 0 commentaires

Trappée. Trappée l'interview accordée par le sociologue des médias, Jean-Marie Charon, au quotidien

l'Alsace. Elle était pourtant montée et mise en page (@si s'est procuré la maquette) et prévue pour la publication. Il y est question de la situation de la presse quotidienne régionale en général, de la situation de l'Alsace en particulier, mais aussi (et c'est certainement cela qui a déclenché la censure de l'entretien), de l'intérêt des banques pour les quotidiens régionaux. L'investissement des banques dans les quotidiens est selon Charon "un investissement indirect. Les banques de type régional, qui ont une activité liée à des territoires, voient dans la presse régionale un des outils d’animation de la vie économique locale. Le Crédit Mutuel s’est très engagé au travers du groupe EBRA (propriétaire de L'Alsace)".

Ce passage (pourtant ni critique ni révolutionnaire) sur le rôle des banques dans le financement de la PQR a pourtant embarrassé le rédacteur en chef du jour. Ce dernier a décidé de supprimer la publication de l'interview. La CFDT du quotidien s'est émue. "On nous a expliqué que cela pourrait déplaire à l'actionnaire (Le Crédit Mutuel, NDLR)", confie à @si un délégué syndical. Dans un tract intitulé "le devoir d'informer", la CFDT renchérit : "On n’a pas le droit de parler dans nos colonnes des difficultés et des mutations en cours dans la presse régionale, notamment en Alsace !"

Ironie de l'histoire, cette interview de Jean-Marie Charon avait été réalisée dans le cadre d'un colloque à Mulhouse sur le pluralisme de la presse suite à la concentration qui se met en place dans le PQR. Ce débat était couvert par un journaliste de l'Alsace. "Comme quoi certains aiment bien les travaux pratiques en démontrant in vivo les ravages de l'autocensure et le caractère liberticide de la concentration. Vous vous rendez compte pour une petite interview d'un obscure sociologue. Que penser de ce qui advient lorsque le sujet est important", détaille à @si, Jean-Marie Charon.

Sollicitée , la rédaction en chef de l'Alsace n'a pas donné suite.

L'occasion de relire notre enquête sur les pressions excercées par un président de conseil général sur un journal local dans le Jura.

Lire sur arretsurimages.net.