Lagarde, actualité heureuse

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Dans cette époque de rustres et de soudards, il reste heureusement des hommes attentionnés.

 
Et attentifs aux dates importantes de leurs êtres chers. Mon collègue matinophonique de France Inter, Dominique Seux, consacrait sa chronique de ce matin à Christine Lagarde. Au cas où la chose vous aurait échappé, figurez-vous que Christine Lagarde...non, je vous rassure, pas d'initiative particulière sur l'ISF, sur le bouclier fiscal, sur laprime, non non, beaucoup plus important: figurez-vous que Christine Lagarde...est sur le point de battre le record de longévité au ministère des finances. Aussi incroyable que cela paraisse, sauf accident nucléaire majeur, elle "aura battu lundi le record de Pierre Bérégovoy". Cela valait bien caresse matinale, dupliquée, comme chaque jour (à moins que ce ne soit l'inverse) sur le site du quotidien Les Echos, où exerce par ailleurs Dominique Seux.

Si vous êtes en manque d'actualité heureuse depuis le mariage princier, gardez-vous cette chronique pour la savourer à la pause de dix heures. Christine parle bien anglais. Christine ne dit pas de mal de ses collègues. Chrtstine est une fâââme au milieu des hommes en gris. Et surtout, surtout, Christine dure, nous permettant de ne plus être "la risée" de nos sérieux partenaires du géhuit, du gévin, de tous les gémachinbidules (d'aucuns pourront juger cruel de leur avoir volé une occasion de rire, on n'en a pas tellement pas les temps qui courent).

La règle du genre suppose que la caresse se double d'un coup de patte, et que Dominique Seux émette "des réserves". Il faut tout de même, pour être "crédible", compter avec les auditeurs réfractaires au charme de la ministre. Un paragraphe (entier) est donc consacré aux "réserves", dans lequel Seux suggère, mais avec quelle délicatesse, que la principale recette de cette longévité est surtout de ne prendre jamais aucune initiative susceptible de contrarier Sarkozy (à ce propos, je vous conseille la phrase "De lui, elle s'est faite plus entendre qu'écouter", que j'ai relue trois fois sans réussir à visualiser la situation, l'heure matinale sans doute). La réserve la plus forte concerne pourtant l'affaire Tapie, évoquée en dix mots: "attaquée par le PS dans l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais". S'agissant d'une ministre mise en cause par la cour des comptes pour avoir imposé, contre l'avis de hauts fonctionnaires de son ministère, une procédure d'arbitrage qui aura abouti à payer à Tapie les fameux 45 millions du "préjudice moral" (une saisine de la Cour de Justice de la République est en cours) on appréciera l'ellipse. Dans la poursuite de cette belle course, dans le jeu d'évitement de la Cour des comptes, des questions du Parlement, et demain de la CJR, Lagarde peut compter sur l'appui bienveillant de Seux et des siens.

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