La vie inventée de Stéphane Bourgoin

Tony Le Pennec - - Intox & infaux - 57 commentaires

Le "criminologue" médiatique débunké par une chaîne YouTube

Dans une série de vidéos, une chaîne YouTube s'est attelée a débunker les anecdotes et récits autobiographiques de Stéphane Bourgoin, "spécialiste des tueurs en série" multi-invité dans les médias. Bourgoin s'est inventé une rencontre avec Charles Manson, une carrière de footballeur professionnel, et s'est attribué des expériences racontées par d'anciens "profilers" et agents du FBI.

Des pseudo-experts médiatiques au CV gonflé à l’hélium, multipliant les demi-mensonges et anecdotes invérifiables pour se faire mousser, les plateaux de télévision en voient défiler toute l'année. Mais c'est peut-être bien le champion de la discipline qu'a récemment percé à jour la chaîne YouTube "4ème Œil Corporation". Dans une série de dix vidéos (à l'heure actuelle), la chaîne dissèque longuement, précisément et implacablement le curriculum de Stéphane Bourgoin, qui se présente en France depuis des années comme un "spécialiste des tueurs en série". Si, sur la forme, les vidéos ne sont pas d'une grande qualité (avec notamment un logo et des musiques de fond qui rappellent parfois l'esthétique conspirationniste), le travail d'enquête est sérieux.

FootbalLeur professionnel, formé au FBI...

L'histoire personnelle de Stéphane Bourgoin semble incroyable : en 1976, alors qu'il vit aux Etats-Unis, son épouse est violée et découpée en morceaux chez elle par un serial killer. C'est Bourgoin qui découvre le corps en rentrant chez lui. Il se lie aux enquêteurs qui travaillent sur le meurtre, lesquels se rendent compte de l'intérêt de celui qui est alors un jeune homme pour les tueurs en série, et lui permettent d'interviewer nombre d'entre eux dans les prisons américaines. A force d'interviews, et grâce à une formation au sein du FBI, Bourgoin devient un spécialiste mondial des tueurs en série, alors même qu'il n'a aucun diplôme dans ce domaine. 

Mais au fil des années, de passage télé en passage télé, de livre en livre, de conférence en conférence, de post Facebook en post Facebook, le récit de son itinéraire déjà hors-normes s'étoffe. Bourgoin a rencontré Charles Manson (commanditaire du meurtre de Sharon Tate, épouse de Polanski) en prison, par hasard, en se promenant dans les couloirs avec un autre tueur en série. Bourgoin a résolu la plus célèbre affaire criminelle non-résolue des Etats-Unis. Bourgoin a fait avouer un tueur en série sud-africain en lui montrant une photo de sa propre fille. Et même... Bourgoin est un ancien joueur de football professionnel. 

Si, à ce stade, vous commencez à lever un sourcil, suspicieux, sachez que ce n'est pas le cas, par exemple, de C à Vous, qui reçoit régulièrement l'auteur sur son plateau (ici en 2014, ici et ici en 2017, ici en 2018). 

Anecdotes pompées et contradictions 

L'équipe de 4ème Œil Corporation (4OC), de son côté, s'est dit qu'un tel parcours méritait d'être interrogé. "Nous sommes huit derrière la chaîne YouTube, raconte à Arrêt sur images "Valak" (pseudonyme), un des membres de l'équipe. Il y a à peu près un an, on ne se connaissait pas encore, mais nous étions tous sur une page Facebook qui parlait d'affaires criminelles. En commentaire d'une publication sur Stéphane Bourgoin, certains ont commencé à dire « il y a des choses qui ne vont pas dans ce qu'il dit, c'est un mytho ». L'administrateur de la page a alors eu l'idée de créer un sous-groupe pour répertorier toutes les incohérences de Bourgoin." Ce groupe compte vite une trentaine de membres, mais Valak regrette que l'administrateur veuille en faire une page "pour nuire à Bourgoin", en fouillant également du côté de sa vie privée. Les huit membres de 4OC quittent alors ce groupe, et enquêtent de leur côté, pendant des mois. Pour expliquer leur intérêt pour les affaires criminelles, Valak explique simplement que les huit membres de 4OC ont tous connu dans leur vie "des trucs familiaux assez violents", sans en dire plus. 

Reprenant, dans un travail de moine, tous les livres de Bourgoin, toutes ses interventions médiatiques, ses publications sur les réseaux sociaux et ses conférences, 4OC démontre que l'homme n'arrête pas de se contredire. Et que plusieurs de ses anecdotes ressemblent à s'y méprendre à celles racontées dans leurs livres par des enquêteurs américains ou sud-africains. Mais 4ème Oeil Corporation ne s'est pas contenté de lire les œuvres complètes de Bourgoin. La chaîne a aussi contacté des agents du FBI et des proches de tueurs en série américains que le "criminologue" dit avoir côtoyés. Avec quasi systématiquement la même réponse : jamais entendu parler du personnage. 

Qui a fait avouer Stewart Wilken ?

Un bon exemple de la "méthode Bourgoin" est la manière dont il parle de l'affaire Stewart Wilken. Wilken est un tueur en série sud-africain ayant, entre 1990 et 1997, tué au moins neuf personnes, et multiplié les actes de viols, de nécrophilie, de cannibalisme. Dans son Enquête mondiale sur les tueurs en série, sortie en 2003, Bourgoin cite longuement le sergent Derick Norsworthy, qui explique comment il a fait craquer et avouer le criminel en tapissant la salle d'interrogatoire des photos de sa propre fille et de ses dessins. C'est aussi la version que l'on retrouve dans le livre de la profileuse Micki Pistorius, qui a travaillé sur l'enquête. 

Mais 15 ans plus tard, la version de Bourgoin a bien changé. Dans une interview donnée en 2018, il explique que c'est lui-même, et non plus le sergent Norsworthy, qui a interrogé et fait craquer le tueur sud-africain. Reprenant en la modifiant légèrement l'anecdote de Norsworthy, il explique : "J'ai demandé à ce que les enquêteurs me donnent des photos de leurs propres enfants en bas âge et j'ai tapissé tous les murs de la pièce. [...] J'ai senti qu'il commençait à se fissurer d'un point de vue psychologique. Et il finit par m'avouer au bout de quelques heures qu'il a tué sa propre fille et beaucoup d'autres enfants." 

Questionné par Arrêt sur images sur cet étrange changement de version, Bourgoin explique que lui-même et Norsworthy ont tous deux interrogé Stewart Wilken, d'abord séparément, puis ensemble. Il assure aussi que c'est Norsworthy qui a placardé une photo d'enfant dans la salle d'interrogatoire. Pourquoi alors expliquer en 2018 l'avoir fait lui-même ? Tout à coup, Bourgoin se souvient d'un travail urgent à terminer, et met fin à l'entretien. 

Bourgoin et les cadavres volants

Le criminologue n'aime rien tant que provoquer des hauts-le-cœur de ses interlocuteurs en leur livrant des détails particulièrement glauques. Mais évidemment, l'histoire est plus attrayante si celui qui la raconte dit l'avoir lui-même vécue. Là encore, il n'hésite pas à se glisser dans l'histoire des autres. Ainsi, la profileuse de tueurs en série sud-africaine Micki Pistoriusraconte comment les pales d'un hélicoptère de la police positionné juste au-dessus du cadavre qu'elle observait ont projeté sur elle les asticots en plein festin. L'histoire fait froid dans le dos, mais ne pourrait-elle pas être légèrement enjolivée ? C'est ce que tente Stéphane Bourgoin, en 2015, sur NRJ (la vidéo de son passage à la radio cumule plus d'1,3 millions de vues). 

Il raconte ainsi l'histoire du "cimetière privé d'un tueur en série en Afrique du Sud". "Je suis avec la profileuse Micki Pistorius sur la scène de crime, il y a les hélicoptères de la police qui arrivent avec tous les techniciens de scène de crime mais qui se posent trop près des corps, et l'appel d'air des pales a fait voler tous les morceaux des corps en décomposition, les asticots. Et moi, elle et un autre flic, on a été couvert de ça." L'histoire provoque évidemment moult expressions de stupéfaction dans le studio. L'unique corps et l'unique hélicoptère de l'anecdote racontée par Pistorius se sont multipliés, mais surtout, Bourgoin était aux premières loges. 

4ème Œil Corporation a donc interrogé, par mail, Micki Pistorius sur la présence éventuelle de Bourgoin ce jour-là. Réponse : la profileuse a bien rencontré le "criminologue" en Afrique du Sud, plus tard, quand il préparait pour Canal+ un documentaire sur elle. Mais il n'a en revanche "jamais participé à aucune investigation - ça aurait été illégal". "Il a été accompagné sur des scènes de crime, mais longtemps après que les affaires ont été résolues."

Avec Manson, une entrevue dont personne ne se souvient

Une entrevue virile avec Charles Manson, le gourou criminel le plus célèbre de l'époque moderne, a fait aussi son petit effet. 4ème Œil Corporation n'a pas trouvé trace, dans l'ensemble de la production de Bourgoin, de référence à sa rencontre avec Manson avant la mort de celui-ci, en novembre 2017. Bourgoin ne perd pourtant pas une occasion de lister les tueurs en série qu'il aurait rencontrés en prison, en particulier les plus célèbres. Mais dès le lendemain de la mort de Manson, le 20 novembre 2017, il raconte au Parisienet à 20 minutes son entrevue avec le commanditaire du meurtre de Sharon Tate. La rencontre aurait eu lieu "au début des années 1980". "Il s'est installé sur une chaise en s'asseyant sur le dossier, afin de me dominer physiquement. Je me suis donc aussi assis sur le dossier de la chaise. Après quelques minutes, il s'est installé normalement pour me faire face", raconte le "spécialiste français des tueurs en série américains"

Une histoire qui ressemble beaucoup à celle que raconte John Douglas, légende du profilage américain. Dans son livre Mindhunter : dans la tête d’un profileur, sorti en 1995, l'ex agent du FBI raconte que lorsqu'il a rencontré Manson en prison, le criminel s'est assis sur le dossier de sa chaise pour mieux le dominer. 4ème Oeil Corporation est allé jusqu'à contacter Douglas, par mail, qui dit n'avoir jamais entendu parler d'un certain Stéphane Bourgoin. Les administrateurs du site officiel de Charles Manson (tenu notamment par un soutien du criminel, Craig Hammond) disent eux aussi à 4OC n'avoir pas trouvé trace, après recherche, d'une quelconque rencontre entre Manson et Bourgoin. 

Après ses interviews au Parisien et à 20 minutes, personne ne semblant remettre en doute la véracité de sa rencontre avec Manson, Bourgoin continue de raconter l'histoire, en donnant davantage de détails sur les circonstances de sa rencontre. Ainsi, le 29 août 2019, pour son émission Police justice info, CNews invite le "criminologue" pour une spéciale Charles Manson. Stéphane Bourgoin dit avoir rencontré Manson "tout à fait par hasard", en allant rencontrer Ed Kemper, autre serial killer bien connu, dans sa prison. "Dans les couloirs, on se balade avec Ed Kemper, raconte-t-il, et là on croise Charles Manson." Ed Kemper, après avoir salué son co-détenu d'un "hey Charlie !", lui propose de rencontrer Stéphane Bourgoin. Et voilà comment, une heure plus tard, Bourgoin se fait accompagner par un gardien pour rencontrer Charles Manson, et discute seul à seul avec lui. Là encore, personne ne tique sur le plateau en entendant cette description de la prison américaine comme d'un endroit où les pires criminels incarcérés se promènent tranquillement dans les couloirs. Et où les visiteurs peuvent rencontrer Manson seul à seul une heure après en avoir fait la demande. 

ASI a eu le temps d'interroger Stéphane Bourgoin sur Manson avant qu'il ne mette fin à l'entretien. Le "spécialiste des tueurs en série" assure d'abord qu'il avait "sûrement" évoqué sa rencontre avec Manson avant la mort de ce dernier. Mais sans être capable de donner un exemple. Il ajoute qu'il ne parle pas de toutes ses rencontres avec les tueurs en série dans ses livres. Même pas de celle avec Charles Manson, probablement le criminel le plus connu au monde ? "C'était juste une rencontre de 10 à 15 minutes", minimise désormais Bourgoin. Concernant la similarité entre son récit et celui de John Douglas, l'auteur nous dit seulement qu'il "n'y peut rien".

Spécialiste des serial killers et... footballeur professionnel

A l'écouter, la vie de Stéphane Bourgoin n'est pas seulement exceptionnelle par ses contacts avec des dizaines de tueurs en série. Avant cela il aurait connu une carrière de... footballeur professionnel. C'est ce qu'il prétend par exemple dans cette conférence de 2019 : "Je suis un ancien joueur professionnel, j'ai joué 7 ans au Red Star." Petit calcul de la chaîne 4OC : Bourgoin dit vivre aux Etats-Unis avec son épouse quand celle-ci est tuée en 1976. Il dit aussi, dans un post Facebook (sa page a été supprimée après la sortie des premières vidéos de 4ème Œil Corporation, mais la chaîne a gardé de nombreuses captures) avoir été "plusieurs années" le voisin de Stephen King (oui, il prétend également cela), dans le Maine, quand il vivait avec cette épouse. 

Bourgoin étant né en 1953, il aurait donc eu une carrière de footballeur professionnel de 7 ans en France alors qu'il est parti vivre aux Etats-Unis "plusieurs années" avant ses 23 ans. Quelle précocité ! Sauf que le Red Star, contacté par 4OC, dit n'avoir retrouvé aucune trace du passage du jeune prodige dans son club, "même après avoir consulté [leur] historien"

Mais l'une des parties les plus importantes des vidéos de 4OC concerne la genèse de la vocation de Stéphane Bourgoin, qu'il a racontée à de nombreuses reprises (par exemple ici, dans l'émission Le QG, une émission de l'animateur Guillaume Pley diffusée sur YouTube). La passion de Bourgoin pour les tueurs en série viendrait du meurtre de sa compagne, en 1976. Bourgoin ne se fait jamais prier pour raconter comment, cette année-là, il a découvert le corps de sa femme, violée et découpée en morceaux, en rentrant chez lui. Sur cette affaire, la contre-enquête de 4OC est moins catégorique. Mais après de nombreuses recherches, en se basant sur les éléments donnés par Bourgoin au fil des interviews, l'équipe n'a trouvé trace ni de la compagne assassinée, ni de son tueur. 

ÉPOUSE américaine assassinée : GENÈSE d'une vocation

Selon Bourgoin, sa femme aurait été tuée en Californie, en 1976. L'assassin de sa femme, lui, aurait été arrêté en 1978, pour le meurtre de la compagne de Bourgoin, mais aussi d'une "dizaine d'autres personnes", explique-t-il lors d'une rencontre en 2011. On note d'abord qu'il dit vivre avec sa compagne en Californie, alors qu'il affirme dans un post Facebook de 2017 avoir vécu "plusieurs années" dans le Maine avec elle, dans la maison voisine de celle de Stephen King (voir plus haut). Dans un autre post Facebook de 2019, il affirmait aussi qu'il vivait à New-York quand David Berkowitz, un tueur en série américain, y perpétrait ses crimes, qui ont eu lieu dans les années 1970. 

Sa version sur les suites du meurtre diffère aussi selon les époques, remarque 4OC : il prétend à plusieurs reprises qu'entre le meurtre de sa compagne et l'arrestation de son assassin, il est "tenu au courant en permanence" des avancées de l'enquête par "l'inspecteur du Los Angeles Police Department" (par exemple dans cet entretien filmé). Mais il assure aussi dans une autre interview qu'après le meurtre, pendant deux ans, il "n'a pas eu de nouvelles des enquêteurs"

Un point de l'histoire de Bourgoin ne varie pas, en revanche : l'assassin de son épouse américaine a été condamné à la peine de mort, mais se trouve toujours, 40 ans plus tard, dans les couloirs de la mort, bien vivant. 4OC a donc croisé les informations données par Stéphane Bourgoin avec la liste des condamnés à la peine de mort en Californie en attente de l'exécution. Résultat : aucun profil des 737 condamnés à mort de l'Etat américain ne correspond à celui du tueur décrit par Bourgoin. Si les enquêteurs de 4OC ne tirent pas de conclusion définitive à ce sujet, c'est parce qu'ils gardent ouverte la possibilité que Bourgoin ait volontairement donné des informations inexactes pour maintenir sa femme décédée et la famille de celle-ci dans l'anonymat. Ils ne cachent pas pour autant leur profond scepticisme face à l'histoire racontée par Bourgoin, et assurent à ASI poursuivre leur enquête sur ce point. Arrêt sur images aurait aimé recueillir la version de l'intéressé sur ce point, mais celui-ci a mis fin à l'entretien avant d'en venir à ce sujet. Il n'a par la suite plus répondu à nos appels, ni à notre SMS. 

Le "criminologue" préféré des médias

La liste des mensonges de Stéphane Bourgoin mis à mal par les vidéos de 4ème Œil Corporation est encore longue. Celui-ci expliquait par exemple être en possession des restes du corps de Gérard Schaefer, un tueur en série américain assassiné en prison en 1995, et des pièces à conviction de son procès. La famille de Schaefer et le greffe de la Cour de Sainte-Lucie, en Floride, expliquent à 4OC que c'est faux. Bourgoin dit aussi avoir été formé au FBI, en remerciement des dizaines d'heures de vidéo d'entretien avec des serial killers qu'il leur a fournies. Par mail, John Douglas, figure incontournable du FBI dans le domaine des enquêtes sur les tueurs en série depuis les années 1970, affirme à la chaîne que c'est faux. 

Que reste-t-il alors de vrai dans ce que Stéphane Bourgoin raconte ? "Ce qui est sûr, c'est qu'il a rencontré neuf tueurs en série", affirme Valak à ASI. Ceux pour lesquels une preuve audio ou vidéo existe (c'est par exemple le cas de l'entretien que Stéphane Bourgoin a mené en 1991 avec Ed Kemper). On est loin des 77 qu'il répète avoir rencontrés. 

Comment l'homme a t-il pu bénéficier d'une telle carrière médiatique ? Depuis des années, il est un invité privilégié pour nombre de médias dès qu'une actualité se rapporte aux tueurs en série. En 2019, il est invité par le Huffpost à analyser Mindhunter, une série à succès sur les tueurs en série. Un exercice auquel il se prête aussi pour TeleZ et le magazine Melty. Lorsque le tueur Michel Fourniret reconnaît le meurtre d'Estelle Mouzin, début mars, BFMTV invite le "spécialiste" en plateau, et Franceinfo l'interviewe. Quelques mois plus tôt, quand la femme de Michel Fourniret avait elle-même fait des déclarations au sujet d'Estelle Mouzin, c'est déjà à Bourgoin qu'avait pensé Jean-Jacques Bourdin pour l'interviewer sur RMC. BFM l'a aussi reçu à cette occasion, tout comme CNews. En 2017, Les Inrocks ont interviewé Bourgoin sur l'ensemble de son œuvre. On l'a vu, C à Vous, sur France 5, a aussi reçu de nombreuses fois le "criminologue". Plus récemment, l'émission de France 2 Ça commence aujourd'hui le recevait pour une émission intitulée "Ces hommes qui entrent dans la tête des tueurs", le 28 mars 2019. 

Un auteur édité chez Grasset

 Compte tenu des contraintes que les chaînes d'information en continu s'imposent à elles-mêmes - dénicher en urgence des "experts" à interviewer -, difficile de scruter à la loupe le pedigree des experts en question. Mais que dire de ces maisons d'édition qui travaillent avec l'auteur depuis des années, et continuent de publier ses livres ? Chez Ring, qui a publié sept des ouvrages de Bourgoin, on assure seulement ne plus travailler avec l'auteur depuis plusieurs années, sans souhaiter faire de commentaire sur les révélations de 4OC. Les éditions Grasset, qui ont publié huit ouvrages de Bourgoin, n'ont pas répondu à la demande d'interview d'Arrêt sur images. Dommage : Stéphane Bourgoin nous a affirmé terminer en ce moment un livre pour la prestigieuse maison d'édition. 

Dans la communauté des fans de Stéphane Bourgoin, en tout cas, les vidéos de 4OC ont fait du bruit. Valak explique qu'après la publication de la première vidéo de la série, en janvier, les commentaires ont commencé à fleurir sur la page Facebook du "spécialiste des tueurs en série", qui comptait alors 53 000 membres, pour lui demander de s'expliquer. "Les commentaires étaient systématiquement supprimés", raconte Valak. Puis, les commentaires se multipliant, Stéphane Bourgoin a fini par tout bonnement fermer sa page. Non sans poster un dernier message, dans lequel il s'estime victime de cyber-harcèlement, et de pratiques "qui rappellent une sombre période de l'histoire de France où les délateurs adressaient des lettres anonymes pour dénoncer leurs voisins auprès du régime de Pétain". A Arrêt sur images, il assure d'ailleurs qu'il compte déposer plainte pour diffamation, et même pour menaces de mort, du fait de certains commentaires sous les vidéos de 4ème Œil Corporation. S'il dit vrai, ce serait enfin l'occasion pour lui d'apporter des éléments prouvant que la chaîne YouTube fait erreur.

MAJ 22 avril 2020 : Stéphane Bourgoin, assisté d'une société de juristes spécialisée dans le numérique, est parvenu à faire supprimer la plupart des vidéos de la chaîne 4OC pour des questions de droits d'auteurs, comme on vous le raconte dans un nouvel article

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