La rue grecque contre Merkel

Gilles Klein - - 0 commentaires

Visite sous pression pour Angela Merkel ce mardi à Athènes, notent les journaux allemands et grecs. Circulation interdite dans certaines zones, même pour les piétons, et 7 000 policiers rassemblés pour faire face aux manifestations prévues contre la chancelière allemande.

Dans une interview au quotidien économique allemand Handelsblatt, le Premier ministre conservateur grec Antonis Samaras prévenait vendredi dernier que dans son pays la "cohésion de la société" était"mise en danger par la montée du chômage comme c'était le cas de l’Allemagne à la fin de la République de Weimar" (avant l'arrivée au pouvoir de Hitler).


Il assurait aussi que "la société «toute entière» est menacée par l'extrême gauche populiste", et, "ce qui ne s'est jamais produit dans notre pays, par la montée d'un parti d'extrême droite fachiste et néo-nazi".

Après les manifestations d'hier (8 000 personnes dans la rue), une partie du centre d'Athènes sera interdit à la circulation (certaines rues seront même interdite aux piétons), et plusieurs stations de métro seront fermées. Le tout sera protégé par 7 000 policiers, note le site du quotidien grec Ta Nea, carte à l'appui. Le journal souligne que la plupart des sites web officiels des ministères grecs ont été bloqués par le groupe Anonymous cette nuit.

"La visite de Merkel est cruciale", titre le quotidien Kathimerini. "La rencontre entre le Premier ministre et Angela Merkel est cruciale pour tous les paramètres du problème grec", indique le journal, pour qui cette visite est un message de soutien au gouvernement grec actuel.

L'étalement du remboursement de la dette sera au centre des discrètes négociations qui vont se dérouler à cette occasion, à la veille du sommet européen prévu à Bruxelles les 18 et 19 octobre. La Grèce a un besoin vital que la prochaine tranche de l'aide européenne soit bien versée en novembre.

Les Grecs craignent que la décision sur le versement de cette aide ne soit pas prise lors du sommet, et soit retardée jusqu'en novembre. Le ministre des Finances hollandais considère par exemple que la Grèce doit résoudre elle-même ses problèmes. Or, les caisses grecques seront vides fin novembre selon Samaras.

"Dix jours avant le sommet européen, la rencontre Merkel-Samaras a une signification politique profonde, il s'agit de mettre fin aux spéculations sur une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro", écrit Naftemporiki qui détaille cette courte après-midi de visite : arrivée à 13h30 à l'aéroport d'Athènes, réunion officielle à 14h15 avec le Premier ministre, rencontre avec le président de la République à 16h45, puis rencontre entre chefs d'entreprise des deux pays à la chambre de commerce gréco-allemande.

"Je suis impressionné par les résultats et la volonté du gouvernement grec et des partis qui le soutiennent" : photo à l'appui, le quotidien cite Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et chef de file de l'Eurogroupe, face au ministre grec des Finances, Yannis Stournaras.

En Allemagne, la visite est aussi largement couverte. Le quotidien centriste Der Tagesspiegel souligne sur quatre colonnes que "l'opposition de gauche et les syndicats annoncent des manifestations massives contre la chancelière, qu'ils accusent d'être la principale responsable de la politique de rigueur mise en place par l'Union Européenne."

A rebours de ses confrères grecs, le quotidien ajoute que le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a précisé que la visite de Merkel ne devait pas être interprétée comme un préliminaire à une aide supplémentaire de l'Europe à la Grèce. Der Tagesspiegel note que "l'opposition allemande considère que le déplacement de Merkel en Grèce est positif mais que cette visite arrive tardivement".

La patronne des Verts, Claudia Roth, souhaite que l'Allemagne soit solidaire de la Grèce, tandis que le secrétaire général du SPD estime que Merkel donne l'impression qu'expulser la Grèce de l'Europe résoudra le problème.

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