"La rafle" : Le Monde aime le producteur, mais déteste le film
Sébastien Rochat - - 0 commentairesComment faire un portrait élogieux d'un producteur qui sort un "film médiocre" ? C'était le dilemme du journal Le Monde daté du mercredi 10 mars. En page 17, on pouvait lire un long portrait d'Ilan Goldman, producteur de La Rafle, dans lequel on comprenait que le film était le projet de toute une vie. De quoi éveiller la curiosité du lecteur. Sauf que deux pages plus loin, la critique du Monde est assassine.
Producteur du film La Rafle, réalisé par sa femme Roselyne Bosch, Ilan Goldman était prédestiné pour faire ce film : "A 12 ans, Ilan Goldman ne lit que Primo Levi, les récits des rescapés des camps. " J'ai grandi avec la Shoah. Mon père m'en a parlé trop tôt. J'aurais aimé avoir quelques années d'insouciance, accorder du sens au rien. J'ai été hanté par ce drame, j'ai voulu tout faire pour que ça n'arrive plus, ne pas mener une vie inutile. " Ilan Goldman revendique la portée contemporaine du film : "Roselyne est fille d'anarchistes catalans et concernant le rôle de la police, le film intègre le devoir de désobéissance quand l'ordre donné n'est pas juste." |
A lire le portrait, on serait donc plutôt tenté d'aller voir le film. Pourtant, dans le même numéro du Monde, deux pages plus loin, le film est qualifié de "médiocre" :
| "L'exactitude historique n'assure pas la justesse (...) contrairement à ce que martèle la campagne en cours, La Rafle ne nous apprend rien de fondamental sur l'événement (...) Le film est médiocre sur le plan esthétique. La principale raison tient à son ambition spectaculaire, à l'impression qu'il veut donner "d'y être". Le pathos et le manque de recul ne sont pas seuls en cause. Beaucoup de choses y sonnent aussi désespérément faux. Tel accent yiddish est sans conteste un accent, mais pas yiddish. Hitler est certes reconnaissable, mais l'acteur grimé qui l'interprète est peu crédible. Tout le monde reconnaît l'humoriste Gad Elmaleh sous sa défroque de petit artisan juif trotskyste, et s'intéresse malheureusement davantage à sa composition qu'au personnage qu'il incarne. Ce ne sont que quelques exemples".
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