La presse allemande contre la transparence de la BCE
La rédaction - - 0 commentairesLa presse allemande s'insurge contre le projet de Mario Draghi - président de la BCE - de rendre publiques les minutes du conseil des gouverneurs de la BCE. Sa crainte : que la position allemande sur la politique monétaire soit minoritaire, et que cela se voie.
Haro contre la publication des actes de la BCE (Banque Centrale Européenne). La presse allemande est vent debout contre le projet de Mario Draghi, le président de la BCE, de rendre publiques les minutes du conseil des gouverneurs. Draghi avait fait cette annonce dans une interview à la Süddeutsche Zeitung. Les Echos le racontaient ici. Pour Draghi cette publication était "une étape importante". Etonnament la presse semble être plus opposée à ce projet que le gouvernement. C'est du moins ce que rapporte La Tribune.fr aujourd'hui. En effet, le président de la Bundesbank a déclaré se réjouir de cette initiative tandis que par exemple, Die Welt, quotidien du groupe Springer explique dans un long article qu'il s'agit d'une "fort mauvaise idées qui rendrait les marchés encore plus nerveux", détaille La Tribune.fr. Pourquoi ? Car ces derniers seraient toujours selon Die Welt, plus sensibles aux moindres mots des différents gouverneurs. Par ailleurs, La Tribune.fr relève que même le quotidien centriste Die Zeit considérait cette nouvelle comme une "dangereuse idée". |
Reste à savoir pourquoi la presse allemande s'oppose ainsi à l'idée. La Tribune.fr avance une hypothèse : "cette décision de transparence est perçue outre-Rhin comme un piège pour isoler la Bundesbank". De fait, la Bundesbank est déjà isolée au sein de la BCE, mais la publication des minutes pourrait rendre l'isolement plus flagrant et conduire, peut-être, à un infléchissement de la politique monétaire européenne.
La Tribune.fr avance une autre hypothèse, moins politique, pour expliquer le courroux des journaux outre-Rhin. "Il y a une forme de nostalgie de la part des éditorialistes allemands. Le principal problème est désormais qu’ils ne reconnaissent plus la BCE comme l’héritière de la Bundesbank qui ne publiait pas non plus ses minutes afin de protéger son indépendance. En rendant publics les débats des gouverneurs, ces derniers doivent en effet mesurer la portée de leurs propos face à leur opinion publique et leur classe politique nationales. Leur indépendance ne serait plus assurée", écrivent ainsi nos confrères.
Enfin, troisième clé d'explication, le fait que cette volonté de Draghi soit une façon de "libérer" un peu la BCE du joug allemand et de la faire évoluer vers un modèle différent, moins calqué sur celui de la Bundesbank.
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