La NSA craint que Snowden ait infesté les ordinateurs (CBS)
Gilles Klein - - 0 commentairesUn journaliste très proche des services secrets pour interviewer le patron de la National Security Agency. John Miller, qui animait l'émission consacrée à l'affaire Edward Snowden par 60 Minutes sur CBS avait choisi son camp, et n'a jamais contredit son invité. Les commentaires sont cruels pour cette émission qui n'a cessé de servir la soupe à la NSA. Mais le lendemain, une décision d'un juge fédéral s'interrogeait sur la légalité des pratiques de la NSA cassant l'impact de cette opération de relations publiques.
Porte-micro de la NSA. Dès le début de l'émission de CBS, diffusée le 15 décembre, le journaliste John Miller se félicite d'avoir eu un accès total au quartier général de la NSA, et d'avoir pu parler à qui il voulait. Mais il a tout de même l'honneté de préciser "J'ai travaillé au bureau du directeur de la National Intelligence, où j'étais très bien placé pour voir comment la NSA opère sécrètement". Miller a en effet été porte-parole du FBI, puis "Associate Deputy Director of National Intelligence for Analytic Transformation and Technology". Interrogé donc par Miller le patron de la NSA commence par démentir tout espionnage des citoyens américains par son agence. "Le fait est que nous ne collectons pas les e-mails de tout le monde, nous n'écoutons pas les téléphones de tout le monde. Notre travail c'est le renseignement à l'étranger et nous sommes très efficace dans ce domaine" dit le général Alexander qui dirige la NSA. |
Miller demande ensuite si la NSA pouvait obtenir ce genre d'information avant le 11 Septembre 2001, alors que deux des pirates de l'air étaient en contact avec Al-Quaeda au Yemen : "Nous n'avions aucun moyen de savoir qu'ils étaient en Californie à ce moment là", assure Alexander. |
Cet entretien a évidemment suscité de nombreuses réactions. Après l'émission, le magazine The Nation estime que le "triste déclin de 60 Minutes continue avec cette opération de blanchiment de la NSA" en qualifiant le journaliste Miller de chargé de la "propagande". The Nation fait allusion à un précédent numéro consacré à l'assassinat de l'ambassadeur américain en Libye, entièrement basé sur le témoignage d'un chargé de la sécurité qui n'avait rien vu de ce qu'il a longuement raconté. |
Mais c'est le New York Post qui sort le scoop, regrettant que Miller n'ait pas précisé qu'il était en négociation pour quitter CBS pour un poste au sein de l'état-major de la police de New York. Il avait donc intérêt à ne pas froisser la susceptibilité des forces de l'ordre en général. Il couvre régulièrement pour CBS les problèmes de sécurité et les activités criminelles.
Le New York Times salue avec ironie le travail de Miller qui ose demander à un spécaliste du cryptage combien de temps il lui faut pour résoudre l'énigme posée par un Rubik's Cub. Le pro répond 1 minute, et Miller implacable souligne qu'il lui a fallu en fait 1 mn 35 s. D'autres journalistes considèrent simplement l'émission comme un "infomercial", une publicité commerciale qui ressemble à de l'information. Miller n'en est pas à son premier fait d'armes. Il s'était en effet fait remarquer en 1998 en faisant pour ABC une interview de Ben Laden. |
Le lendemain Un juge considère que la NSA est dans l'illégalité
L'impact de cette opération de relations publiques menée par la NSA via ce programme diffusé dimanche n'a pas duré, puisqu'on a appris lundi qu'un juge fédéral (nommé par George W. Bush) a décidé que le programme de surveillance de la NSA qui comprend la collecte de métadonnées téléphoniques aux USA était contraire à la Constitution, et plus particulièrement à son Quatrième Amendement.
"Un juge s'interroge sur la légalité de la surveillance téléphonique de la NSA" titre le New York Times hier mardi 17 décembre.
Le juge estime que la NSA s'appuie abusivement sur le jugement Smith contre Maryland (1979) auquel elle se réfère pour se passer de l'accord préalable de la justice avant toute surveillance téléphonique. Il ajoute dans son délibéré que rien ne prouve, de plus, que ce genre de surveillance à l'intérieur des USA fasse partie de la mission assignée à la NSA. La décision du juge a fait la Une des quotidiens, hier mercredi, remettant la NSA dans la ligne de mire de l'opinion américaine, de la Maison Blanche et des élus qui veulent qu'elle soit mieux contrôlée. |