La France a aidé Kadhafi à espionner son pays (Canard/Monde)

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La Libye a été largement aidée par la France pour surveiller Internet, affirment Le Canard enchaîné et Le Monde aujourd'hui. En plus d'un soutien technique indirect via la société Amesys, filiale de Bull (en partie publique), qui commercialise un logiciel de contrôle des échanges électroniques, l'Etat aurait aussi envoyé des militaires en Libye pour former les services spéciaux, le tout sur demande de l'Elysée. Le Quai d'Orsay dément.

Oui, la France a bien aidé les services secrets de Kadhafi à surveiller les dissidents sur le net. C'est ce qu'affirme Le Canard, qui écrit que, "de juillet 2008 à février 2011", "des officiers de la Direction du renseignement militaire et des services techniques de la DGSE ont ainsi supervisé la mise au point des équipements d'espionnage électronique vendus au colonel libyen par plusieurs industriels français et autres."

La semaine dernière, @si évoquait déjà le témoignage d'un militaire français "formateur" sur le site du Figaro... qui a bien pris soin de ne pas reproduire ce scoop dans son édition papier. L'hebdo satirique va plus loin: il assure que les militaires se sont exécutés "à la demande de Sarko", mais sans donner d'éléments précis.

Dans son édition du jour, Le Mondeétaie également ces éléments en insistant sur les rapprochements diplomatiques entre la France et la Libye depuis 2003, date à laquelle Kadhafi accepta l'arrêt de ses programmes d'armement. Le journal précise que, de 2006 à 2011, des agents français se sont régulièrement rendus à Tripoli pour procéder à des "échanges d'information de type analytique" sur Al Qaida. Ces "échanges" se portent sur le terrain en 2005 , quand la DST fait appel à la compagnie privée Geos pour la "formation d'unités spécialisées", avant de la prendre finalement en charge elle-même quelques mois plus tard.

Le Quai d'Orsay, s'il reconnaît la vente du logiciel d'Amesys à la Libye, dément au Monde toute implication de l'Etat. Son porte-parole assure que "le logiciel Eagle ne fait pas l'objet d'un contrôle à l'exportation" et que "l'Etat n'a pas de visibilité sur son exportation". Il contredit ainsi Amesys, qui affirme avoir obtenu une autorisation officielle. La DGSE se défend quant à elle en rappelant que la coopération se déroulait dans le cadre de la lutte antiterroriste. Des sources proches des renseignements français évoquent même des contacts "décevants car les Libyens ont fait preuve d'un faible engouement dans la lutte antiterroriste".

(par Julien Lagache)

La France impliquée dans la surveillance libyenne ? Le scoop vient à la fois d'Owni et du Wall Street Journal.

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