Kerviel : Aphatie contre Le Parisien

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Jean-Michel Aphatie, chroniqueur et intervieweur de RTL et du Grand journal de Canal+, déplore sur son blog la décision de Aujourd'hui-Le Parisien de publier les propos de Kerviel sans l'accord de celui-ci.

"L'expression publique est toujours complexe. Elle vous engage, sculpte et fixe pour les acteurs d'un dossier comme pour le grand public, une image, une vérité. Il faut donc réfléchir au propos, c'est à dire au contenu, au moment, et aussi au média dans lequel vous souhaitez vous exprimer.

Voilà plusieurs mois que Jérôme Kerviel, assisté de ses avocats, malaxe ces questions. Visiblement, il ne souhaitait pas s'exprimer publiquement avant la fin de l'instruction judiciaire. Or, il a encore un rendez-vous, aujourd'hui, avec son juge, Renaud Van Ruymbecke. Certains assuraient qu'il s'agit là d'une dernière rencontre avant bouclage, mais en fait, personne n'est sûr de rien."

C'est dans cet environnement que Le Parisien sort son scoop. (...) En clair, quand il a rencontré de manière informelle les journalistes du Parisien, il parlait plus librement peut-être, ou tout simplement différemment, qu'il ne l'aurait fait en situation d'interview. De plus, Jérôme Kerviel n'est pas maître du moment où ces propos sont publiés. Son strict intérêt de justiciable est ici bafoué puisque certaines de ses affirmations risquent d'irriter le juge Van Ruymbecke à quelques heures de leur rencontre.

Voilà bien deux conceptions du journalisme qui s'affrontent. Les journalistes du Parisien agissent à la manière de ceux de l'émission de télévision Les Infiltrés. (...) En clair, ici comme là bas, la fin justifie le moyen. Puisque «l'univers» de la finance est réputé ou décrété «hermétique», le témoignage de Jérôme Kerviel peut être publié à son insu au nom de la nécessaire information du citoyen.

D'où la question: est-il professionnel, c'est à dire journalistique, de rendre publics des propos qui n'avaient pas vocation à l'être? La nécessaire information du public doit-elle s'affranchir du respect de cette confiance, et notamment de cet engagement implicite de confidentialité, tant que n'est pas clairement établi le statut public de la conversation entre le journaliste et son interlocuteur?"

Pour Aphatie, la réponse est non.

Et pour reprendre l'histoire du début, c'est par là.

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