Journalistes / RG : PV contre infos ? Un policier raconte, Kahn dément

Sébastien Rochat - - 0 commentaires

C'était "une pêche miraculeuse".

Dans le livre Connivences au service de l'Etat (éditions du Moment), Alain Prissette, ancien commandant à la section presse des Renseignements généraux, raconte comment les RG s'arrangeaient avec des journalistes pour récupérer des infos en avant première.

"Sur la vingtaine d’agents de la section presse, une demi-douzaine faisait du terrain et avait des contacts dans les imprimeries de la banlieue parisienne et dans les rédactions", explique Prissette à 20 minutes. Objectif ? Récupérer les exemplaires avant parution, afin notamment que"le politique puisse anticiper les polémiques".

"C’était un échange tacite de bons procédés avec un journaliste, un rédacteur en chef technique, poursuit Prissette. Les articles avant parution contre la fourniture d’un passeport en urgence, une carte de séjour pour la femme de ménage…" Autres avantages ? Les RG pouvaient faire sauter les PV des journalistes. Selon l'ancien commandant des RG, l'échange de bons procédés était particulièrement efficace avec l'hebdomadaire L'Evénement du jeudi, dirigé par Jean-François Kahn et Albert du Roy. "Se montrant particulièrement coopératifs pour nous aider dans notre quête de l’information, [ils] nous faisaient parvenir chaque semaine les morasses du journal, ces pages tirées pour la relecture définitive des articles, avant même qu’elles ne soient envoyées à l’imprimerie, raconte Prissette. L’échange demeurait assez basique et pour tout dire bon enfant : nous recevions, dans la foulée, les liasses de PV pour mauvais stationnement amassées par Albert du Roy dans la semaine précédant la parution… Charge à nous de les faire sauter…"

Contacté par @si, Jean-François Kahn dément ce récit : "Franchement, je ne suis pas au courant, je n'ai pas de voiture. Mais à mon avis, il y a une confusion totale avec la préfecture de police. C'était la préfecture de police de Paris qui faisait sauter les PV. Ça en effet, c'était courant. Tous les patrons de presse connaissaient le chargé de communication de la préfecture de Police et se faisaient sauter les PV. Moi, ça me choquait profondément". 

Et avec les RG, il n'y avait pas d'échanges de bons procédés ? "A L'Evénement du jeudi, on avait repéré celui qui était chargé de nous suivre. Il venait, entrait dans la rédac et discutait avec les journalistes. On lui donnait des infos, et on pouvait lui soutirer des infos". Et Kahn de raconter : "Ce type avait quelque chose de particulier : il adorait L'Evénement du jeudi. Il nous prévenait à l'avance quand un journal allait écrire un article sur nous. Et pour l'anecdote, quand on a appris qu'on pouvait consulter son dossier auprès des RG, j'ai fait une demande. J'ai pu consulter mon dossier et j'ai vu qu'il y avait des rapports sur moi, sur L'Evénement du jeudi, sur mes livres avec des commentaires absolument dithyrambiques".

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