Journalistes et autoentrepreneurs (étude)
David Medioni - - 0 commentairesLes journalistes ne sont plus des privilégiés. C'est ce qui ressort d'une étude qui recense et synthétise les réponse de 3400 journalistes. Conclusions : précarisation croissante, notamment des pigistes, mais aussi plus globalement inquiétude quant au devenir du métier.
Privilégiés les journalistes ? Pas vraiment à en croire une étude récente publiée par la SCAM (Société civile des auteurs multimédias), lancée auprès de 20 000 journalistes (plus de 3400 ont répondu). Le fait saillant de ce document est la détérioration importante des condition d'excercice du métier de journaliste. Détérioration, mais aussi évidemment précarisation avec une hausse du nombre de pigistes et une explosion du statut d'autoentrepreneur qui démontre une volonté des employeurs de ne plus salarier les journalistes. |
"62% des répondants ont déclaré être salariés permanents, 28% salariés pigistes, 6% auto-entrepreneurs, 6% travailleurs indépendants, 6% auteurs et 3% intermittents. 12% d’entre eux ont ainsi déclaré plusieurs situations sociales et fiscales. Ainsi un pigiste sur cinq est aussi travailleur indépendant ou auto-entrepreneur et un pigiste sur huit est également auteur", peut-on ainsi lire dans le rapport, qui poursuit : "Au-delà de la multiplicité des activités (édition, communication) qui peuvent justifier d’autres types de rémunérations, il transparaît une réelle difficulté à se faire rémunérer en pige salariée pour une activité journalistique. De nombreux journalistes rapportent ainsi une tendance grandissante à payer en droits d’auteur (notamment dans la presse écrite) ou à encourager les statuts auto-entrepreneurs (web) ou encore à employer des journalistes avec des contrats d’intermittents (TV) : OPV (opérateurs vidéo) plutôt que JRI (journalistes reporters d’image) par exemple."
Autre constat, le nombre de journalistes encartés a baissé en 2010, 2011 et 2012. Signe qu'il devient de plus en plus difficile pour les pigistes d'obtenir une carte de presse faute de revenus suffisants. Des verbatims des réponses des journalistes ayant répondu au questionnaire sont à ce titre édifiants."Le faible tarif au feuillet dans la plupart des titres de la presse nationale (80 € la page pour Les Inrocks, 60 € le feuillet à Marianne…). Impossible de bosser pour ces titres si on a un loyer à payer" racontent les uns. D’autres dénoncent "la réduction des formats des sujets : toujours autant d’enquête, mais pour écrire des papiers de moins en moins rémunérateurs, ou encore l’absence de prise en charge des frais".
La faiblesse des ressources financières des journalistes est l'un des autres enseignements de l'étude. 30% des journalistes gagnent moins de 20 000 euros nets par an, et 46 % d'entre eux entre 20 000 et 40 000 euros. Résultat, note la SCAM, "près d'un tiers des journalistes est contraint d'avoir recours à une activité extra-journalistique".
Plus globalement, ressort une grande désillusion sur un métier autrefois aimé. "D’une manière générale, l’évolution du métier est jugée de façon très négative, avec un secteur en grande fragilité, des pratiques qui se détériorent, une perte de sens et une profession discréditée",conclue la SCAM.