Journaliste du Sun et syndicat contre Murdoch

Gilles Klein - - 0 commentaires

Après l'arrestation de cinq journalistes du tabloid The Sun samedi, le syndicat des journalistes britanniques accuse le propriétaire du journal, News International (groupe de presse Murdoch) d'entretenir une atmosphère de chasse aux sorcières en livrant ses confrères à la police, sans même les informer préalablement. Les journalistes du Sun, eux, accusent la police d'un déploiement de force brutal et disproportionné. Ils sont soutenus par une partie de leurs confrères.

"La trahison de son équipe et de ses sources par News International représente une sérieuse menace pour la liberté de la presse", s'alarme le communiqué du syndicat national des journalistes britanniques. "Ce qui se passe est perçu comme une véritable chasse aux sorcières. Les journalistes du titre sont choqués par ce qu'ils considèrent comme une trahison monumentale de News International. Il apparaît que les journalistes sont souvent harcelés par leur direction pour obtenir des informations, à n'importe quel prix. Maintenant, ils constatent qu'ils sont dénoncés par ceux qui leur donnaient les ordres. La réputation de ces journalistes - rappellons qu'ils ne font l'objet d'aucune inculpation - est inévitablement abimée", explique Michelle Stanistreet, la secrétaire générale du syndicat.

Elle ajoute que son syndicat "considère que les journaux doivent collaborer avec la police quand il y a des preuves d'activités illégales", mais que "lui transmettre des informations sans consulter les journalistes concernés est inacceptable".

"Murdoch mis en cause dans la polémique sur les arrestations au Sun", titre le Guardian : "Des responsables de News Corporation accusés de se vanter d'avoir fourni des preuves à la police."

"Trevor Kavanagh, le rédacteur en chef adjoint du Sun (...), pendant des années un proche confident de Rupert Murdoch, a déclaré à Radio 4 que «la façon dont certains des meilleurs journalistes de Fleet Street ont fini par être arrêtés sur des preuves que le Management and Standards Committee (MSC),a remis à la police provoque un malaise.»" Les journalistes interpellés se plaignent d'avoir été traités comme des gangsters.



"La police a utilisé «les méthodes de la Stasi» pour arrêter les responsables du Sun", titre le quotidien populaire de droite Daily Mail, qui vend plus de 2 millions d'exemplaires par jour.

L'article évoque les violentes critiques portées contre Scotland Yard, au point que ce service réputé a publié un communiqué expliquant que la police "ne considère pas que le niveau des effectifs affectés à ces enquêtes ne soit disproportionné".

Le Daily Mail cite Kavanagh : "Au lieu d'être convoqués pour un interrogatoire, les journalistes ont été tirés de leur lit au petit main, arrêtés et détenus en cellule pendant que leur maison était saccagée. Leurs femmes et leurs enfants ont été humiliés puisqu'il y a eu jusqu'à 20 policiers en même temps au même endroit, qui ont fouillé l'intégralité des meubles, jusqu'aux objets les plus intimes."


Le Parti des Verts parle de "méthodes dignes de la Stasi", en référence à la célèbre police politique qui sévissait en Allemagne de l'Est à l'époque soviétique.

"Un pilier du Sun conduit la mutinerie contre Murdoch", titre The Independent, avec une photo de Kavanah.

Mais le deuxième article de la page analyse la situation et répond au journaliste en colère, sous le titre : "Personne n'est au dessus des lois, y compris les journalistes du Sun."

Le texte conclut clairement : "S'assurer que les journalistes respectent la loi n'a rien à voir avec une menace contre la liberté de la presse."

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