JO / sexisme : le directeur d'un journal italien viré
La rédaction - - Déontologie - (In)visibilités - 0 commentaires"Trio de boulottes."
Le groupe italien "Os Quotidiano Sportivo" a mal digéré l’élimination aux portes de la finale de l’équipe italienne féminine de tir à l’arc lors des Jeux Olympiques de Rio. Au point de titrer sur "le trio de boulottes" ("cicciotelle" en italien, qu’on peut aussi traduire par "joufflues" ou "grassouillettes") qui a "frôlé le miracle olympique", pour qualifier la défaite de Guendalina Sartori, Claudia Mandia et Lucilla Boari. Un titre repris dans les trois journaux pour lesquels Os Quotidiano Sportivo gère les pages sports : Il Resto del Carlino, La Nazione et Il Giorno, rapporte Vosges Matin, dans un article repris sur les sites du groupe EBRA.
"L'article a provoqué une colère générale sur les réseaux sociaux et une réponse unanime dans la presse italienne. Une journaliste du Huffington Post Italia s'est écriée dans un édito : «Désormais, nous sommes toutes des boulottes.»", rapporte le Vosges matin. A tel point que mardi 9 août, le directeur du groupe, Giuseppe Tassi, a été licencié. Une polémique fustigée par le quotidien italien de droite Libero, cité par Courrier International : "Cette polémique furibonde montre que la tendance au politiquement correct est hors de contrôle. La Toile ne s’était pas déchaînée, il y a quatre ans, quand les trois archers italiens, remportant l’or aux JO de Londres, ont été appelés par la presse les «Robin des bois bedonnants»” (oubliant au passage de préciser que les articles en question vantaient le physique de ces "surhommes normaux").
La différence de traitement entre athlètes est pourtant bien réelle : selon une étude publiée le 5 août 2016 par l’université de Cambridge, les hommes sont le plus souvent qualifiés par les commentateurs sportifs américains de "forts", "rapides" et "grands" alors que les femmes sont, elles, plus volontiers décrites comme "âgées", "enceintes" et "célibataires".
Autre biais des médias concernant les sportives : derrière chaque grande athlète, se cacherait un homme. Plusieurs médias américains ont ainsi été épinglés pour avoir mis en avant le compagnon d’une athlète, plutôt que l’athlète elle-même. Le Chicago Tribune a ainsi carrément titré "La femme d’un joueur de football américain gagne une médaille de bronze aux JO de Rio" sans jamais nommer Corey Codgell, championne de ball-trap, rapporte TV5 Monde. Et pour les trois médailles d’or de la nageuse hongroise Katinka Hosszu ? "Voilà à qui revient le mérite de sa performance" s’est exclamé un commentateur de NBC, Dan Hicks, lorsque la caméra s'est posée sur le mari de Hosszu, qui est également son entraîneur.
Et en France ? Lundi 8 août, le commentateur de France 2 et ancien rugbyman Fabien Galthié s'est lancée dans une analyse du rugby à sept féminin un peu particulière lors du match France/Etats-Unis : "Les Françaises sont beaucoup plus mignonnes, beaucoup plus féminines que les Américaines."
L’occasion de (re) voir les videos de commentaires choquants de France dans notfre article : JO - France 2, médaille d'or de la beaufitude