JO : La Ola des journalistes-supporters (Inrocks)
La rédaction - - 0 commentaires"Emotions et chauvinisme" contre raison. Voilà ce que déploient les journalistes sportifs, et notamment lors des Jeux Olympiques, déplore le sociologue Michel Caillat sur le site des Inrocks.
"On les appelles «journalistes» mais ce sont des supporters." La critique n'est pas nouvelle, mais le sociologue du sport Michel Caillat revient à la charge contre les journalistes sportifs sur le site des Inrocks, en donnant des exemples précis d'informations qui auraient mérité un traitement plus critique. Ainsi, "qui se souvient d’Emilie Le Pennec, 16 ans, encensée à Athène pour sa médaille d’or aux barres asymétriques?", interroge Caillat. Pas grand monde, elle a raccroché quatre ans plus tard parce que son corps ne pouvait plus suivre… Au début des années 1980, l’Académie nationale de médecine dénonçait déjà les risques de l’entraînement intensif précoce : ça a fait trois lignes dans L’Equipe." L'évènement olympique n'est pas mis à profit pour aborder ce genre de problèmes. Tout à leur occupation de faire rêver le téléspectateur, les journalistes sportifs expédient complaisamment depuis Londres "une masse d'infos inutiles qui n'est que la face visible de l'iceberg", déplore le sociologue.
"Est-ce que ça n’est pas de la passion plus que de la complaisance ?", interroge la journaliste des Inrocks. Peut-être, mais une passion sans recul qui véhicule le mythe des JO "hors du réel" alors que les sportifs véhiculent les "valeurs" bien concrètes "du dominant : concurrence, rendement...".
Les commentateurs sportifs préfèrent ainsi s'extasier sur le record de Tony Estanguet (trois médailles d'or dans trois olympiades différentes) que le relativiser en indiquant que "le canoë à haut niveau permet des carrières plus longues que dans la plupart des autres disciplines, et qu’il aurait été impossible qu’un nageur décroche ce record par exemple". Pas de chances pour Caillat, le nageur américain Michael Phelps a tout juste réalisé la même performance hier, sur le 200 mètres 4 nages. |
Dernier exemple avancé par le sociologue pour démonter "l'idéal olympique" : le poing levé, sur le podium, des coureurs américains Tommie Smith et John Carlos, sympathisants Black Panthers, aux JO de Mexico en 1968 pour protester contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Ce geste lui est souvent opposé pour symboliser la capacité de l'olympisme à bousculer "l'ordre établi". "Très bien, mais quelle est la fin de cette histoire? Ils ont été exclus à vie des Jeux Olympiques par le CIO".
(Par Antoine Machut)