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Carnéade le Fataliste
Meilleure analyse de ce forum jamais écrite :
http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/19/apres-charlie-bal-tragi-comique-a-gauche-radicale-seine-257188 -
Eric
Un blog intéressant sur l'après 7 janvier 2015 : http://7janvier2015.blog.lemonde.fr/ -
romain gary
une pétition tout a fait dans le sujet :
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-d%C3%A9cideurs-politiques-de-tous-bords-mise-en-application-des-principes-de-la-la%C3%AFcit%C3%A9-6 -
romain gary
une pétition :
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-d%C3%A9cideurs-politiques-de-tous-bords-mise-en-application-des-principes-de-la-la%C3%AFcit%C3%A9-6 -
Jarogne
Retour sur la première "mort" de Charlie.
Il est de bon ton - et je l'ai fait le premier - d'encenser l'"ancien Charlie", afin de mieux dénoncer le torchon islamophobe qu'était devenu Charlie "deuxième mouture "sous la coupe de Val et après le passage de Fourest.
Pour essayer de comprendre ce qui l'en était, et comment on en est arrivé là, je me suis retapé la fameuse émission de Droit de Réponse de M Polac, consacrée à la disparition de Charlie première mouture.
A la suite de ce débat, la presse bourgeoise - à commencer par Libé - était unanime pour enterrer Charlie sous un tombereau de merde, ce que l'hebdo n'avait pas manqué de souligner ironiquement:
http://www.flickr.com/photos/egaucher/6335416656/
Triste ironie quand on pense au renversement complet de cet unanimisme "anti-Charlie" 30 ans plus tard:
http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/charlie-hebdo/20150114.OBS9911/en-images-le-nouveau-charlie-hebdo-fait-la-une-de-la-presse.html
On me rétorquera qu'il y a eu des morts entre temps - ce qui change tout - mais que penser alors de ce vif encouragement de cette même presse aujourd'hui à maintenir ce "vieil esprit" du Charlie provocateur et sans limites comme meilleure réponse aux terroristes, esprit que ces quotidiens CONCHIAIENT unanimement pourtant 30 ans auparavant?
On peut revoir cette émission intégralement grâce à l'INA, et j'encourage vivement ceux qui se disent "être Charlie" à prendre le temps de revenir sur la généalogie de ce qu'ils prétendre "être" aujourd'hui - au delà du seul slogan de solidarité avec les victimes - en particulier les plus jeunes:
http://www.ina.fr/video/CPA82052296
Drôle d'impression pour ma part...
Je suis un enfant de Charlie, j'avais 11 ans en 1982, et, au delà de la nostalgie de voir tout ce cirque à la télé, ce qui est impensable aujourd'hui, ainsi que des figures télévisuelles de mon enfance, je ressens un certain malaise en regardant tout ça.
En fait, il apparaît clairement que certains d'entre eux étaient déjà des "vieux cons", qui n'aimaient pas les jeunes et surtout ne voulaient pas les entendre parler. Quatre ans plus tard, j'entrai au lycée, j'appartenais grosso modo à cette "génération morale" conspuée par l'équipe de Charlie. Et pourtant ils me faisaient marrer, à l'époque.
Il me font beaucoup moins marrer rétrospectivement.
Il faut voir Choron s'en prendre aux lycéens invités par Polac,
http://www.ina.fr/video/I09082502
et Renaud - futur collaborateur de l'hebdo - de surenchérir:
http://www.ina.fr/video/I05004781/renaud-fils-de-cons-ca-ne-veut-plus-rien-dire-maintenant-on-va-dire-parents-de-cons-video.html
Il faut aussi entendre ce dernier se gausser franchement des valeurs des lycéens qui exprimaient leur gêne à propos des blagues sur les Juifs et la Shoah...les lois Gayssot n'existaient pas encore.
Si l'on veut bien passer sur l'anachronisme, peut-on dire Dieudo-Renaud, même combat?
Evidemment non. Mais cela révèle justement la contextualisation nécessaire du débat piégé sur la "liberté d'expression". Que des jeunes lycéens opposent en 1982 à la bande de Charlie quelques réserves sur le traitement que pouvait faire Charlie de l'holocauste, que huit ans plus tard le législateur limite cette même liberté à ce sujet, et que 30 ans plus tard le spectacle d'un humoriste puisse être interdit compte tenu de l'évolution de la législation montre bien que la "liberté d'expression" n'est pas un principe absolu de la République.
C'est un principe CONSERVATOIRE, dans la mesure où il doit être maintenu autant que possible TANT qu'il n'entre pas en contradiction avec d'autres nécessités intrinsèques au maintien du lien social: celui d'une relative paix sociale, d'un ordre public minimal et d'une préservation de la dignité et de la sensibilité des personnes.
Il faudrait peut-être reconsidérer l'affaire des caricatures de Mahomet à la lumière de cette évolution du droit et du consensus politique concernant la répression de l'incitation à la haine raciale et à l'antisémitisme depuis les années 1980.
La crispation des media, d'une partie des français qui ont manifesté ainsi que des pouvoirs publics, qui suivent passivement le mouvement, autour d'une "liberté d'expression" qui en droit est déjà limitée est une absurdité qui relève d'un aveuglement irresponsable.
Affirmer une solidarité pleine et entière avec les victimes du massacre de Charlie n'impliquait absolument pas prendre fait et cause pour une conception extrême et obsolète des libertés publiques et des droits fondamentaux, qui l'était DEJA en 1982!
Et pourquoi ne pas prendre un peu plus au sérieux ces collégiens et lycéens qui - au delà des provocations adolescentes - expriment leur incompréhension lorsqu'on réprime des "quenelles" alors qu'on peut dessiner la tête de Mahomet en forme de bite à l'envers avec la bénédiction des pouvoirs publics et le soutien d'au moins 3 millions de lecteurs?
http://www.les-crises.fr/charlie-a-manipule-la-france/
Il faut voir aussi au cours de l'émission les dessins phallocrates et fiers de l'être, la vulgarité débraillée et fière d'elle même, Gainsbarre avec son ballon rose exhibé comme un sexe et qu'il fait couiner en expulsant l'air pendant toute l'émission, la façon dont tous ces mecs se houspillent, dans un mélange de virilisme et d'intellectualisme typique de certains roquets de Mai 68 qui ont fait carrière depuis, et comment les rares femmes sur le plateau font potiche - pauvre Valérie Mairesse qui se prend les postillons et les moulinets de bras de JFK pendant une heure etc...
Bref, s'il est clair que je ne suis pas Charlie aujourd'hui, je ne suis vraiment pas sûr d'être le Charlie de 1982 non plus...
Ce qui me frappe aussi dans l'émission, c'est le contresens total actuel à propos de la "liberté d'expression": à part Choron, ils veulent tous empêcher de parler le type de Minute et certains menacent carrément de lui foutre sur la gueule, Siné, Renaud, Berroyer, même Gainsbarre,et Desproges, définitivement le meilleur:
"La liberté d'expression ça va jusqu'à laisser parler Minute cinq minutes. Même si c'est pour lui foutre son poing sur la gueule après."
Ils voulaient faire chier les cons, les cahos et les fachos, et comme dit Renaud, "n'en avaient rien à foutre du pluralisme et de la liberté d'expression."
Ils n'en avaient RIEN A FOUTRE de la liberté d'expression, vous COMPRENEZ?
Et même si ça avait de moins en moins de sens compte tenu de l'évolution sociologique et politique de la France dans les années 1980, Charlie demeurait un journal de combat "gauchiste", rien à voir avec ce qu'en a fait Val en le tordant vers un voltairisme soft et un républicanisme crispé type IIIe République.
La "mort" de Charlie était finalement un phénomène anodin: s'ils n'avaient plus de lecteurs, c'est que l'anticléricalisme et l'antifascisme n'intéressait plus grand monde, faute de danger réel. La gauche venait de gagner, formidable libération politique - vite déçue - pour des millions de personnes, et tout le monde se contrefichait de la laïcité et du fascisme: les gens de gauche étaient contents, les gens de droite craignaient surtout les chars Russes, Le Pen était alors à la tête d'un mouvement hétéroclite et ultra-minoritaire de petits commerçants poujadistes et d'ex-OAS, et les immigrés étaient totalement exclus du champ politique.
Ce qui frappe encore plus, c'est qu'un un tel "débat" bordélique était possible - alors qu'il est inimaginable aujourd'hui - car s'il y avait manifestement de la haine entre certains protagonistes (l'équipe de Charlie contre la presse bourgeoise et la presse fasciste), elle était politique, et donc dans un cadre commun - et non pas "culturelle" et "identitaire" comme aujourd'hui.
En fait même si tout le monde s'engueule sur le plateau, on voit que la violence est surjouée et avant tout verbale. Ce sont tous des blancs, des français ou européens d'origine , et en ce sens ils appartiennent DE FAIT à cette communauté nationale et à la tradition de zizanie à la Astérix.
Personne ne risque de se faire tuer, y compris le type de Minute, menacé de mort par Siné -"tu vas crever": on voit bien que c'est du cirque.
C'est chouette, c'est bien français, des anglos-saxons n'y comprendraient rien. On s'amuse entre nous.
Dans cette "communauté" et sur le plateau pas un arabe ou un noir: ils sont tout simplement EXCLUS, INVISIBLES, et on était en 1982, un avant avant la marche des Beurs. Et une telle émission était possible, et la provocation tous azimuts passait parce que, en dépit des clivages politiques et sociaux, ces gens "faisaient société" comme on dit - mais entre eux, évidemment sans les immigrés parfaitement invisibles, carrément niés.
On remarquera ainsi que le dessin qui s'interroge sur le Paris Dakar - à quoi sert-il? - comporte pour réponse l'expression "Pour écraser les NEGRES" et ça fait rigoler tout le monde sur le plateau.
Bien sur, c'est drôle, on est entre nous...Pas un "nègre" sur le plateau pour dire que même si c'est drôle de critiquer un rallye débile et destructeur, ça rappelle forcément que la France a écrasé ces mêmes "nègres" des siècles durant sous le joug de l'esclavage, et ensuite sous celui de la colonisation.
Seule une lycéenne fait allusion aux immigrés: elle dit à un moment que Minute est quand même mal placé en matière de "tolérance" puisqu'ils veulent virer les immigrés. Bon, c'est une "française", une blanche, sensible au racisme qui pesait alors sur les immigrés en France, mais elle n'est pas directement visée par Minute. Il n'y a aucun immigré sur le plateau pour exprimer ce qu'il pense de Minute, ce que lui fait Minute - et globalement le racisme ordinaire - au quotidien. Aucun des membres présents sur le plateau n'est réellement menacé par Minute, tous surjouent l'antifascisme sans le craindre (Mitterrand vient de gagner).
Et aujourd'hui?
Un tel débat aujourd'hui, sur les caricatures et la liberté d'expression, en invitant Zemmour, Houellebecq, Finkelkraut, Soral et Dieudonné, des rappeurs et donnant la parole cette fois-ci aux jeunes de cité enfants d'immigrés au lieu des lycéens petits blancs parisiens - car on peut plus vraiment faire comme s'ils n'existaient pas, comme on le voit bien aujourd'hui: ça partirait VRAIMENT en couille.
Et on s'étonne que certain profs n'arrivent pas à traiter l'affaire: mais ils savent bien que dans certains cas, c'est tout simplement IMPOSSIBLE. Le fil est ROMPU.
Trente ans de politique sociale et urbaine inepte, ghettoïsation, obsession sécuritaire, fixations sur les différences "ehno-culturelles" etc...tout ce qu'on sait, et de tels débats avec l'ENSEMBLE des français sont devenus impossibles, car le cadre commun est brisé.
Il suffit de se rappeler du fiasco honteux du débat sur l'"Identité nationale": concrètement passé à la trappe, deux trois réunions d'experts, de politiques en petit comité, médiatisation superficielle et c'était bouclé. Et heureusement, car c'était encore une grosse connerie de plus.
De toutes façons, les principaux intéressés par la question à savoir les xénophobes inquiets de l'islamisation d'un côté et de l'autre des personnes musulmanes ou autres radicalisées et en défaut manifeste d'intégration n'ont pas été invitées. Pour une raison simple: s'ils étaient venus, ça ce serait terminé en émeutes.
Mais quand va-t-on cesser d'agiter tout ça?
Tous ces tartuffes actuels qui croient refonder cette unité nationale, autour de cette bonne vieille culture de village gaulois, ne se rendent même pas compte que leurs discours non seulement peut être perçu comme identitaire, mais qu'il EST identitaire, fût-ce de façon impensée.
C'est un paradoxe, car des valeurs supposées universelles ne peuvent pas être en même temps spécifiques et identitaires. Et je défens l'idée d'un universel commun aux hommes.
Mais quand un universel est imposé, craché à la face des autres, au lieu d'être transmis par l'éducation et le dialogue, ce caractère universel certes demeure en soi - comme concept - mais disparaît sur le plan pratique.
Alors quand les français - ceux de cette culture spécifique - s'engueulent entre eux - je mets de côté des évènements historiques comme la dernière guerre - même durement, ils sont comme des poissons qui ne voient pas l'eau dans laquelle ils nagent: ils nagent dans ces universaux, dont ils se targuent en même temps d'être les dépositaires - on s'engueule mais on continue à se parler car on est au pays de Voltaire, et qu'on reconnaît son adversaire comme un membre de cette communauté politique.
Le problème, c'est que quand ce peuple - ou l'Etat qui le dirige - se révèle être manifestement et ouvertement oppresseur - colonies, guerres, racisme etc - et maltraite ses propres enfants, alors les réprouvés et les opprimés ont vraiment la rage, parce qu'eux ils n'ont pas d'eau: ils crèvent littéralement d'asphyxie. Ils ne sont pas inclus dans le jeu, à moins de se conformer totalement, c'est-à-dire cesser d'exister.
Les noirs et les arabes en France ont donc été confrontés dans leur grande majorité à deux formes d'inexistence: l'invisibilité absolue ou la conformité totale, ce qui revient exactement au même. Et cette violence du déni d'existence - et du droit à l'existence - est telle quelle ne peut générer en retour qu'une grosse explosion, qui prend forcément des formes brutales et insaisissables.
Aussi, dans une situation de tension extrême, résultat de plusieurs décennies d'oppression, brandir des valeurs "universelles" n'a plus aucun sens pour ceux qui sont opprimés: c'est un contresens TOTAL, cela revient à leur CRACHER A LA GUEULE.
Par conséquent comme le dit Mahmoudi, c'est pas en rabâchant PADAMALGAM PADAMALGAM qu'on change quelque chose à un pays "BATI SUR L'AMALGAME."
http://www.huffpostmaghreb.com/halim-mahmoudi/je-suis-dessinateur-de-pr_b_6455050.html
Combien parmi les naïfs qui défilent généreusement et sincèrement au nom d'une conception aggressive et brutale de la liberté d'expression ont la moindre idée de ce qui est réellemement en train de se jouer - et se joue depuis 30 ans? -
GIGI
"Car on ne peut rien contre ceux qui leur fournissent la liste des cibles une fois qu'ils sont conditionnés. Il faut donc TOUT mettre en oeuvre pour agir avant qu'ils en soient là: ce n'est pas facile mais c'est la seule chose qui compte si on ne veut pas progressivement tomber dans le gouffre de la guerre civile, qui est la conséquence ultime de l'anomie.
Après, c'est trop tard. Et c'est déjà trop tard...."
et qui sont ceux qui leur fournissent la liste des cibles ?
qui sont ceux qui sont derrière ceux qui leur fournissent la liste des cibles ?
ça m'interesserait bien d'avoir cette info ...
je ne crois pas que les prisons soient emplies d'intégristes musulmans;
tous les voleurs, les criminels ne sont pas des intégristes musulmans,
il y a aussi des charlies;
oui, la fracture existe, les 3 millions présents à la marche ne représentent pas toute la France;
au - cela aura-t-il montré une certaine unanimité pour l'amour et la paix face à une certaine majorité
de FN qui jusqu'alors avait pignon sur rue et c'est très bien;
et que plus d'un million de français s'abonnent à Charlie, cela serait encore mieux !
vive la liberté des caricaturistes et de la presse écrite !
il est vrai que la campagne 2017 est lancée et que mr Holande a été très fort sur ce coup ci;
mr Neta aussi car il fait sa campagne présidentielle: a-t-il reçu des fonds pour cela de la part des français
de confession judaïque suite à sa présence dans une synagogue à Paris juste après cette marche "républicaine" ?
il y avait d'ailleurs non seulement la présence de Nata mais aussi celle des présidents de la république, de l'assemblée
nationale, du sénat de France ainsi que le 1er ministre; ah la République dans une synagogue juste après une marche
républicaine, cela me laisse songeuse ... -
Berloup
Je ne pensais pas utile de diffuser ce que j'ai écrit, en privé, à quelques amis, mais quand je vois la guerre qui commence à se livrer sur le sujet, je le reproduis ici :
on pouvait participer à la manif, pour la liberté d'expression, en n’ayant rien à voir avec le quarteron de chefs d'état (dont pas mal de criminels de guerre), et sans pour autant proclamer “je suis Charlie”.
Pourquoi je ne suis pas Charlie
"je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire" : il paraît que Voltaire n'a jamais ni prononcé ni écrit cette phrase qui lui est attribuée, mais peu importe, c'est devenu une valeur de notre République. Elle signifie que nous n'avions pas besoin "d'être Charlie" pour défendre la liberté d'expression, et a fortiori la défendre contre des massacreurs.
Mes raisons de ne pas brandir un panneau "je suis Charlie" ? (d'autres ont dit bien mieux les leurs, comme la philosophe Marie-José Mondzain dans cet article de mediapart ; elle avait déjà refusé, après le 11 septembre, le "nous sommes tous américains")
1. Ces pourfendeurs de tout ce qui ressemble au panurgisme auraient bien rigolé de nous voir : j'imagine bien leurs caricatures nous représentant en moutons ou autres veaux.
2. Les Charlie ont continué pendant des années malgré les menaces de mort. Puis-je affirmer que j'aurais eu le même courage ? (Cette raison, comme la première, est secondaire : Dire qu'on se voudrait à leur hauteur – pancartes "même pas peur" - est un beau symbole.)
3. J'aurais été malhonnête. J'ai en effet souvent critiqué Charlie (que je ne lis plus depuis longtemps, malgré, je sais, de bons articles aussi). Je n'aimais pas qu'il n'y ait que "nous" et les "cons", donc pas d'adversaire légitime. La dérision, à composante de préférence obscène, interdit le débat aussi sûrement que la violence. Je n'aimais pas que l'on prenne plaisir à choquer les gens dans leurs convictions les plus profondes, notamment dans leurs croyances religieuses. Je suis athée, est-ce une raison de se croire supérieur aux "cons" et aux croyants ? Humour potache de "sales gosses" disait-on, mais des potaches avec un complexe de supériorité, je me trompe ?
4. Je tiens à ce que la France reste un des pays où le blasphème n'est pas un délit puni par la loi, alors qu'en certaines régions, et avec une définition très extensive, il est puni de mort. Mais, personnellement, je tiens à l'éviter. Par exemple, certaines exhibitions des Femen, ou bien le "Piss Christ" de Serrano me dégoûtent. En France, tant qu'il s'agit des religions chrétiennes, cela ne nécessite d'ailleurs aucun courage (mais seulement un sens aigu de la pub). Pour revenir à l'Islam, Chaunu, caricaturiste d'Ouest-France, dit :
"je ne pourrais pas caricaturer Mahomet. Pour moi, c'est trop fort comme provocation. Ayant des amis musulmans, je penserais tout de suite que ça ne leur rendrait pas service". Il explique :
"Le problème, c'est que la caricature n'est rien s'il n'y a pas de culture, car elle est réductrice, elle simplifie. [J'adore Charlie mais…] je trouve que la France est fragile, qu'elle est faible d'un point de vue culturel. Les gamins sans repères, sans valeurs, risquent de ne pas comprendre ce genre de dessins."
Il me semble qu'il a raison. La France d'aujourd'hui est sans doute beaucoup plus fragile – désintégrée, morcelée – que celle de Voltaire, qui était pourtant grosse d'une révolution. Les problèmes de conflits de cultures y sont assez graves pour qu'on évite de les transformer en guerres des cultures.
A ce sujet, j'entendais l'autre jour sur F-Inter une enseignante qui s'étonnait qu'après avoir pendant une heure fait "l'explication de texte" des caricatures de Mahomet devant une classe constituée d'élèves majoritairement "issus de l'immigration", elle n'ait pas réussi à les persuader, pas seulement qu'on n'a pas à tuer pour ça, mais que ces caricatures, ils devaient les trouver bien ! Cette ignorance de la culture de l'Autre est effarante, et contre productive car elle ne peut que pousser au communautarisme.
M-J Mondzain, dans l'article cité au début, écrit : "l'intégration ou la non-intégration d'une certaine communauté musulmane en France pose question". En effet, il n'y a pas que le non respect de la culture de l'Autre qui contribue à la non-intégration. Une autre façon est de nier que le problème existe et de chanter sans nuance les louanges du multiculturalisme, ou de taxer de racisme les écrits de ceux qui nous avertissent comme Gilles Kepel que certains islamistes visent par des actions concertées à constituer des "enclaves musulmanes". Et cela même si c'est loin d'être le tout de l'Islam en France. Voir, pour relativiser et compléter, un entretien avec Olivier Roy "il n'y a pas de communauté musulmane" sur mediapart. -
caius lapsus
J'ai lu pendant plus de vingt ans Charlie,j'ai arreté de l'acheter quand Val a viré Siné. J'en ai même gardé quelques uns dont je garde precieusement.Mais quand j'entends cette bande d'hypocrites dont fait partie Cohen,qui ont critiqué Charlie , pour les caricatures,allant pour certains, jusqu'a demander son interdiction et qui aujourd'hui se disent Charlie mdr..bande de charlots. -
Meaulnes
Nous avons vécu en France, la semaine passée - et au delà de la légitime émotion, l'expérience rare de pouvoir imaginer ce que c'est que de vivre au choix, dans une dictature - politique ou religieuse, ou dans un Pays avec une religion d'état.
C'était à qui montrerait le plus sa Charlitude :
Les politiques se devaient de montrer patte blanche et donner des signes de fidélité au grand Charlie ; les artistes de composer, peindre, dessiner, chanter, déclamer, danser, slamer à la gloire du Charlie suprême ; les médias de narrer les différents épisodes édifiants de la Geste glorieuse de Charlie qui la veille était mort de faillite mais qui le troisième jour est ressuscité des morts et siège à la droite de Dieu.
"Chante Ô muse, la colère de Charlie, fils de Hara, colère funeste, qui causa tant de malheurs chez les djihadistes"
Le peuple français, quant à lui, communiait avec une ferveur qui dépassait même celle produite par les trois jets d'une pelote de cuir dans le cadre de l'ordre et du progrès en 98 ! Retrouvant des réflexes ataviques et ancestraux, certains dénonçaient ceux qui étaient incapables de démontrer huit quartiers de Charlitude. Le Charlitudisation des esprits était à l'œuvre, forçant chacun à se positionner, voire à montrer sa soumission au Charlie commun à l'entame d'un texte iconoclaste - c'est d'ailleurs l'objet de l'incise "et au delà de la légitime émotion" de celui-ci.
La terre entière, y compris les pays dont la ligne politique justifie voire encourage l'action des Charliticides, manifestait sa ferveur communautaire avec les Charlistes.
"C'était de très grandes foules sur toutes faces de ce monde, qui nous chantaient l'horreur de vivre, et nous chantaient l'honneur de vivre"
Enfin - et c'est avec une admiration infinie que le le dis - Simon de Cyrene du Dit de Charlie ; le merveilleux, le lumineux : Patrick Pelloux, mater dolorisa des ondes !
Avant de m'envoyer un message d'insultes, me poster votre rage, repensez à ce que vous avez vecu et remplacez le mot Charlie par "Chrétien", "Musulman", "Berliner", "Communiste", "Maoïste" ou tout autre mot qui vous semblera adéquat et vous verrez de quoi je parle....
Allez, je vais me mettre à l'unisson et proclamer que Charlie est grand et Pelloux est son prophète ! -
Aika
Ce qui est étonnant, finalement, c'est d'entendre des gens qui "sont Charlie" - donc pour la liberté d'expression - dire dans la même phrase qu'on ne peut pas dire qu'on ne l'est pas (Charlie). Liberté d'expression ok, mais pas pour tout le monde en quelque sorte. Doit-on laisser son esprit critique au vestiaire? De quel Charlie parle-t-on?
Alors oui, je suis pour la liberté d'expression et le respect d'autrui. A bas l'ignorance et l'intolérance. Ecoutons, lisons, avant de cataloguer, de condamner, d'insulter les autres... -
Bracam
Les mots pour le dire, merci Frédéric Lordon.
"Il fallait donc traverser au moins une mer pour avoir quelque chance de retrouver des têtes froides, et entendre cet argument normalement élémentaire que défendre la liberté d’expression n’implique pas d’endosser les expressions de ceux dont on défend la liberté."
Charlie à tout prix ? par Frédéric Lordon -
giovanna Taranto
Le message de BC reflète en grande partie mon sentiment et décrit bien l'actuelle "confusion des sentiments". Cet unanimisme et la rhétorique nationale et institutionnelle qui l' accompagne deviennent, à la longue, gênants, car je les trouve, la plupart du temps, franchement bêtes et je crains qu'ils ne deviennent, aussi, méchants...
Pour moi, les exécutions sommaires de la semaine dernière (car je pense qu'il s'agit exactement de cela) sont des actes effrayants, inimaginables et inacceptables; pour moi, il s'agit, avant tout, de ne pas accepter qu'on nous impose une vision totalitaire du monde et de la société (celle de l'intégrisme, islamiste ou autre) à coup de kalashnikov...
Mais, je ne suis par Charlie: premièrement parce que je n'ai pas toujours partagé leurs contenus et deuxièmement parce que je n'aime pas les slogans et je n'aime pas qu'on me les impose, surtout quand ils sont bêtement repris en choeur par les gens les plus diverses (acteurs hollywoodiens, hommes politiques douteux et j'en passe...)
Et il ne faut pas se voiler la face, en effet: les gens qui ont marché dimanche l'ont fait pour les raisons les plus disparates, bonnes et mauvaises, y compris par conformisme... Alors, l'unité nationale...
J'espère qu'une fois terminées les célébrations et terminée la rhétorique, on reviendra aux choses sérieuses, à savoir: comment faire en sorte que cela ne se reproduise pas et pas uniquement par des mesures sécuritaires. -
Chloé Lacoste
Manazo, je suis bien consciente que j'aurais pu trouver cette communion hier dans la rue, mais quelque part il était trop tard, que j'y aille ou pas cette journée devait avoir un goût amer. Encore une fois, ce n'est pas parce que je n'étais pas d'accord avec le principe de la marche ou avec ce qu'elle défendait. Et malgré ma non participation, j'étais fière hier soir de constater le nombre, la motivation et la solidarité de tous ces gens, d'autant que je suis consciente que d'autres, comme moi, avaient choisi de ne pas y être, sans pour autant ne pas croire à ces valeurs.
J'espère simplement que cette belle mobilisation se poursuivra au-delà des démonstrations de voix, et malheureusement mon espoir est assez fin. -
orionis
Toute la question est de savoir si nos sociétés de l’information qui s ’ entre déchire habituellement pour des broutilles en faisant beaucoup de bruit pour pas grand chose saurons faire de cette événements qui semble bien être "historique" autre chose qu’une immense démonstration de l'implacable triade qui s'exprime dans le processus suivant : politique (tendance arriviste) ?média (tendance audimate ) ?politique (tendance extrême ) ?média (tendance actionnaires )?opinion publique chauffer à blanc )
Je crains que ce nouveau symbole ne tiennent pas bien longtemps face à la volonté de certains de vouloir faire leurs beuz dessus .... -
Coin-coin l'Araignée 2·0
JE SUIS
ABRUTI
(dessin de Deligne) -
Chloé Lacoste
Après 4 ans d'abonnement à ASI, c'est la première fois que j'écris dans un de ses forums. Car ce soir j'ai simplement besoin de partager avec vous mon désarroi. Aujourd'hui je ne suis pas allée à la "marche républicaine". Pas parce que je ne me sens pas concernée, pas parce que je ne crois pas à la beauté des valeurs républicaines. Non, c'est au contraire en raison de mon attachement à ces valeurs que je n'y suis pas allée, d'où mon désarroi.
Car oui, j'aurais voulu moi aussi ressentir la beauté et la fierté d'être ensemble pour la défense de ces belles valeurs, j'aurais voulu faire partie de cette communion et en ressentir la force, et à plusieurs reprises depuis mercredi j'ai été sur le point de faire le trajet jusqu'à la place de la République pour rêver avec tous ces anonymes à la fraternité nationale. Mais je ne l'ai pas fait.
Cette impossibilité de communier avec les républicains de France, je la dois à mes élèves (j'utilise à dessein cette expression qui me permet de dire à la fois qu'elle me vient d'eux et que c'est un devoir envers eux). Depuis le mois de septembre, je suis professeure d'anglais dans un collège particulièrement difficile de Seine-Saint-Denis. C'est le deuxième poste de ma carrière, mon premier poste en tant que titulaire, et mon premier poste en collège. Et bien je peux vous dire qu'on m'a mise dans le bain! Je précise au passage que cette affectation je l'ai cherchée puisque, agrégée, j'ai demandé à enseigner en collège après une année de stage mitigée dans un lycée plutôt favorisé (en Seine-Saint-Denis aussi, hé oui, il y en a), et j'ai également demandé la zone géographique dans laquelle je suis affectée.
Depuis le début de l'année, je me pose de nombreuses questions, à la fois sur mes élèves et sur moi-même. Car je suis par ailleurs inscrite en thèse, une activité qui n'est pas compatible avec l'épuisement que génèrent ces enfants. Depuis le début de l'année je réfléchis à ces enfants si attachants et je me demande ce qu'ils vont bien pouvoir devenir, ainsi abandonnés de tous, enfermés dans leur misère sociale et culturelle, à tel point qu'ils ne se rendent même pas compte qu'ils vivent dans la misère. Depuis le début de l'année, je culpabilise de vouloir trouver un poste d'ATER (Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche, c'est-à-dire CDD des universités) pour poursuivre ma thèse dans de meilleures conditions, alors que j'arrive à parler à ces enfants, et qu'ils ont tant besoin qu'on leur parle, qu'on essaye de les comprendre.
Puis je réfléchis aux conditions dans lesquelles nous exerçons notre métier. Cela ne vous aura pas échappé, le gouvernement réforme actuellement l'éducation prioritaire. Lors des concertations qui ont eu lieu l'année dernière à propos de ces réformes, le principal élément mis en avant par les enseignants des établissements concernés, c'est la question des effectifs et de l'encadrement (c'est-à-dire le ratio adultes/enfants dans l'établissement). Et le ministère les a entendus, puisque de 24 en ZEP, l'effectif maximal d'une classe est passé à 23 en REP (pendant que le nombres de "surveillants" et d'agents d'entretien ne cesse de diminuer). Bref, je n'écris pas pour vous détailler la réforme (à laquelle je n'ai d'ailleurs pas tout compris) mais pour vous expliquer pourquoi, par respect et amour pour mes élève, je n'ai pas pu participer à cette marche.
Dans mon questionnement sur mon avenir et celui de mes élèves, cette question de la réforme et des moyens est essentielle. Car il faut bien me rendre à l'évidence : toutes ces idées qui me viennent pour intéresser les élèves et leur donner envie d'école, tous ces voyages et toutes ces sorties que j'aimerais organiser pour leur faire découvrir l'histoire, la culture, la langue anglaise. Toutes ces idées, je ne pourrais en mettre en place qu'une infime partie, faute de moyens.
Alors pourquoi rester, quand on vous catapulte au bord du volcan en vous mettant entre les mains une lance à incendie qui n'est pas alimentée en eau? Et surtout, pourquoi marcher? Ce qui m'empêche de marcher c'est cette impression, que nous sommes nombreux à avoir, que nous marchons pour une illusion de vivre ensemble. Car pendant ce temps nous continuons à laisser nos jeunes s'enfoncer dans une misère dont pour certains ils n'ont même plus envie de sortir tellement ils ont fini par croire qu'il n'existait rien d'autre pour eux. Et nos "classes moyennes" continuent à se plaindre et à exprimer leur "ras-le-bol fiscal", tandis que les 75% d'impôts sur les revenus supérieurs à un million d'euros par an sont passés à la trappe depuis bien longtemps.
Alors oui, elle est belle cette unité, elle fait envie, elle rassure, elle "soulage", comme l'a si justement dit Lilian Thuram au début de la soirée de soutien à Charlie Hebdo diffusée sur France 2 ce dimanche soir (ou peut-être a-t-il dit "apaise", je ne me souviens déjà plus très bien, mais bref, vous comprenez le message), mais j'ai bien peur que pour beaucoup elle ne soit surtout l'occasion de se défouler et de se déculpabiliser en s'auto persuadant que nous sommes tous unis par l'esprit, pour la défense de la liberté, de la joie, et de la déconne. Par l'esprit peut-être, mais beaucoup moins par l'action au quotidien, et certainement pas par le portefeuille.
Cela peut paraître trivial de parler d'argent en ce grand moment de recueillement, mais justement, quel meilleur moment pour rappeler à tous que la solidarité et la liberté ne sont pas seulement des mots? Ce sont des éléments essentiels de notre vivre ensemble, qu'il nous faut défendre. Et quand je parle de leur défense ça ne veut pas forcément dire que nous devons mourir pour ces idées, mais nous ne pouvons pas simplement les défendre par les mots. Cette défense doit être politique et s'exprimer par une solidarité sur le long terme.
Ma privation de communion et de soulagement collectif, elle a commencé jeudi matin. Dans la plupart de mes classes, la discussion sur ce qui s'était passé la veille s'est très bien déroulée. Non seulement la grande majorité de mes élèves ne m'a pas sorti d'horreurs faisant l'apologie de la violence (à part quelques uns au début, par provocation, qui se sont vite calmés en voyant que tout le monde était sérieux), mais ils m'ont même impressionné par leur capacité, si jeunes, à discuter avec tant de calme et de lucidité de sujets si graves, et d'une religion (la leur, pour la plupart) caricaturée par ses propres "défenseurs".
Seulement voilà, ma minute de silence est tombée sur LA classe avec laquelle je m'étais dit que je n'en parlerais pas, car je savais qu'avec eux ce serait difficile. Et effectivement ce fut difficile, plusieurs provocateurs lançant qu'ils "n'avaient qu'à pas continuer alors qu'on les a prévenu", d'autres remarquant (avec hélas un certain bon sens) qu'on ne faisait pas de minute de silence pour les enfants palestiniens. Au milieu de tout cela, 2 ou 3 demandaient sincèrement des explications, mais dans cette ambiance il était extrêmement difficile, pour eux comme pour moi, de s'exprimer, et plus encore de garder son (mon) sang-froid. Nous avons fini par la faire cette minute de silence, et les élèves l'ont respectée. Mais mon moment de communion était gâché, et je n'ai pas pu laisser couler les larmes qui me sont monté aux yeux à la 55ème seconde, parce qu'ils ne les auraient pas comprises, parce que je n'avais personne avec qui les partager.
Le soir, pour compenser ce manque de communion, j'ai été prise d'une folle envie d'aller à République, et j'ai abandonné l'idée pour des raisons tout à fait triviales : parce que j'étais restée au collège longtemps après les cours pour peaufiner les contrôles du lendemain (à adapter en raison des cours qui avaient sauté le jour même pour parler de Charlie à la place), parce que je suis rentrée tard, parce que le lendemain il fallait se lever à 6h et être en forme pour la plus grosse journée de la semaine (à égalité avec le jeudi, qui cette fois avait été particulièrement éprouvant)... Quant au rassemblement du dimanche, depuis le début il ne me branchait que peu car il devait être mené par les dirigeants nationaux, auxquels s'associaient à mesure que le temps passait, de plus en plus de grands dirigeants internationaux (plus ou moins libertaires, plutôt moins à vrai dire).
Bref, j'ai préféré poursuivre la frustration initiée en grande partie par mes élèves, j'ai préféré ne pas m'offrir le "soulagement" dont parle Lilian Thuram. Pas par masochisme, mais parce que je pense que pour vraiment défendre la liberté et la fraternité, il nous faut être en permanence sur le qui-vive, il nous faut maintenir la tension, il nous faut garder la conscience de tous les points d'ombre de la République, pour les gommer petit à petit, pour permettre à tous de se reconnaître en "nous", ce "nous" qui pour l'instant en exclu tant, ne leur permet pas de se reconnaître dans nos valeurs, tout simplement parce que nos valeurs ne les ont jamais vraiment invités. Pas parce qu'ils sont noirs ou arabes, mais parce que les conditions dans lesquelles ils grandissent les rendent revêches et que nous n'avons pas les moyens de les aider, de les convaincre, de leur expliquer, de les rallier aux belles causes que sont la liberté, la fraternité, la laïcité. Parce qu'avant de leur demander de respecter la liberté et la laïcité, il faudrait déjà leur prouver que nous croyons à l'égalité et à la fraternité.
Cette conviction d'égalité et de fraternité ne doit pas venir uniquement de leurs professeurs, elle doit venir de tout le peuple français, qui doit s'engager pour leur offrir de meilleures conditions d'apprentissage qu'aux autres, parce qu'ils en ont plus besoin que les autres, parce que tant que nous ne leur offrirons pas une reconnaissance et une ouverture dignes de ce nom, nous ne pourrons que subir les contre-coups de leur révolte et de leur indignation, qui se radicalisent à mesure qu'elles ne trouvent pas de réponse positive ou même d'effort de compréhension de notre part.
Voilà pourquoi je n'ai pas participé à la marche de ce dimanche soir. Pas parce que je ne crois pas aux valeurs qu'elle défend, mais parce que j'attends de les voir se réaliser pour de vrai, et aussi parce que, vivant à Paris, je ne voulais pas défiler derrière certains des représentants présents aujourd'hui pour "soutenir Charlie".
Je terminerai cette intervention par une citation de mon chanteur préféré, Mano Solo, qui se trouve être aussi le fils de Cabu : "Un soir, dans le vent, je rejoindrai les partisans de ceux qui ont de l'amour pour la vie. un soir dans la nuit, il suffira d'un instant pour comprendre, la force d'être unis". Pour beaucoup, ce soir est arrivé, en ce dimanche 11 janvier 2015. Moi, j'attend encore de voir. -
Holden
"Bibi" joue sur du velours ! Les 2000 morts de juillet 2014 sont voués aux poubelles de l'Histoire. -
getupstandup
Educs, animateurs, directeurs d'école des quartiers sensibles, nous nous sommes retrouvés le soir de l'attentat de Charlie et on étaient dépités, se faisant tous la même réflexion : depuis le temps (une bonne quinzaine d'années) qu'on alertent nos élus, nos chefs de service sur ces questions, qu'on subit parfois violences et injures gratuites et malsaines de la part d'un certain nombre de jeunes et parfois de leurs parents ; depuis le temps que des imams nocifs se sont installés sur certains quartiers et que les élus ont laissé faire (malgré parfois des menaces envers les travailleurs sociaux) et parfois financé (via des associations bidons), On a parfois fait front , parfois fait grève, mais sans réussir à faire évoluer les choses.. Ils ont acheté ainsi la paix sociale.
Et pourtant on a tenu/tient bons, car, on croit à l'éducation populaire, en la richesse de ces jeunes ; on a bien conscience du contexte socio-capitalo pourri qu'on vit ; on les aime. Mais, par peur d'alimenter l'argumentaire du Front National, le politiquement correct nous a fait et nous fait tenir une position intenable. C'est l'OMERTA qui a gagné
Les élus ont trop été dans le sens du poil en ne renvoyant pas suffisamment les parents, les jeunes à leurs responsabilités. La liberté va avec la responsabilité. Il faut donner leur donner une vraie place, mais il faut aussi qu'il la prenne, et en respectant le contrat républicain (égalités des sexes, lois au dessus des dogmes religieux...). Il faut les mettre face a leurs droits et devoirs de citoyens et arrêter avec le béni oui-oui bien pensant de gauche qui nous mène à une impasse. Il faut affronter le problème et cheminer AVEC EUX pour trouver des issues (de secours?) ; et être fermes avec ceux qui ne veulent pas de solutions. Et oui, ça va être compliqué, long mais ce n'est pas un PATRIOTACT qui solutionnera le problème.
Et cessons de mettre tous les extrémismes religieux au même plan : quels violences et attentas commis par des juifs et des catholiques envers les autres en France aujourd'hui ? C'est ce que disait Charlie Hebdo et Charb et ce discours dérangeait la gauche bien pensante. Va t-on retenir le message ? Quand je lis Schneiderman, dont je respecte pourtant l' intelligence, je me dis que ça va être compliqué, voir impossible. Un fossé tellement énorme vous sépare du terrain... (mais je/on vous invite qd vous voulez)
Et Charlie défendait les jeunes zadistes de Sivens : des jeunes citoyens pacifistes (pensant à autre chose qu'à leur tablette et à leurs points retraite) qui, malgré la désinformation des membres de l'Etat et du Conseil Général, menaient un combat juste et étaient bien du côté de la loi. Et, qu'est-il arrivé ? Un harcèlement moral et physique de la gendarmerie envers ces jeunes résistants qui s'est conclu par l'abattage de Rémi (que je ne fais pas porté au gendarme mais au préfet). Quel respect pour l'engagement des jeunes ? Quel message a-ton envoyé à la jeunesse et à son implication citoyenne ?
Les jeunes ont besoin d'un idéal et d'une perspective d'un monde meilleur pour ne pas sombrer dans le fanatisme et non pas seulement de pourvoir d'achat.
Pour finir, on (en général)/ASI parle peu/ou pas de Bernard Marris, une des piliers de Charlie pour qui j'avais une grande admiration. Pourquoi ? -
kokopeli
J'ai la nausée.
Je me sens vraiment mal face à "cette grande marche démocratique" ..
Nous avons bâti notre paix, notre tranquillité, notre richesse, notre morale même sur des sables mouvants de famines, de guerres, de colonisations. .. Tout cela est encore plus que jamais d'actualité! et aujourd'hui, parce que de courageux journalistes résistants! de vrais militants de la paix, eux, sont abattus sauvagement, les gouvernements de France, d’Europe, d’Amérique et d’Israël, et leurs peuples avec, deviennent tous, comme par magie, main dans la main, des combattants de la liberté! On entend ça en boucle sur nos ondes depuis trois jours.
La maison se fissure et nous serions de braves innocents???
Je n'irai pas défiler sous cette bannière: "nous sommes des pays de paix" "Nous sommes les gentils démocrates" c'est faux!
Je me sens décalée... malheureuse... écœurée parce que j'ai le terrible pressentiment qu'ils sont morts pour rien, tout comme l'effondrement des banques et Fukushima n'ont servi à rien.
La seule bonne question qui devrait être posée, selon moi, c'est:
"Comment continuer à vivre dans cette opulence sans meurtrir le reste du monde et le rendre fou? dois-t-on continuer??"
Ces hommes courageux vont me manquer. Je me trompe peut être (difficile de penser par sois-même en ce moment!) mais quelque chose à l'estomac me dit qu'ils n’aimeraient pas cette unanimité dégoulinante de bons sentiments hypocrites.
descendre dans la rue main dans la main avec ces politiciens qui n'ont jamais rien eu à foutre de Charlie Hebdo, ces politiciens que Charlie Hebdo combattait... non merci!
Par respect pou eux je vais chercher un autre moyen de ne jamais les oublier!
Je suis Charlie -
.augustin
"Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs."
Merci.