Israël/Gaza : Sderot ou la "guerre canapé"
Vincent Coquaz - - 0 commentairesLa guerre, comme un spectacle.
Ces derniers jours, les JT avaient les yeux braqués sur Gaza, et pour obtenir des images, TF1 et France 2 ont eu la même idée. A un jour d'intervalle, les deux chaînes ont posé leur caméra sur le "promontoire" de Sderot, ville israélienne à un kilomètre de la bande de Gaza. Le 8 et 9 juillet, le téléspectateur se trouvait donc en compagnie d'Israéliens venus profiter de la "vue imprenable sur Gaza", "comme au spectacle". Certains sont pour une intervention au sol, "pour en finir", d'autres y sont opposés. Mais tous soutiennent les raids aériens. |
Format JT oblige, à part les images, on en sait très peu sur le contexte de ce promontoire de Sderot. A l'inverse, Libé proposait aujourd'hui (en papier uniquement) un reportage sur cette pratique curieuse... sans aucune image. "A moins d’un kilomètre de la bande de Gaza, la famille Hazan est venue assister au spectacle de la guerre en profitant d’un bon pique-nique à l’ombre d’un arbre centenaire", raconte Libé, qui cite la mère de famille : « Bien sûr, ce qui se passe de l’autre côté est triste pour les Palestiniens parce qu’il y a sans doute beaucoup de braves gens chez eux. Mais bon : ils ont voté pour le Hamas, n’est-ce pas ? Qu’ils en payent les conséquences !», lâche Shoshana qui avoue «ne pas s’occuper de politique» en replongeant aussitôt dans la préparation de ses sandwichs". On apprend surtout que le public des bombardements est varié puisqu'on y voit des retraités, des vacanciers, des routiers ou des "beatnik sur le retour", qui viennent s'assurer "que le gouvernement ne ment pas et que l’opération «Bordure protectrice» s’amplifie". |
Mais comment expliquer une telle fascination ? Pour un quinqua de Tel Aviv, c'est que "la guerre est permanente dans ce coin de la planète. [...] C’est pour cela qu’ils montent sans complexe sur ce promontoire : parce que la violence fait partie intégrante de leur vie et qu’elle ne les choque pas. Pour eux, c’est un spectacle comme un autre."
L'occasion de lire nos contenus sur la guerre de communication : "#Gaza : l'autre bataille sur Twitter" et "Israël / Gaza : roquettes ou missiles ?"