Ironie et fiction : le Washington Post et le NYTimes moquent Trump

Juliette Gramaglia - - Humour - 0 commentaires

L'humour pour dédramatiser ? Pour raconter les premiers jours de Trump en tant que président des Etats-Unis, le Washington Post et le New York Times ont manié l'ironie. Chacun à sa manière, et au risque de paraître méprisants.

L'humour, meilleure arme contre Trump ? Le Washington Posts'est amusé le 24 janvier à raconter la "vraie et juste histoire de ce qui s'est passé à l'investiture de Trump". Une version qui collerait davantage avec les "faits alternatifs" défendus par l'équipe de Donald Trump. Le président affirme, contrairement aux médias, qu'il n'y a jamais eu autant de monde à une investiture qu'à la sienne ? Qu'à cela ne tienne, la journaliste Alexandra Petri réécrit l'histoire à la sauce Trump : "Voilà la version juste et impartiale de l'inauguration, écrite en accord avec les recommandations stylistiques de Trump que nous aurions dû suivre depuis le début".

"La vraie et juste histoire de ce qui s'est passé à l'investiture de Trump",
Washington Post, 24 janvier 2017

La journaliste démarre fort : "Rien de ce qui s'est produit, ni de ce qui se produira, ne sera aussi grand que l'investiture de Donald Trump". La foule ? "Elle s'étirait jusqu'à la lune". Rien n'est trop beau (ni trop gros), pour évoquer cette cérémonie du 20 janvier. Dans un style biblique, qualifiant Trump de "Jésus, mais en blond", Petri écrit : "Du monde entier, les gens étaient venus à grands frais. [...] Ils ne pouvaient pas croire qu'un être aussi parfait que Donald Trump puisse exister. Ils croyaient qu'il n'était qu'un mythe, ou une légende, ou une série d'inventions datant de plusieurs décennies. Mais ils le virent, et leurs doutes disparurent."

Sous la plume ironique du Post, Trump devient un véritable messie, qui distribue pains et poissons (estampillés "Trump" et, bien sûr, faits aux Etats-Unis), guérit de sa main les cancéreux et les autistes. Et Petri de conclure, après de longues envolées confinant à l'absurde : "Donald Trump est la star. Les gens l'aiment. Et il a gagné le vote populaire, aussi". Rappelons que le président a de nouveau affirmé que s'il n'a pas gagné le vote populaire (Hillary Clinton le devance de près de trois millions de voix), c'est parce que les élections étaient truquées.

Les "beaux téléphones" de la Maison Blanche

Le New York Times a lui aussi décidé de jouer la carte de l'ironie – mais avec davantage de retenue. Le quotidien a publié un article sur les premiers jours de la présidence de Trump intitulé "Ce n'est pas la Trump Tower, mais la Maison Blanche a de «beaux» téléphones". Plus question de fiction cette fois-ci, mais sur un ton (discrètement) moqueur, la journaliste Maggie Haberman décrit les premiers jours de Trump à la Maison Blanche. "Ses conseillers ont confié en privé qu'il semblait appréhender le déménagement dans sa nouvelle maison, écrit Haberman, mais Monsieur Trump a découvert qu'il y a plein de choses qu'il aime".

"Ce n'est pas la Trump Tower, mais la Maison Blanche a de «beaux» téléphones",
New York Times, 25 janvier 2017

Qu'est-ce que Trump aime dans sa nouvelle maison ? Les téléphones, apparemment : "«Ce sont les plus beaux téléphones que j'ai jamais utilisé dans ma vie», a dit Monsieur Trump lors d'une interview téléphonique mardi soir [24 janvier]. «Le meilleur système de sécurité du monde», a-t-il ajouté en riant.", explique Haberman.

Trump semble également apprécier les dimensions de la Maison Blanche, "la seule propriété dans laquelle Monsieur Trump a dormi qui soit plus connue que l'une des siennes", note la journaliste. "Le nouveau président s'est extasié auprès de ses conseillers sur la splendeur de la Maison Blanche et le temps qu'il doit marcher lorsqu'il veut aller chercher quelque chose dans une pièce reculée", rapporte Haberman. Apparemment, il apprécie également de "regarder" le bureau ovale, en plus d'y travailler. Et Haberman d'évoquer les redécorations effectuées par les nouveaux locataires ou encore le buffet du premier dimanche (avec des chips Lay's, semblerait-il).

Pour conclure, Haberman nous livre une réflexion du nouveau locataire de la Maison Blanche : "«Quand on connaît [les précédents locataires de la Maison Blanche, ndlr], c'est différent, vous voyez, d'une simple élégance pure ou de la taille des chambres», a déclaré M. Trump. «Il y a beaucoup d'histoire»".

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