Iran : dans "L'Heure des Pros", les manifestantes maltraitées

Louison Gasnier - Pauline Berger - - Déontologie - 68 commentaires


Depuis le 16 septembre, les rues iraniennes sont investies par les femmes. Une appropriation de l'espace public au péril de leurs vies qui est due à la mort de Mahsa Amini. On en a tous entendu parler. On a tous vu sur les réseaux sociaux des photos de cette jeune femme de 22 ans arrêtée et brutalisée par la police des mœurs jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le motif de son infraction ? Port de vêtements inappropriés selon le code vestimentaire strict de la République islamique. Son tort aura été de laisser s'échapper quelques mèches de cheveux de son voile.

Sa mort a scandalisé et ému le monde. Les images de femmes qui enlèvent et brûlent leurs voiles en signe de protestation ont fait le tour de toutes les télés. Pour parler de cet élan révolutionnaire, de nombreux experts et chercheurs, comme Azadeh Kian, sociologue franco-iranienne et professeure de sociologie, se sont retrouvés sur le devant de la scène médiatique pour tenter de nous expliquer ce qu'il se passait en Iran. 

Mais pas toujours. Parfois, des éditorialistes qui sont tout sauf experts de l'Iran, prennent la parole pour traiter de cette actualité médiatisée. Exemple-type : L'Heure des Pros du 20 septembre sur CNews. Sur le plateau, Vincent Hervouët, ex-chef du service "étranger" de LCI, aujourd'hui éditorialiste sur Europe 1, réduit à des enfantillages le combat de ces Iraniennes. Puis il s'autorise un rapprochement entre les femmes musulmanes voilées du 15e arrondissement de Paris et les manifestantes iraniennes qui luttent contre l'obligation nationale de porter le voile. Dans ces deux extraits, aucune contradiction n'est apportée. La parole n'est donnée qu'à un seul point de vue.

Pour Azadeh Kian, les similitudes entre le discours de Vincent Hervouët et celui du gouvernement ultra-répressif du président iranien, Ebrahim Raïssi, sont sidérantes, telle une légitimation de la réponse brutale des autorités iraniennes. Quant au parallèle dressé entre les femmes qui défendent le droit de porter le voile en France, et celles qui défendent le droit de l'ôter en Iran, la chercheuse met en avant la dangerosité de ce type d'association entre deux pays incomparables, tant d'un point de vue religieux que légal. Deux séquences qui posent la question de la qualité de l'information transmise dans une émission qui cumule pourtant plusieurs centaines de milliers de téléspectateurs. 

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