Invitation : polémique Libération / La République du Centre
Sophie Gindensperger - - Déontologie - 0 commentairesLa proposition d'une députée européenne de payer le voyage d'un journaliste pour couvrir son déplacement à Copenhague a généré une polémique, entre le correspondant de Libération à Orléans et la République du Centre.
Un reportage "clés en mains", de la com' pure. C'est ce que dénonçait hier Libération dans un article du correspondant à Orléans du journal, Mourad Guichard. Le journaliste y expliquait que la députée européenne UMP, Catherine Soullie, qui se rendra à Copenhague la semaine prochaine avec une délégation du Parti populaire européen, paiera par la même occasion le voyage d'un journaliste de la République du Centre, afin que celui-ci vienne couvrir son déplacement.
«Elle s’offre un super coup de pub en pleine page. Quelles que
soient les difficultés financières du journal, c’est juste navrant
qu’un tel marché ait pu être conclu», regrette dans Libération un journaliste de la
République du Centre. "La collaboratrice de la députée reconnaît aisément les faits,
mais parle d’un exercice de pédagogie: «Il s’agit de raconter ce qui va se passer à Copenhague, pas de verser dans l’autopromotion»", écrit encore Libération. Le titre rappelle que la députée est aussi candidate aux régionales |
Faux !, s'indigne aujourd'hui le rédacteur en chef du quotidien
régional Denis Léger, dans une tribune publiée dans l'édition d'Orléans. "C'est un exercice dans lequel Mourad Guichard, le correspondant
orléanais de Libération, se complaît : épingler la Rép", commence-t-il.
Il estime que Libération est allé "vite en besogne": "Comment peut-il
écrire qu'il s'agit d'un déplacement tous frais payés, alors que,
reçus à l'appui, seule une option sur l'hébergement pour une nuit a été
prise par le journaliste en question. Et comment peut-il avancer qu'il
s'agit d'un "super coup de pub" pour Mme Soullie, alors que, et pour
cause, rien n'a encore été rédigé", écrit-il, égratignant au passage le journaliste de Libération, "quelqu'un qui profite lui aussi, à l'occasion, de voyages de presse"tous frais payés" sans chercher à savoir s'il bafoue ou pas les règles déontologiques dont il se pare aujourd'hui". Guichard reconnait une invitation à Cannes en 2005, en compagnie d'autres journalistes, mais assure l'avoir dénoncée ensuite auprès du conseil régional, qui avait organisé le voyage.
De son côté, l'assistante de Soullie à Bruxelles estime que la polémique n'a pas lieu d'être. "J'aurais pu comprendre si on s'était fait attaquer après". "Il ne s'agissait pas de payer un billet d'avion mais d'aider un journal qui a des difficultés financières". "C'est une pratique très courante, que nous faisons en toute transparence". Il est en effet courant que des journalistes soient invités en voyage de presse (pour couvrir un événement politique, commercial...). Il est cependant plus surprenant qu'une telle invitation ne concerne qu'un seul journaliste, situation dans laquelle seule une version de l'événement est publiée.
Contacté par @si, Denis Léger assure que la proposition de la députée n'avait pas encore été acceptée, le journaliste ayant simplement "mis une option" sur une nuit dans un centre d'hébergement en attendant la réponse de sa direction. Direction qui, entre-temps, a décidé que le journal allait financer lui-même le déplacement et l'hébergement de son journaliste, qui suivrait non seulement la députée européenne Catherine Soullie, mais aussi d'autres élus du Loiret (PS et UMP, précise-t-il), qui se rendent eux aussi à la conférence sur le climat.