Insécurité : France 2 pointe le retard de Nice sur Grenoble et Lille
Sébastien Rochat - - 0 commentaires Voir la vidéoEn stigmatisant l'inaction des maires de gauche face à l'insécurité, Christian Estrosi a-t-il parlé trop vite ?
Dans une interview au Journal du Dimanche le 14 août, le maire de Nice a proposé de sanctionner "les municipalités qui ne se conforment pas à leur obligation de sécurité" par "une très forte amende". Sur quels critères ? Mystère. Mais le ministre de l'Industrie a des noms en tête : "Pourquoi Martine Aubry ne veut-elle pas de caméras de surveillance dans sa ville ? De même, pourquoi le maire de Grenoble ne fait-il rien pour sécuriser sa commune et se plaint-il que tout explose ?" s'est-il agacé. |
Le maire de Nice déplore donc la politique de ses collègues de Grenoble et de Lille en matière de sécurité. Sauf que d'après les dernières statistiques, le taux de criminalité a diminué plus vite dans ces deux villes que dans la ville de Nice comme l'a montré un reportage du 20 heures de France 2 diffusé lundi soir. Selon France 2, le taux de criminalité a baissé de 0,9% à Lille de 2006 à 2008. Le même taux n'a baissé que de 0,5% à Nice. |
Le chiffre utilisé par France 2 - le taux de criminalité - correspond au nombre de crimes et délits ramené à une population donnée (pour 1000 habitants). Ce chiffre, qui recouvre des réalités très différentes, sert habituellement de référence au gouvernement pour évaluer sa politique de lutte contre l'insécurité. En septembre dernier, Brice Hortefeux avait par exemple convoqué les préfets des dix départements où le taux de criminalité n'avait pas suffisamment baissé. Mais curieusement, quand il s'agit d'évoquer les chiffres de l'insécurité par ville, le gouvernement - à commencer par Estrosi qui a refusé de commenter les chiffres de France 2 - n'avance plus ce taux de criminalité.
| Pourquoi ce silence ? Sans doute parce que ce taux, si souvent utilisé par le gouvernement pour vanter l'efficacité de sa politique à l'échelle nationale, n'est pas très favorable à certains maires de droite. France 2 a montré que le taux de criminalité avait davantage baissé à Lille qu'à Nice. Et ce n'est pas un cas isolé. Si l'on prend les cinq plus grandes villes de France (Paris, Marseille, Lyon, Toulouse et Nice), le taux de criminalité a davantage baissé dans les villes dirigées par la gauche. Ainsi, en comparant les chiffres de 2006 et ceux de 2008, il apparaît que le taux de criminalité a le plus diminué dans les villes de Lyon, Paris et Toulouse (-16 points à Lyon, -9 points à Paris et -7 points à Toulouse) alors pour les villes de Marseille et de Nice, dirigées par des maires de droite, la baisse est moins forte (-6 points à Marseille et -5 points à Nice). On comprend donc mieux pourquoi Estrosi préfère ne pas commenter ces chiffres |
Un élément supplémentaire pour notre dossier : "Délinquance : l'inépuisable filon"