Infiltrés / F2 : des catholiques traditionnalistes perdent leur procès

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Des catholiques traditionalistes ont perdu jeudi le procès en diffamation qu'ils avaient intenté contre un reportage en caméra cachée de l'émission les "Infiltrés", diffusé en avril 2010 et intitulé "A l'extrême droite du Père".

Le reportage diffusé par France 2 en avril 2010 montre un groupuscule d'extrême-droite, Dies Irae, dirigé par un ancien militant du Front national, et établit un lien avec le milieu catholique traditionaliste, représenté à Bordeaux par l'Institut du Bon pasteur, dirigé par l'Abbé Philippe Laguérie, ancien curé de l'église intégriste Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris. Selon le concept de l'émission, le journaliste, en se faisant passer pour un nouveau militant, s'était infiltré en caméra cachée parmi les membres du groupe. On suivait donc la vie de Dies Irae lors de réunions ou de séances d'entraînement sur un parcours militaire :

Le journaliste s'était infiltré aussi en se faisant passer pour un surveillant dans l'école privée hors-contrat Saint-Projet, gérée par un proche de l'Abbé Laguérie. Il y avait été témoin de chants et discours ouvertement racistes et antisémites proférés tant par des élèves que par certains parents ou enseignants, comme on le voit dans cette vidéo :

Quatre journalistes, dont le présentateur David Pujadas et le fondateur de l'agence Capa, Hervé Chabalier, ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Paris, rapporte l'AFP. Les propos visés ont été jugés soit non-diffamatoires, soit diffamatoires mais le tribunal a reconnu la "bonne foi" des journalistes, a expliqué la présidente Anne-Marie Sauteraud. Le tribunal a estimé que "compte tenu du sujet d'intérêt général (...) les prévenus disposaient d'une base factuelle suffisante pour tenir et diffuser les propos litigieux".

David Pujadas avait expliqué à la barre le 11 septembre que la caméra cachée permettait de "faire la différence entre le discours officiel et la réalité des faits", pour "rendre compte d'une réalité qui est cachée", rapporte l'AFP. Pour le journaliste, cette émission a "une utilité publique". "L'infiltration est quasi aussi ancienne que le journalisme", avait-il poursuivi, citant en exemple Albert Londres. Dans des "cas exceptionnels, la fin justifie les moyens", avait estimé Pujadas.

Les procédés utilisés par ce reportage "ne sont pas en eux-mêmes exclusifs de la bonne foi", a estimé le tribunal, et "ils peuvent être admis s'ils sont un moyen nécessaire pour révéler au public des faits relevant d'une information légitime sur un sujet d'intérêt général qui n'auraient pas pu être découverts sans ces procédés". Le rédacteur en chef et le journaliste "infiltré" ont par ailleurs tous deux évoqué les menaces de mort dont ils ont fait l'objet après l'émission.

L'abbé Laguérie a accusé le journaliste d'"amalgame", de mensonge, et assure que sa paroisse n'est pas liée à Dies Irae, et qu'il ne connaissait pas le groupuscule avant l'émission. L'abbé, qui reconnait un "lien moral" avec l'école Saint projet, a expliqué qu'il ne l'avait pas fondée et condamné "fermement" les propos antisémites tenus dans les couloirs de l'établissement.

Si certains passages poursuivis "contiennent certaines inexactitudes ou approximations", relèvent les juges, elles n'ont qu'une "faible incidence sur la portée des propos" et ne sont pas déterminantes. Le tribunal a par ailleurs rappelé qu'il n'avait pas à se prononcer sur l'existence ou non des délits de montage ou d'atteinte à la vie privée, qui font l'objet d'une procédure distincte.

Par ailleurs, l'opposition socialiste avait dénoncé une complaisance du maire de Bordeaux, Alain Juppé, à l'égard des catholiques intégristes de la parioisse Saint Eloi. Nous l'évoquions ici.

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