Incendies/USA : mentionner (ou pas) le réchauffement climatique ?

La rédaction - - 0 commentaires

Dans un article consacré à la couverture médiatique de la vague d'incendies qui touche la côte ouest des Etats-Unis, le site américain Media Matters relève que peu de journalistes font le lien entre ces incendies et le réchauffement climatique. Une relation pourtant établie par des chercheurs, et même évoquée par Barack Obama lors de la présentation de son "plan climat".

site américain Media Matters relève que peu de journalistes font le lien entre ces incendies et le réchauffement climatique. Une relation pourtant établie par des chercheurs, et même évoquée par Barack Obama lors de la présentation de son "plan climat".

Les medias prennent-ils le soin d'expliquer à leurs lecteurs américains que les incendies qu'ils observent sont la conséquence de bouleversements climatiques plus profonds ? Après avoir écumé les journaux nationaux dont les Unes incandescentes montrent des paysages embrasés, le verdict de Media Matters tombe : seul le New York Times relie explicitement incendies, sécheresses et réchauffement climatique. Le quotidien rappelle que les températures plus élevées favorisent les départs d'incendies, et contribuent à leur propagation en asséchant des terres et végétaux déjà peu arrosés par les pluies en cette saison. Le directeur du département des ressources naturelles de la ville de Washington Peter J. Goldmark, cité dans l'article, résume : "La saison des feux a commencé avec un mois d’avance, nos cultures sont arrivées à échéance des semaines en avance et la sécheresse habituellement réservée au mois d’août a débuté en mai ... Bon Dieu, si ce n’est pas un signe du changement climatique, qu'est-ce que ça sera quand ce sera le cas ?"

Une du Wall Street Journal datée du 3 août

Les précédentes analyses de Media Matters aboutissaient déjà à cette conclusion, rappelle le site : "Les journaux californiens n’ont mentionné le changement climatique que dans 11 % de leurs articles [sur les incendies] pendant une période de trois mois en 2014, et dans seulement 7 % sur une période similaire, en 2013. Chez les principaux journaux nationaux la même année, 9 % ont mentionné le changement climatique dans leur couverture et seulement 4 % en télévision".

Pourtant, des chercheurs américains ont déjà affirmé qu'il était possible d'établir une causalité entre durée des incendies et réchauffement climatique sous l'effet de l'homme. Un rapport du National Climate Assessment (NCA) paru en 2014, qui compile des centaines de travaux scientifiques, établit non seulement le lien entre sécheresse, réchauffement climatique et augmentation des incendies, mais explique également que les feux de saison à venir toucheront des zones de plus en plus étendues. Par ailleurs, une récente étude parue dans Nature Communications (publication scientifique en ligne éditée par le groupe qui édite par ailleurs Nature) démontre qu'entre 1979 et 2013, la surface des régions touchées par les incendies a augmenté de 3% par an dans le monde, soit une augmentation cumulée de 108% de la superficie mondiale affectée. Les auteurs de l'étude ajoutent que la durée des saisons durant lesquelles se produisent les incendies a augmenté au cours des trente-cinq dernières années (voir illustration). Conclusion de l'auteur principal de l'étude, Matt Jolly : les "climats extrêmes" vont devenir la "nouvelle normalité".

Evolution mondiale de la durée (a) et de la fréquence (b) de la saison des feux entre 1979 à 2013
(image extraite d'un article paru en 2014 dans Nature Communication)

L’omission est d’autant plus surprenante de la part des journaux américains étudiés que les Unes étudiées par Media Matters relaient toutes les annonces du président Obama relatives à son "plan climat", dont l’une des déclarations pointait justement le changement climatique comme étant "à l’origine des étés les plus chauds, des feux de forêt, de la hausse du niveau de la mer, en somme, des évènement météorologiques extrêmes".

(Par Julia Gualtieri)

Lire sur arretsurimages.net.