Immigration : et maintenant, on fait quoi ? (presse suisse)

Gilles Klein - - 0 commentaires

Les Suisses ont choisi l'isolement. Ils ne veulent plus de la libre circulation des personnes avec l'Union européenne. Il a suffi de 19 500 voix d'écart pour qu'une proposition du parti populiste UDC demandant des quotas d'immigration soit adoptée par un vote national, dimanche 9 février. Malgré son opposition à cette mesure, le gouvernement suisse va devoir présenter une loi fixant des plafonds annuels d'immigration en fonction des "intérêts économiques globaux de la Suisse et dans le respect de la préférence nationale."

L'UDC a toujours été opposée aux étrangers comme le montre cette affiche (ci-dessous, à gauche) de 2007. Elle a remporté en victoire en 2014.

Affiche appelant à voter non à la proposition de l'UDC

En 2013, les étrangers représentaient 23,5% (1,88 million de personnes) de la population en Suisse, selon l'AFP.

"Une victoire qui gifle l’autre Suisse" titre le quotidien Le Temps, qui souligne l'opposition "entre villes et campagne", et le "fossé de sensibilités" entre Suisse romande (qui a voté non) et Suisse alémanique (qui a voté oui). Le quotidien note ce paradoxe : "ce sont les régions les moins touchées par l’immigration et la libre circulation qui ont marqué le plus nettement leur volonté de les maîtriser."

Pour Le Temps, c'est "une victoire énorme pour l’UDC qui partait seule contre tous, Conseil fédéral, gouvernements cantonaux, partis politiques, associations économiques et patronales, syndicats." L'éditorial explique : "En votant oui avec l'UDC beaucoup ont pensé, un peu naïvement, qu'il s'agissait simplement de reprendre en main l'immigration, et non d'un vote politique qui menace l'ensemble de nos relations avec l'Europe."

C'est un bouillon qui rassemble, selon La Liberté, "les vieux poireaux des initiatives contre la surpopulation étrangère, les carottes recuites du combat contre l’Espace économique européen (EEE) et des gousses d’ail rassis de l’initiative contre les minarets". Une allusion au fait qu'en 2009 l'UDC avait fait approuver l'interdiction des minarets dans le pays.

"A une majorité de 50,3%, les Suisses ont accepté l'initiative UDC Contre l'immigration de masse." présentée par le parti UDC (droite populiste) constate La Tribune de Geneve qui souligne aussi le clivage entre les cantons romands qui ont voté contre, et le reste de la Suisse.

Selon le quotidien, qui consacre 4 pages au sujet, ce vote "remet en cause l'ensemble de nos relations" avec l'Union Européenne, et il s'applique aussi bien aux demandeurs d'asile, qu'aux frontaliers, au grand dam du patronat suisse, alors qu'une partie des Verts avait appelé à voter pour l'isolement du pays..

La Tribune de Genève cite Michel Charrat, président du Groupement transfrontalier européen: "Les conséquences pour les frontaliers sont les mêmes que les conséquences pour les Suisses dans leur ensemble. Ce qui est mis en péril, c'est l'économie suisse toute entière. Notre sort est intimement lié. C'est un véritable bouleversement. (...) Il y a tellement de choses en jeu qu'il est pour le moment impossible d'imaginer toutes les conséquences."

"Une Suisse divisée chamboule ses relations avec l'Europe" titre, de son côté, 24 Heures avec une caricature où l'on croit reconnaître Le Pen, mais c'est en fait Christophe Blocher, le millionnaire qui soutient l'UDC tenant deux barrières frontalières en forme de paire de skis, médaille d'or olympique accrochée autour du cou.

"Et maintenant on fait quoi ?" s'interroge le quotidien populaire Le Matin. "J’ai honte d’être Suisse" s'intitule même l'un des articles qui cite un restaurateur du Jura suisse, Michel Braconnat, qui est aussi un élu "Servi par deux sommelières frontalières, le maire de Haute-Ajoie n’a pas digéré le vote de ses concitoyens."

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