Houellebecq : "Ariane Chemin paie pour les autres" (ONPC)
Vincent Coquaz - - 0 commentaires"Pas de photo et pas de correspondance privée. Le reste je m’en tape."
Invité pour la première émission de la saison d’On n’est pas couché (France 2), Michel Houellebecq est revenu sur l’enquête en six volets que Le Monde lui a consacrée. Après avoir refusé de répondre à la journaliste du quotidien, Ariane Chemin, et demandé à ses proches de faire de même, Houellebecq a depuis fustigé le résultat de l'enquête. Il lui reprochait par exemple de "compliquer le travail de ses gardes du corps" (même si @si a pu vérifier l'inverse) et a cette fois souligné quelques erreurs factuelles dans les articles, sur le plateau de Laurent Ruquier. Mais les écarts d'Ariane Chemin relèvent plutôt de l'anecdotique : la "réunion de crise" entre Houellebecq et son éditrice le soir des attentats de Charlie Hebdo n'aurait ainsi pas eu lieu... à Flammarion, mais chez l'écrivain.
Surtout, poussé par Léa Salamé (et longuement défendu par le nouveau chroniqueur Yann Moix), Houellebecq a répété à plusieurs reprises son principal grief contre les articles du Monde : il n’accepte pas que "sa correspondance privée" soit publiée.
Mais à quelle "correspondance privée" Houellebecq fait-il référence ? Dans les six articles de la série d'été, aucune trace d’échanges écrits de l’auteur. Ce dernier vise en fait uniquement le "making-of" de l’enquête. Dans celui-ci, Ariane Chemin cite… la réponse de Houellebecq à sa demande d’interview : "Furieux que Le Monde engage, cet été, une série d’articles dont il n’a pas l’initiative, Michel Houellebecq nous a répondu, le 26 juin : «Je refuse de vous parler et je demande aux gens que je connais d’adopter la même attitude.» En copie de son mail, le Tout-Paris, des philosophes Bernard-Henri Lévy et Michel Onfray en passant par l’écrivain Frédéric Beigbeder. Consigne leur est donnée, si Le Monde persévérait dans son entreprise, de ne pas hésiter à «porter plainte au civil» : «La procédure judiciaire est finalement simple, et plutôt lucrative.»"
Et pourquoi l’écrivain ne porte-t-il pas plainte, s’il estime qu’Ariane Chemin n’avait "pas le droit" de publier cette "correspondance" ? "J’ai rendez-vous chez l’avocat demain", s’amuse l’écrivain, qui a donc pu rencontrer son conseil vendredi dernier (l’émission étant tournée le jeudi). Surtout, l’auteur reconnait que s’il en veut tant à la journaliste du quotidien, c’est surtout parce qu’elle "paye pour les autres". "J'aurais du porter plainte [avant], quand il y a eu des photos de moi publiées contre mon gré il y a dix ans, j'aurais du porter plainte contre le site Bakchich qui a raconté que j'avais un compte caché au Liechtenstein. C'est vrai qu'elle paye un peu pour tout le monde", concède-t-il. "Elle paye aussi pour les futurs. J’espère qu’on m’emmerdera moins."
L'occasion de lire la chronique de Daniel Schneidermann : Houellebecq contre Le Monde, narrateur littéraire contre narrateur médiatique