Hollande / retraite : et les congés maternité ?

Décidément, il n'est pas facile de savoir ce que souhaite exactement François Hollande à propos du retour à la retraite à 60 ans. Entretenant le flou sur cette question, il avait pris un seul engagement ferme, celui d'un retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont déjà leurs 41 ans de cotisation. Sauf que selon Le Figaro, il pourrait y avoir des déçus : tous ceux qui ont obtenu des trimestres bonus suite à une interruption de leur carrière (congé maternité et service militaire entre autres). Le Canard enchaîné a tenté d'y voir plus clair, non sans mal.

"La promesse d’Hollande pourrait faire des déçus", titre Le Figaro du 3 février 2012. Le retour à la retraite à 60 ans est le 18 e engagement du programme de François Hollande : "Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge", peut-on lire dans le programme. Pour un syndicaliste spécialiste des retraites, interrogé par Le Figaro, le mot "cotisé" est lourd de sens.

"La durée prise en compte pour le calcul de la retraite (41 ans pour un taux plein pour la génération 1952, première concernée par la promesse du candidat socialiste) comprend en effet des trimestres cotisés, c’est-à-dire travaillés, mais aussi des trimestres «assimilés» et des majorations, explique le quotidien. Les périodes assimilées sont celles où le salarié n’a pas cotisé mais où des trimestres lui sont accordés au nom de la solidarité nationale : congé maternité, congé parental, chômage, arrêt maladie long, invalidité, service militaire. Les majorations, elles, concernent surtout les mères de famille (deux années de «bonus» par enfant)". Faut-il comprendre que toutes les mères de famille qui ont commencé à travailler à 19 ans, mais ont pris un congé maternité, ne pourront pas partir à 60 ans avec la réforme Hollande ?

Interrogée par Le Figaro, Marisol Touraine, responsable du social dans l'équipe de Hollande, confirme ces restrictions. Injuste ? Touraine élude : "Il s’agit d’une mesure de justice immédiate, pas d’une réforme". Sous-entendu : la suite est renvoyée aux fameuses négociations avec les partenaires sociaux.

Le Canard enchaîné d'aujourd'hui a cherché à se faire confirmer les restrictions de cette mesure. Car l'enjeu est de taille : selon l'hebdo satirique le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont pleinement cotisé coûte 1,5 milliard d'euros par an. Mais si on ajoute ceux qui ont obtenu des trimestres bonus, le coût passerait à 5 milliards. Joint par l'hebdomadaire, Touraine a maintenu ses déclarations. En revanche, Jean-Marc Ayrault a déclaré ne pas savoir "si François Hollande a arbitré" cette question. Quant à Michel Sapin, chargé du projet présidentiel, il contredit Touraine : "On intégrera le congé de maternité. Pour le reste, je ne peux rien dire, sinon qu'il y aura une consultation des partenaires sociaux." Et combien la mesure coûtera-t-elle, alors ? Mystère.

Un nouvel élément pour notre dossier : "Retraites, derrière les propagandes".