Hollande, l'homme qui rit dans les tempêtes

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

/media/breve/s149/id14804/original.55386.zoom.jpg

Voici un homme heureux. Jovial. Facétieux, semble-t-il. Qui nous désigne un spectacle, hors champ, que nous ne voyons donc pas, mais manifestement de nature à le réjouir. Quel est ce spectacle ? C'est Le Lab d'Europe 1 qui l'explique. François Hollande, vendredi matin, vient de recevoir Jean-Luc Mélenchon. Et il s'apprête à accueillir sur le perron Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne. Et voici la bonne blague : il explique à ses copains photographes (dont celui de Reuters, qui a déclenché au bon moment) avoir fait en sorte (horaires minutés, portes dérobées) que les deux ne se croisent pas. Le bruit et la fureur, contre le bourreau de la Grèce, en effet, la rencontre aurait pu faire des étincelles.

Et l'idée, la représentation, le fantasme de cette rencontre qui n'aura pas lieu l'amuse, manifestement. On ne peut pas éternellement faire une croix sur les petites blagues. Se fussent-ils croisés dans les couloirs de l'Elysée, le spectacle n'eût pas manqué de saillies, de répliques, de piquant. Peut-être le ton fût-il monté. Au fond, pourquoi ne pas en rire ? La rigueur sur l'Europe, les menaces sur l'Espagne et le Portugal, les Grecs qui renoncent à se soigner, tout ceci peut aussi se regarder du balcon, comme une pièce de boulevard, n'est-ce pas, avec amant en caleçon qui s'éclipse par la fenêtre.

Heureux homme. Il aura, dans les mois qui viennent, bien d'autres occasions de s'égayer. Pendant le week-end, à en croire Libération, il a retenu par la manche Montebourg, qui menaçait de démissionner, après avoir été humilié par Ayrault, à propos du repreneur fantôme des hauts fourneaux de Florange, qu'il (Montebourg) assurait avoir trouvé. Imaginez la scène, si Montebourg menace de croiser Ayrault, si Mittal croise les syndicalistes de Florange, si Merkel croise n'importe qui : on n'a pas fini de rire.

Lire sur arretsurimages.net.