Hollande, "candidat normal"... et courtisé ?

Sébastien Rochat - - 0 commentaires

"Une cohérence", "une gêne durable pour la droite", "une botte redoutable": la gauche a enfin trouvé l'arme nucléaire pour gagner en 2012 face à Nicolas Sarkozy : c'est la "normalité" de François Hollande. Michel Marian, maître de conférences de philosophie politique à Sciences Po, en est convaincu. Il l'a même écrit dans une tribune publiée dans Le Monde du 31 mai en multipliant les qualificatifs élogieux sur cette candidature. Analyse manifestement très risquée... au moment où Hollande caracole en tête des sondages depuis la mise à l'écart de DSK de la course à la présidentielle.




"Les élections se gagnent, souvent, avec des mots. Celui qui a fait mouche dans cette phase de précampagne, est l'adjectif "normale", dont François Hollande a qualifié sa candidature", explique Michel Marian, maître de conférences de philosophie politique à Sciences Po, dans une tribune au Monde. Et ce spécialiste maîtrise bien son sujet : pendant 15 paragraphes et autant de qualificatifs positifs, il dit tout le bien qu'il pense du concept de "normalité" introduit par François Hollande en janvier dernier.

La normalité, c'est donc une "cohérence" avec les premiers choix du candidat (moins gros, moins drôle), une "gêne durable pour la droite" face à un Sarkozy qui est un chef d'Etat "abusif". D'ailleurs, c'est bien simple, la normalité d'Hollande est "une botte redoutable" qui "capte un moment historique", celui d'un "retour à la normale" après l'ère Sarkozy. C'est tout ? Sûrement pas ! "Hollande entreprend une manœuvre inédite : si, voter pour lui, c'est revenir à la normale, alors le tenant du titre se trouve "déprésidentialisé", privé de son passé, explique Marian. La stratégie du Corrézien ne "saute" pas seulement le premier tour, mais même le premier quinquennat". Et puisqu'on y est, il peut même "sauter" l'élection puisqu'il est "subliminalement déjà président".

Après cet accès d'enthousiasme,, Marian reprend ses esprits, et explique que "le message est double" (après en avoir donné cinq interprétations) : "Le candidat normal est un candidat proche, mais en même temps un caractère exceptionnel s'il peut rester comparable à l'homme ordinaire au niveau de tentations où le placent son statut et son ambition". Proche des gens avec des qualités exceptionnelles, parfait ! On continue ?

"Dans le chemin qu'il trace, beaucoup d'hommes normaux (plus que les femmes, selon les sondages) découvrent avec plaisir une force cachée qui permet de rattraper les géants et de défaire les monstres", poursuit Marian : "Quelle est cette force ? La patience, la perspicacité, le sang-froid, la maîtrise de soi ? A chacun de s'y projeter, étant entendu qu'elle a à voir avec le temps de l'expérience plus qu'avec les dons de la naissance".

Si vous séchez sur de nouvelles qualités, il suffit de lire la suite : "La référence à la norme et à la normalité offre aussi des ressources qui vont au-delà de la tactique", "elle peut surprendre", "elle suppose une éthique partagée". Mieux, "elle induit aussi une philosophie politique proche d'Aristote". N'en jetez plus, l'obole est pleine ! Evidemment, après 15 paragraphes dithyrambiques, il faut bien quelques bémols. Avec la normalité, le "risque évident est celui d'une forme de conservatisme". A la question posée dès le titre de la tribune - "Qu'est-ce qu'un candidat "normal" à la présidence de la République ?" - on peut raisonnablement répondre: c'est un candidat en tête des sondages, dont la Cour est déjà en formation.

Lire sur arretsurimages.net.