Hébrard, et les medias parisiens

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Joris Hebrard, maire FN du Pontet (Vaucluse) a été réélu.

Son élection avait été invalidée, pour cause de signatures ltigieuses sur les listes d'émargement. Hébrard a été réélu avec deux mille voix d'avance, et près de 60% des suffrages, alors qu'il ne comptait en 2014 que sept voix d'avance (la participation est en hausse de 2% par rapport à 2014, de 34 à 36%, restant néanmoins très basse pour une municipale).

Elu en 2014, Hébrard avait été propulsé dans le petit club des nouveaux maires FN ultra-scrutés, ultra-médiatisés. Pour les medias nationaux, Hébrard restera comme le maire qui a supprimé la gratuité des cantines scolaires pour une soixantaine de familles pauvres. Une multitude de reportages avait salué cette décision (alors qu'une décision identique de la municipalité de Toulouse n'a quasiment pas été médiatisée, comme on le relevait ici). Mais ce n'est pas tout. Il a aussi supprimé la participation de la commune au Téléthon. Il s'est octroyé une augmentation d'indemnité de 40% par rapport à son prédecesseur, avant d'y renoncer sous pression de la chambre régionale des comptes. C'est peu dire que les tensions, y compris internes, au sein de la municipalité, ont été médiatisées, comme en témoignait cet article du Lab, mettant en ligne un débat croustillant enregistré clandestinement au sein de l'équipe FN. Dans une tribune émanant d'un conseiller municipal UMP, Rue89 évoquait "la grosse Mercédès" du maire, avant que son directeur de cabinet n'explique, dans un droit de réponse, que cette Mercédès de 1997 avait été achetée 3000 euros.

Savoir si cette ultra-médiatisation est professionnellement légitime est un débat inépuisable. Ce qui est certain, c'est qu'elle est d'une totale inefficacité sur l'électorat. Voire contre-productive. Reste en effet à analyser, dans la réélection de Hébrard, la part que prend le rejet des plus pauvres par les classes moyennes (écouter ce qu'en disaient sur notre plateau Pierre Joxe et Emmanuel Todd) et celle du rejet mécanique, viscéral, des "medias parisiens" dont les attaques, habilement répercutées par les élus attaqués, sur le thème de ces-medias-parisiens-qui-ne-nous-comprendront-décidément-jamais, restent un solide ciment d'adhésion.

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