Hayange : surmédiatiser les folies d'Engelmann ?
Daniel Schneidermann - - 0 commentairesOn n'a jamais vu autant de journalistes à Hayange (Moselle).
A peine l'équipe de Canal+ est-elle rentrée à Paris, que voici Libé, et le site de France Télévisions. Au centre de leurs curiosités, les bizarreries de la campagne et de la gestion municipales de Fabien Engelmann, le nouveau maire FN, amateur de cochonnailles et de peinture tricolore sur wagonnets (on vous a raconté ça ici et ici). Et cette affluence ne manque évidemment pas de déchainer les sarcasmes des soutiens du maire, comme le site Riposte laïque, joyeuse buvette des "Gaulois sincères". Et si c'était un maire PS ou UMP ? demande le site. Serait-il traité de la même manière ?
Bonne question. Faut-il surmédiatiser les folies de Engelmann ? Disons que ce n'est pas une pratique idéale. D'une part parce qu'elle présente le risque évident de souder la population de Hayange autour de son maire-injustement-malmené-par-les -journaleux-parisiens. D'autre part, tout simplement, parce qu'on risque l'acharnement. Oui mais voilà. On n'a pas le choix. L'ascension électorale du FN (en suffrages exprimés, je précise. Disons sa relative stabilité en nombre de votants) repose notamment sur le tapis rouge médiatique que lui offre sa situation de non-responsabilité. A quoi ressemble le spectacle de la vie politique ? A des partis de gouvernement foudroyés par l'impuissance, le ridicule, et la corruption. Et face à eux, à une sauveuse blonde qui n'a rien d'autre à faire que de déployer des trésors d'éloquence.
Partout où le FN se trouve si peu que ce soit confronté au réel, il est donc légitime pour des medias simplement soucieux d'équité, de se précipiter, de fouiller, de disséquer, et d'interroger sans relâche la direction du parti sur sa gestion des dysfonctionnants. Ce n'est pas de l'acharnement, mais de la simple équité. Ou alors, on peut dire qu'il y a des acharnements légitimes. Quant à savoir si c'est efficace, c'est une autre question.