Hariri : la piste Hezbollah n'intéresse pas les télés

Justine Brabant - - 0 commentaires

Compliqué, inintéressant, trop éloigné ? Les nouvelles pistes concernant l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafiq Hariri ont été peu reprises dans les médias français.

Le Spiegel a frappé un grand coup, en évoquant la possible responsabilité du Hezbollah dans la mort du premier ministre libanais Rafiq Hariri, assassiné à Beyrouth le 14 février 2005. Selon l'hebdomadaire allemand, l'enquête du tribunal spécial pour le Liban (mis en place par l'ONU) s'orienterait sérieusement vers le mouvement chiite libanais, alors que jusqu'à présent, les soupçons portaient sur les services secrets syriens.

Dans un article paru le 23 mai (disponible en allemand et en anglais), le Spiegel affirme que d'après des "sources proches" du tribunal spécial pour le Liban mis en place par l'ONU en mars 2009, ça ne seraient "pas les Syriens, mais les forces spéciales de l'organisation chiite Hezbollah ("le parti de Dieu") qui ont planifié et exécuté l'attaque diabolique." L'enquête du tribunal se baserait notamment sur l'identification de téléphones mobiles qui auraient servi à coordonner l'attentat, et dont les détenteurs seraient liés à des personnalités du Hezbollah.

Le mouvement chiite a démenti ces accusations, les considérant comme des "affabulations dont l'objectif est d'influencer la campagne électorale" (des élections législatives se tiendront au Liban le 7 juin prochain).

Mais cette nouvelle piste dans l'enquête sur la mort d'Hariri n'a pas intéressé les journaux télévisés français, qui n'y ont pas consacré une seule seconde (journaux du soir de TF1, France 2 et France 3). La faute à une actualité chargée ? Pourtant, ces mêmes jités ont trouvé, dimanche et lundi, le temps de revenir assez longuement – deux reportages sur France 2, un sur TF1 – sur la finale de "Britain's got talent", cette émission télévisée anglaise qui a vu s'affronter Susan Boyle (chanteuse écossaise devenue star mondiale en quelques jours) et "un postier qui danse comme Michael Jackson".

Image du reportage de France 2 sur Boyle, diffusé le 24 mai picto

Plus surprenant : certains spécialistes de géopolitique, comme le journaliste de France Inter Bernard Guetta, n'ont pas non plus repris les révélations du Spiegel. Interrogé par @si, Guetta analyse: "Pour moi, ça n'est pas une information sensationnelle, car le Hezbollah n'aurait jamais pu faire ça sans l'aval des Syriens. Et même matériellement, je ne suis pas sûr que ça soit possible pour eux."

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