Guerrier, journaliste pour France 5 et... Total (Mediapart)
Manuel Vicuña - - Déontologie - 0 commentairesLe journaliste Thierry Guerrier, joker d'Yves Calvi à la présentation du magazine de France 5 C dans l’air travaille en parallèle pour Total. Un mélange des genres et une double casquette épinglés par Mediapart.
En France, est-il possible de cumuler les casquettes de journaliste pour la télévision publique et celle de communicant pour l’un des principaux groupes pétroliers ? La réponse est oui. Dans un article publié le 12 avril, Mediapart s’est penché sur le CV de Thierry Guerrier. Ce journaliste expérimenté, passé par les rédactions de France Inter, France 3, LCI, TF1 ou France Info, travaille aujourd’hui pour LCP et France 5, où il remplace régulièrement Yves Calvi à la présentation de l’émission de débats C dans l’air. Seul hic : Guerrier travaille également pour Total où il assure des missions de communicant.
"Une double activité impensable ? Dans les faits, elle dure pourtant depuis environ trois ans", constate Mediapart qui revient sur cette activité débutée après son départ d’Europe 1, en septembre 2012 : "Il commence alors une première mission pour Total, où il est chargé par le directeur des ressources humaines de mener un audit sur la stratégie de communication du groupe. La mission durera près de neuf mois, à l’issue desquels le PDG de l’époque, Christophe de Margerie, lui propose de travailler pour un nouveau site mis en place par le groupe : politiques-energetiques.com Thierry Guerrier fait des interviews pour le journal papier. Il anime des débats pour le site. Il dispose d’un bureau au 43e étage de la tour Total, d’une adresse mail et d’une ligne fixe téléphonique."
L'ours du numéro 19 de Politiques énergétiques de novembre 2015, édité par Total
Guerrier "assume"
Mediapart pointe les risques de conflits d’intérêts : "Il n’est pas rare que l’émission aborde des thématiques touchant au climat, à l’énergie, à la géopolitique (comme cette émission présentée cet été par Guerrier et appelée «Obama, premier président vert ?»). Des thématiques qui ne peuvent laisser Total indifférent." Pourtant la charte de déontologie des journalistes et l’accord d’entreprise de France Télévisions sont formels : Ils prohibent clairement ce mélange d’activités. Guerrier, lui, se défend : "Le journalisme n’est plus mon activité principale. Si j’avais un poste plus conséquent, je ne travaillerais pas pour Total. Mais il faut bien que je vive. J’assume. Je ne me sens vendu à personne. Ce qui compte, c’est la manière de faire mon métier. Ma crédibilité." De son côté, la direction de la chaîne, contactée par le site affirme ignorer la situation et ne pas connaître les activités de Guerrier pour Total.