Guerre Irak : crowdfunding des familles pour poursuivre Tony Blair

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"Les responsables doivent rendre des comptes. C'est aux familles de s'assurer que justice soit faite."

Une campagne de financement participatif d’un nouveau genre a été lancée par Red Keys et Roger Bacon, parents de deux soldats tués lors de la deuxième guerre du Golfe et représentants d’une association de familles de victimes du conflit, la IWFCG. Le but de leur campagne de crowdfunding ? Financer des poursuites contre les responsables politiques, dont l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, pour leur rôle dans l’intervention britannique en Irak, lors de laquelle 179 soldats sont morts. "Nos forces armées ne doivent plus jamais être sacrifiées à cause de l'ambition politique, de l'irresponsabilité et des échecs du gouvernement", estime la IWFCG. Pour cela, l’association propose de poursuivre les responsables politiques concernés devant des tribunaux de droit commun en se portant partie civile.

Le premier objectif de 50 000 livres (environ 60 000 euros) a déjà été atteint en à peine 9 heures, et le projet a déjà récolté 94 000 livres sur son nouvel objectif de 150 000 livres (180 000 euros), qui permettrait de couvrir l’ensemble du coût de la procédure. Tony Blair n'a lui pas de souci à se faire sur ce plan : l'ensemble de ses frais de justice éventuels sur ce dossier seront couverts par l'Etat.

L'information sur cette campagne de crowdfunding a été reprise par la plupart des grands titres anglo-saxons, en Grande-Bretagne par le Guardian ou le Telegraph, et aux Etats-Unis par le Washington Post par exemple. Et en France ? Seul le site russe francophone RT France (dont @si vous parlait ici) a repris l’information (Le Pointmentionnant les "pétitions" contre Blair mais pas le crowdfunding).

Blair à Bush : "Je serai avec toi, quoi qu'il arrive"

Cette mobilisation en ligne fait suite à la publication du rapport Chilcot après sept années d’enquête parlementaire (@si vous en parlait déjà ici en 2009) sur l’entrée en guerre britannique. Les résultats de l’enquête, rendue publique le 6 juillet 2016 (avec environ six ans de retard), ont été jugés "accablants" par la quasi-totalité de la presse anglaise et européenne, comme le rapporte Le Monde. "Un verdict impitoyable" pour le Guardian par exemple, qui souligne la "réputation saccagée" de l’ancien premier ministre travailliste. A l’époque, "Tony Blair n’a pas obéi au peuple britannique mais au président américain", dénonce le quotidien, qui mettait en une un mémo secret envoyé par Blair à Georges W. Bush : "Je serai avec toi, quoi qu’il arrive…".

The Independant dénonce de son côté l’impunité dont semble encore jouir Tony Blair aujourd’hui. "Le soutien [de l’intervention] – du public comme des parlementaires – a été gagné à l’aide de preuves déguisées. Nos troupes ont été envoyées en Irak sous-équipées. […] Le résultat ? Une nation en ruines, la mort de 179 soldats britanniques et, selon une estimation à la baisse, de 150 000 civils. Mais un homme continue de danser sur leurs tombes."

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