Grèce : Tsipras, et la "politique du moindre mal" (La Tribune)
Anne-Sophie Jacques - - 0 commentairesEt pendant ce temps… la Grèce continue ses négociations avec les créanciers.
Ou du moins tente : dans un article publié aujourd’hui sur le site de La Tribune, Romaric Godin relève que le gouvernement d’Alexis Tsipras a dû renoncer à son plan anti-austérité censé contrebalancer les effets des réformes exigées par les créanciers depuis la signature du troisième mémorandum cet été. L’adoption de ce programme aurait pu compromettre le versement du milliard d’euros débloqué suite aux mesures adoptées mardi dernier par le Parlement grec.
Que proposait ce plan appelé aussi "programme parallèle" ? "Une couverture médicale à ceux qui ne sont pas couverts par la sécurité sociale", le développement "dans les mairies et les préfectures de cellule de soutien aux «personnes vulnérables»", "la soupe populaire payée par l'Etat élargie et prolongée d'une année", "une «facture sociale» d'électricité permettant des baisses pour les ménages les plus fragiles" ou encore "des classes de soutien" dans les écoles.
Las ! Selon Godin qui cite des médias grecs, ce programme parallèle a été rejeté par la cellule technique de l'Eurogroupe qui le jugeait trop coûteux. Voire inutile et contre-productif puisque le but des créanciers est de baisser les dépenses publiques et de favoriser la compétitivité. Mais, pour le journaliste, "l'objectif est aussi politique : avec ce «programme parallèle», Alexis Tsipras tentait de rassurer sa base électorale sur sa capacité à «compenser» la dureté des mesures adoptées et qui restent à adopter, notamment la très douloureuse réforme des retraites à venir". Et d’assurer que "ce rejet est l'expérience concrète de l'application du troisième mémorandum qu'il a signé le 19 août dernier. Ce texte faisait explicitement référence à la nécessité pour l'exécutif hellénique de ne prendre aucune mesure budgétaire supplémentaire sans l'aval des créanciers."
Pour autant Tsipras ne perd pas tous ses bras de fer au cours des négociations qui se succèdent depuis cet été. Comme le signale Godin, les créanciers ont dû négocier ferme sur la question des créances douteuses et sur la question des expulsions des familles surendettées. Concernant ces dernières, le journaliste écrivait en novembre que le ministre des finances grec a "tenté de réduire les exigences des créanciers […]. Jusqu'ici, ces familles étaient protégées tant que la valeur de leur bien était inférieure à 250 000 euros. Les créanciers voulaient abaisser ce seuil et lier la protection à des critères stricts". Bilan mi-figue mi-raisin selon Godin : "le gouvernement grec, sur ce sujet très sensible, a donc dû reculer, mais il a obtenu la protection des plus pauvres. C'est désormais la logique d'Athènes, celle du «moindre mal» : négocier pour réduire au maximum l'impact sur les plus fragiles des exigences des créanciers".
>> L'occasion de revoir notre émission avec le journaliste de La Tribune Romaric Godin quelques jours avant l'adhésion de Tspiras aux exigences des créanciers.