Grèce : "il y a le feu" (Jorion)
La rédaction - - 0 commentairesPaul Jorion, anthropologue et sociologue, spécialiste de l'économie capitaliste, l'un des rares à avoir prévu la crise américaine des subprimes, lance un cri d'alarme sur son blog. Face aux soubresauts que connait actuellement la Grèce, asphyxiée par une dette colossale, il s'adresse aux institutions européennes et prévient : "ll y a feu en la demeure !".
Paul Jorion met clairement en doute les réponses européennes face aux problèmes actuels de la Grèce :
"Messieurs, Dames, des instances européennes, [...] Vous ne sauverez pas la Grèce en lui enjoignant de baisser le salaire de ses fonctionnaires. Vous ne sauverez pas la Grèce en l’encourageant à combattre la fraude fiscale. Vous ne la sauverez pas non plus en créant une… cagnotte (on tombe ici dans le dérisoire !). Il est beaucoup trop tard pour tout cela. " Il poursuit : "Votre cagnotte pour la Grèce, si péniblement rassemblée, sera emportée par la bourrasque en quelques heures" |
Il craint l'effet boule de neige, et que demain des pays comme le Portugal, l'Espagne ou Chypre ne vivent la situation actuelle de la Grèce. Alarmiste, il envisage même le pire pour nos voisins d'outre-Manche : "Vous aurez alors quelques jours pour reprendre votre souffle parce que la victime suivante ne fait pas partie de la zone euro puisqu’il s’agira du Royaume-Uni."
Face à un tel risque systèmique, qui menace selon lui de ruiner une bonne partie de l'Europe, quelle solution ? S'attaquer à la racine du mal. "Tourner les projecteurs vers la cause. Vers la combinaison mortifère des notations de la dette publique des États par les agences de notation et les positions nues des Credit–Default Swaps, ces paris faits par des gens qui ne courent aucun risque mais qui créent du risque systémique à la pelle, dans un seul but : d’énormes gains personnels". Un pays déficitaire reste en effet une proie facile pour le monde de la finance.
Il est donc tant pour lui "d’envisager l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix" et Jorion de conclure que "les parieurs ne créent de la liquidité que pour d’autres parieurs" donc "« À ce stade-ci de désintégration probable de la zone euro : la liquidité, on s’en fiche ! »"
L'occasion de regarder notre émission "Les marchés sont foncièrement vains" où Jorion débattait avec Sterdyniak et Barré, pour analyser la crise de l'euro
(Par Guillaume Stoll)