Grèce : "Ce n'est pas un suicide, c'est un meurtre"

Gilles Klein - - 0 commentaires

Le suicide, sur une place au coeur d'Athènes, face au Parlement, d'un retraité qui voulait dénoncer son propre sort et la rigueur économique imposée à son pays, provoque une forte émotion en Grèce.

La photo de l'arbre au pied duquel Dimitri Christoulas (77 ans, marié, un enfant) s'est suicidé hier est à la Une du quotidien Kathimerini , aujourd'hui.

Le journal raconte que le drame s'est produit juste avant 9 heures sur la place Syntagma, au coeur d'Athènes, à l'heure de pointe où elle est envahie par les gens qui se rendent à leur travail. Selon plusieurs témoins, Christoulas a crié "Je ne veux pas laisser de dettes à mes enfants" avant de se tirer une balle dans la tête.

Le défunt avait des problèmes de santé et n'avait plus les moyens de payer ses médicaments. il a laissé une note manuscrite expliquant qu'il ne pouvait pas se faire à l'idée "fouiller les poubelles pour trouver de la nourriture, et de devenir un fardeau pour sa fille".

Pendant l'après-midi, plusieurs milliers de personnes sont venues se recueillir au pied de l'arbre, en déposant des fleurs, et en fixant des messages sur le tronc.

L'affaire est aussi à la Une de l'édition européenne du quotidien américain Wall Street Journal, avec une photo montrant un prêtre orthodoxe à côté de l'arbre couvert de textes de solidarité avec le défunt.

Le journal souligne que le taux de suicide est en hausse dans le pays depuis deux ans, et que le drame s'est joué face au bâtiment qui abrite le Parlement grec.

"C'est un suicide symbolique. S'il ne s'était pas produit ici, sur la place, devant le Parlement, personne ne s'en serait soucié", affirme un passant cité par le Wall Street Journal.



"Suicide du à l'austérité : une tragédie grecque des temps modernes", titre en page intérieure, le britannique Daily Telegraph, qui cite une note punaisée sur l'arbre, au pied duquel une femme va déposer un bouquet de fleurs : "Ce n'est pas un suicide, c'est un meurtre."

Le journal cite aussi le président du syndicat des pharmaciens (la victime est un ancien pharmacien) : "Le responsable moral de ce crime, c'est le gouvernement qui pousse la population à un tel niveau de désespoir."

Le Daily Telegraph fait un parallèle avec le suicide, mardi, d'une retraitée italienne âgée de 78 ans, qui entendait protester contre la baisse de sa retraite, de 800 euros à 600 euros par mois .


Ce triste faits divers a suscité une courte polémique  sur twitter (soulignée par Pierre Haski, fondateur de Rue89, ancien de Libération) entre Jean Quatremer (correspondant de Libé à Bruxelles) et Gérard Filoche (ex-inspecteur du travail, membre du PS).

Filoche écrit : "Sarkozy a coulé la Gréce. Suicide d’un vieil homme à Athénes : ainsi, je n’aurai pas à fouiller les poubelles pour assurer ma subsistance." Aussitôt, Quatremer répond : "Certains récupèrent la tuerie de Toulouse, d'autres un suicide à Athènes." Quelques mesages d'invective ont suivi.

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