Gosset viré de France 24 : "scandaleux"

Dan Israel - - 0 commentaires

Voir la vidéo

Le 6 décembre, France 24 devrait fêter son second anniversaire dans un esprit proche de celui qui anime ses couloirs depuis des mois : une ambiance tendue, sur fond de dissensions internes et de prises de bec publiques.


Après la mise à pied du directeur de la rédaction et du rédacteur en chef, mi-septembre (nous vous en parlions ici), c'est au tour du journaliste Ulysse Gosset d'être mis à l'écart. L'animateur du "Talk de Paris", magazine phare de la chaîne, n'a pas vu renouveler son contrat, qui arrivait à échéance fin novembre.

L'information avait été annoncée dès le 18 novembre par Le Figaro, qui évoque (sans rire) de "faibles résultats d'audience". Le 28 novembre, le magazine hebdomadaire aurait dû fêter son centième numéro, mais il a été remplacé par une autre émission d'information. Comment expliquer cette méthode, peu élégante ?

En interne, personne n'avance d'explications tranchées, mais de nombreux journalistes rappellent un épisode marquant de l'été : le 18 juillet, l'invité du "Talk de Paris" était Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères et compagnon de Christine Ockrent, la directrice générale de la holding qui chapeaute l'audiovisuel extérieur de la France (France 24, RFI et TV5). L'émission avait été très orageuse, nous vous l'avions raconté : après un portrait qu'il jugeait peu flatteur, Kouchner s'en était violemment pris à Gosset et à ses troupes.

La colère du ministre, souvenez-vous picto



Gérard Saint-Paul, directeur de l'information de France 24, s'était excusé auprès du ministre, se désolidarisant de ses troupes.

Faut-il voir dans ce licenciement la main d'Ockrent ? Joint par @si, Ulysse Gosset "ne fait aucun commentaire à ce stade". Mais se fend tout de même d'une pique acerbe : "La façon dont on cherche à m'évincer est proprement scandaleuse. J'ai participé à la création de la chaîne et ne pas avoir l'élégance de me donner les raisons de ce limogeage est stupéfiant. En attaquant mon émission, on porte atteinte à mon intégrité professionnelle et on fait beaucoup de mal à cette chaîne. Je demande publiquement à qui profite cette politique dommageable pour le projet", au moment où l'Assemblée discute de la création officielle d'un "pôle audiovisuel extérieur capable de rivaliser avec CNN, BBC World ou Al Jazeera".

Rappelons qu'en 2005, avant même le lancement de la chaîne, Gosset avait été recruté en tant que directeur général chargé de l'éditorial. Ancien correspondant permanent de TF1 à Moscou et à Washington, puis directeur de la rédaction de France 3, le journaliste était présenté comme le garant de la qualité éditoriale de la chaîne. Mais dès la rentrée 2006, il avait été écarté de son poste par le dirigeant de la chaîne, Alain de Pouzilhac. Les rumeurs sur l'inimitié des deux hommes n'ont pas cessé depuis dans les couloirs de la rédaction.

Pour l'heure, la direction se refuse à tout commentaire et se borne à indiquer qu'il s'agit d'un premier changement avant une "refonte de la grille des programmes", prévue pour l'année 2009. France 24 rappelle que Gosset était "en détachement de France Télévisions", et qu'il devrait donc retourner dans le groupe public. Ce que conteste Gosset, qui estime que son statut au sein de la chaîne équivalait à un CDI.


Et pour plonger dans le fascinant univers de l'audiovisuel extérieur français, lisez donc nos dossiers "Le problème Ockrent" et "Les gaffes de Kouchner".

Lire sur arretsurimages.net.