Gaspillage alimentaire : Royal accusée de récupération
Justine Brabant - - Alternatives - 0 commentairesLa ministère de l'Écologie s'est félicitée de l'adoption par le Séant de "sa" proposition concernant l'interdiction de détruire les invendus alimentaires. Une "récupération" pour l'élu de Courbevoie Arash Derambarsh (reçu en avril par @si), qui s'efforce de mobiliser les médias sur cette question depuis fin 2014.
En apparence, c'est une belle victoire pour la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. Elle le disait hier sur Twitter : "Vote de ma proposition de l'interdiction de détruire les invendus alimentaires ou de les rendre impropres à la consommation (eau de Javel)".
Le Sénat a en effet voté, vendredi 10 juillet, un amendement au projet de loi sur la transition énergétique qui prévoit qu'"un distributeur du secteur alimentaire qui rend délibérément impropres à la consommation les invendus alimentaires encore consommables, sans préjudice des règles relatives à la sécurité sanitaire, encourt une peine de 3750 € d’amende", et "encourt également la peine complémentaire d’affichage ou de diffusion de la décision prononcée, dans les conditions prévues à l’article 131-35 du code pénal."
Mais le vote en lui-même a été éclipsé par une controverse : le "ma proposition" de la ministre ne passe pas. Si c'est bien le gouvernement qui a déposé l'amendement, les commentaires n'ont pas tardé à pleuvoir, dénonçant la "récupération" de la cause par Ségolène Royal. Au premier rang des mécontents : Arash Derambarsh, élu LR de Courbevoie (Hauts-de-Seine). "«Votre proposition ?» Pourtant, je ne vous ai pas vu une seule fois. Ni sur le terrain, ni en audition. #Récupération", a réagi l'élu.
Pourquoi cette réaction de Derambarsh ? Car depuis fin 2014, grâce à une grande activité médiatique, l'élu local est en effet parvenu à placer à l'agenda politique la question du "gaspillage alimentaire" : distributions d'invendus dans sa ville de Courbevoie, pétition co-signée avec l'acteur et réalisateur Mathieu Kassovitz (qui a recueilli plus de 200 000 signatures), ou encore soutien de l'ONG créée par le chanteur Bono.
Un activisme qui "fait grincer quelques dents, notamment dans les associations antigaspillage qui ne partagent ni ses méthodes ni les solutions qu’il propose", relevait Le Monde en avril, dans un portrait consacré à Derambarsh. Le "coup" de Royal risque d'en faire grincer bien d'autres encore, tant la ministre a semblé porter peu d'attention à ce sujet jusqu'à présent : elle avait ainsi court-circuité la conférence de presse d'un député français qui lui rendait un rapport sur le gaspillage... pour mieux faire la promo du voyage de L'Hermione, ainsi que le racontait Anne-Sophie Jacques voici quelques mois.
Mise à jour, 15/07/15 : mention de l'amendement déposé au Sénat par le gouvernement.
L'occasion de (re)voir le numéro d'@rrêt sur images consacré au gaspillage alimentaire, sans Ségolène Royal mais avec Derambarsh, le président de la fédération nationale des banques alimentaires Jacques Bailet (qui explique notamment pourquoi les libres distributions d'invendus risquent de créer un marché gris) et le cofondateur de Disco Soupe Bastien Beaufort.