"Fuck The EU" : une diplomate américaine dérape
Gilles Klein - - 0 commentaires"Que l'Union Européenne aille se faire foutre" a dit une diplomate américaine à l'ambassadeur des USA en Ukraine. La conversation téléphonique a été enregistrée, et diffusée sur Internet. Le New York Times souligne que la conversation a sans doute été mise en ligne par les services russes. Sur Twitter, l'ambassadeur a répondu avec humour à l'officiel russe qui l'avait twittée. Le Monde revient sur cette épisode et en tire des leçons.
"Fuck EU" "(Que l'Union Européenne aille se faire foutre) a dit Victoria Nuland, vice-secrétaire d'Etat chargée de l'Europe au ministère américain des Affaires étrangères, à Geoffrey Pyatt, ambassadeur à Kiev, au cours d'une conversation téléphonique. Alors qu'elle discute avec lui de la stratégie US visant à faire venir un nouveau représentant de l'ONU en Ukraine, elle lance "And you know, fuck the EU". L'enregistrement est apparu sur Internet mercredi soir , sous titré en russe via Twitter et YouTube. sous le titre "Les marionnettes de Maïdan" sous-entendant que les manifestants du square Maïdan, à Kiev sont manipulés par les USA, explique le New York Times. Le journal ajoute que, jointe par téléphone, Nuland semblait plus "amusée que contrariée", disant "cela fait partie des risques du métier". | Victoria Nuland |
"Jugement polémique de la vice-sécrétaire d'Etat Victoria Nuland à propos de l'Union Européenne" annonce sur Twitter, Dmitry Loskutov @DLoskutov, l'assistant du Premier ministre russe, qui attire l'attention sur l'enregistrement en mettant un lien vers YouTube, mercredi soir. |
"On s'amuse du Tweet ici à Kiev" répond Geoffrey Pyatt, l'ambassadeur américain en Ukraine en mettant en copie @DLoskutov, l'assistant du Premier ministre qui a twitté le fameux lien vers YouTube. L'ambassadeur trouve cela drôle si l'on en croit la photo qui accompagne son tweet. On le voit ordinateur à la main en train de lire le tweet en compagnie de plusieurs personnes dont Nuland. |
Pour Le Monde, ce n'est pas l'interjection de la diplomate qui compte, mais plutôt les leçons que l'on peut en tirer. Tout d'abord "Moscou n'hésite pas à recourir aux vieilles ficelles du KGB". En effet, selon l'agence Reuters citant une source diplomatique, l'enregistrement a été diffusé sur YouTube jeudi par Dmitri Loskoutov, un collaborateur du vice-premier ministre russe, Dmitri Rogozine, avec transcription de l'échange en russe, alors que Mme Nuland arrivait à Kiev.Mais la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, n'ont pas ri. Ils ont tous les deux employé le même terme face à ces propos "inacceptables". Nuland a présenté ses excuses, tandis que la Maison Blanche par la voix de Jay Carney, son porte-parole a souligné le fait que la conversation ait été "diffusée sur Twitter par le gouvernement russe est significatif du rôle de la Russie".
Deuxième point aux yeux du Monde, "il n'y a plus de diplomatie secrète", en rappelant que grace à Snowden, on sait que "La NSA écoute le monde entier, mais deux hauts responsables américains s'entretiennent d'une des crises mondiales les plus sensibles du moment sur leur téléphone portable sans se soucier d'être écoutés ? C'est l'arroseur arrosé."
En outre, l'Europe et les USA ne sont pas d'accord sur la crise ukrainienne. Selon Le Monde, pour les Américains c'est une crise dans le style de la guerre froide, tandis que pour l'l'UE, elle concerne l'Europe. Le Monde estime ensuite que les USA sont "arrogants" face à la crise ukrainienne. "La familiarité avec laquelle la vice-secrétaire d'Etat évoque les dirigeants de l'opposition ukrainienne (« Yats » pour Arseni Iatseniouk, « Klitsch » pour Vitali Klitschko) et les postes qu'elle leur attribue dans un éventuel gouvernement traduit une étonnante maladresse , voire arrogance". Et enfin, toujours selon Le Monde : "L'affaire enfonce un coin supplémentaire dans les relations entre l'Allemagne et les Etats-Unis, de plus en plus froides". En effet, Merkel a été la première à réagir, en parlant de propos inacceptables.