Froid / nucléaire : le Figaro oublie l'Allemagne
Laure Daussy - - 0 commentairesEncore une Une du Figaro quelque peu exagérée
. "Nucléaire : comment EDF fait face à la vague de froid" pouvait-on lire en titre du journal de vendredi. Et en sous-titre : "les consommations de gaz et d'électricité atteignent des records absolus. Mais les installations françaises tiennent le choc, notamment grâce au parc nucléaire." Un titre clairement pro-nucléaire, donc, pour montrer combien la France serait perdue si elle arrêtait ses réacteurs. Dans l'édito de Une, Yves Thréard enfonce le clou en se livrant à une comparaison entre la France et l'Allemagne, qui a pris la décision de renoncer au nucléaire d'ici 2022 et a déjà fermé 7 réacteurs. La France est "mieux lotie" que l'Allemagne, dit-il, et ce "grâce à notre industrie nucléaire, qui assure 75% de notre production d'électricité." |
"Capacité qui nous oblige, néanmoins, par grand froid, à des importations énergétiques. Mais dans des proportions moindre que nos voisins d'Outre-Rhin.", poursuit-il (...) D'exportateurs, les Allemands sont devenus, même par beau temps, importateurs d'énergie. Et en plein hiver, il doivent faire tourner à plein régime leurs centrales à gaz et à charbon". L'édito se termine sur une critique du programme du candidat Hollande, qui "épouse les aberrations du catéchisme antinucléaire". Et d'ajouter : "D'autres candidats, déclarés ou non, sont, Dieu merci, plus lucides."
Mais Le Figaro oublie en Une un élément : la France, malgré son parc de réacteurs, a dû ces derniers jours elle-même importer de l'énergie de... l'Allemagne! Le Figaro le mentionne, mais seulement dans le dernier paragraphe de son article en page 20 : "Paradoxalement, l'Allemagne fait partie des pays qui alimentent actuellement la France. Signe qu'elle pallie efficacement l'arrêt définitif de huit réacteurs nucléaires (sur 17), après la décision de Berlin de sortir progressivement de l'atome civil." peut-on lire. "Mais si l'Allemagne fait face, c'est uniquement parce qu'elle produit massivement de l'électricité grâce au gaz et au charbon. Autrement dit, elle alourdit considérablement son bilan d'émissions de CO2, souligne l'expert Lionel Taccoen. Malgré d'énormes investissements, le solaire ne représente encore que 3,1% du bouquet énergétique allemand."
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