France Inter, 7 h 50 : les patrons ont la parole

Tony Le Pennec - - Coups de com' - 21 commentaires


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Patrons, patrons, patrons. Dans l'interview de 7 heures 50, sur France Inter, les chefs d'entreprises et représentants de chefs d'entreprises se succèdent depuis un mois. Depuis le 24 mars, sur 23 invités, les auditeurs de la matinale la plus écoutée de France ont eu droit, sur cette tranche horaire, à six grands patrons français, un représentant des petites et moyennes entreprises, un directeur de festival et un chef cuisinier. Les salariés, eux sont les grands absents : ni eux ni leurs représentants ne sont interrogés par Léa Salamé. 

Nous apprendrons donc au fil des interviews que le patron de la Poste (23 avril) pense avoir bien géré la crise : seule la livraison des journaux régionaux a dans un premier temps posé problème, mais que cela a été vite réglé. Le patron d'Aéroports de Paris (7 avril), lui, se félicite d'avoir fermé totalement Orly, une décision prise, dit-il, pour soulager les compagnies aériennes qui auraient dû, sans cela, continuer à lui payer des loyers. Le patron du Crédit mutuel (22 avril), humaniste parmi les humanistes, annonce sur France Inter qu'il couvrira une partie des pertes des commerçants clients de la banque, même si les contrats d'assurance signés ne l'y obligent pas. Laurent Asselin, chef d'entreprise dans le bâtiment et président de la confédération des petites et moyennes entreprises (14 avril) vient demander à l'Etat de privilégier les suppressions aux reports de charges pour les petites sociétés. Mais c'est Léa Salamé qui a semblé la plus inquiète : "On ne peut pas prévoir le comportement des Français, s'ils vont massivement consommer ou si la peur présidera à leur comportement." Se terrer dans la peur ou consommer massivement, tel est le dilemme du déconfinement selon Salamé. 

Le PDG d'Accor en première ligne

Le PDG du groupe d'hôtels Accor, peut-être encore plus humaniste que son homologue du Crédit Mutuel (16 avril), assure que son groupe est prêt à mettre 300 hôtels à disposition de malades asymptomatiques ayant besoin d'être placés en quarantaine. Et à prix coûtant. Et sans même savoir qui payera in fine la facture, État, APHP ou autre. Il faut dire qu'avec la crise, Sébastien Bazin s'est rendu compte que les soignants et lui-même faisaient en fait le même métier, celui de "prendre soin des gens". Ce n'est donc pas le PDG d'une entreprise du CAC40 que reçoit Salamé ce matin là, mais un "première ligne" !

Autre "première ligne" reçue à 7 heures 50, Dominique Schelcher, PDG de Système U (24 mars). "Il y a des gens qui sont en première ligne pour nous soigner, et il y en a d'autres qui sont aussi en première ligne pour nous permettre de manger", l'accueille sobrement Léa Salamé. Schelcher, comme les autres patrons, assure avoir depuis le début de la crise tout fait dans les règles de l'art et protégé au maximum ses salariés ainsi que ses clients. Olivier Py, directeur du festival d'Avignon (8 avril), assure que son festival ne se relèverait pas d'une annulation. Il est l'un des seuls à exprimer des revendications pas seulement pour son institution, mais aussi pour les travailleurs de la culture, en demandant un moratoire de deux à trois mois pour les intermittents du spectacle pour leur permettre de ne pas perdre leurs droits. Enfin Stéphane Richard (17 avril), PDG d'Orange, assure que les réseaux ont tenu grâce à un bon équipement, et que sa société sera solidaire des entreprises en difficulté pour payer leurs factures. 

Bref, depuis le confinement, les grands patrons ont trouvé où et quand porter leurs revendications et dérouler leur communication : à 7 heures 50, tous les matins, sur France Inter.

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