France 24, sa correspondante et les "grossistes de l'information"

Maurice Midena - - Médias traditionnels - Scandales à retardement - 3 commentaires

La correspondante de France 24 au Mali a dû rentrer en urgence en France après que la junte au pouvoir a suspendu la chaîne et mis la journaliste sous pression. Mais le "minimum garanti" promis par la chaîne dans ce genre de situation ne lui pas été versé. Derrière ce refus, un système de sous-traitants, des "grossistes de l'information" qui permettent à la chaîne de ne pas verser de salaires aux correspondants... Enquête.

Le 17 janvier dernier, Anne-Fleur Lespiaut, alors correspondante pour France 24 au Mali, est visée par un communiqué du Collectif pour la défense des militaires (CDM). Ce collectif, aux contours flous (comme le raconte Jeune Afrique), qui s'attaque aux "ennemis du Mali", y demande "l'annulation, ou au besoin, le retrait des lettres d'accréditation des correspondants de RFI et France 24". Le CDM les accuse de mener des "campagnes de désinformation, de dénigrement, d'intoxication, en tenant des propos subversifs portant atteinte à la souveraineté et l'intégrité  de (leur) très chère patrie". Alors que l'opération Barkhane s'enlise, l'arrivée au pouvoir d'une junte militaire après un coup d'État, en 2020, a renforcé l'hostilité à la présence française. Le 17 mars, les autorités maliennes ont interdit la diffusion de France 24 et de RFI, toutes deux entités du groupe France Médias Monde (FMM). Elles ont été définitivement suspendues le 27 avril

C'est dans ce contexte qu'Anne-Fleur Lespiaut quitte en urgence le Mali, le 22 mars. Les journalistes de France 24 rapatriés en urgence ont normalement droit à un minimum garanti (MG). Mais comme l'a raconté le Canard enchaîné les 18 et 25 mai (des informations que confirme ASI) la direction de France 24 a demandé au sous-traitant qui employait Lespiaut, la société Hémisphère Média Production (HMP) domiciliée à l'île Maurice, de lui payer ce minimum. Refus du patron d'HMP, Patrick Fandio, ancien grand reporter à TF1. Une situation particulière ? Pas tant que ça. France 24 collabore avec 47 sociétés de production qui travaillent avec 160 correspondants dans 90 pays. Ils ne sont pas salariés par la chaîne. France 24 n'a pas d'envoyé spécial permanent, nous précise la direction. Objectif : maîtriser la masse salariale. Le résultat, c'est que ces correspondants sont payés en factures, sans cotisation employeur et sans pouvoir bénéficier de la carte de presse, alors même qu'ils travaillent souvent dans des zones à risque. 

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