Finkielkraut : la BD, cet art mineur qu'il faut cacher

Vincent Coquaz - - 0 commentaires

"Pourquoi ne pas aimer la bande dessinée? Mais s’en targuer c’est autre chose. C’est dire, en sous main, il n’y a pas d’art mineur."

Dans l'émission de débat "Répliques" qu'il anime tous les samedi matin, Alain Finkielkraut s'interrogeait en début de mois sur les "dangers de l'égalitarisme" et sa cible du jour était (entre autres) la BD. Il mentionnait notamment un reportage dans lequel Louis Schweitzer, alors PDG de Renault, avouait "sa passion pour la bande dessinée" en expliquant : j’ai 3000 albums chez moi, et d’ailleurs j’ai de grandes conversations avec Michel-Edouard Leclerc parce que nous partageons cette passion, et nous faisons notre coming out ensemble”.

Pour Finkielkraut, ça ne passe pas : "Ce qui m’a frappé, c’est que le même Louis Schweitzer est devenu le premier président de la Halde, la Haute autorité de lutte contre les discriminations. Je ne sous-estime pas, bien au contraire, la nécessité de lutter contre discrimination raciale, à l’embauche ou au logement. Mais on a l’impression, aujourd’hui, que c’est toute discrimination qui est mise en cause. C’est le droit de discriminer qui est refusé au nom de l’égalité de tous".

"C’est ainsi qu’on peut se targuer d’aimer la bande dessinée. Pourquoi ne pas aimer la bande dessinée? Mais s’en targuer c’est autre chose. C’est dire, en sous main, il n’y a pas d’art mineur. Et quand on dit il n’y a pas d’art mineur, non seulement on réhabilite les arts mineurs mais on vide les autres" conclut Finkielkraut, faisant la comparaison avec la "variété" en musique".

Ecoutez "Finkie" qui parle BD :

D'abord repéré par l'auteur de BD Thomas Cadène sur Twitter et Rue89, le passage a depuis inspiré un hashtag à l'équipe de Fluide Glacial (magazine BD) : #UneBDpourFinkie. Chacun y va alors de son conseil lecture pour l'auteur réfractaire en se photographiant avec l'album : de Maus d'Art Spiegelman sur la seconde guerre mondiale, à Habibi de Craig Thompson en passant parles Notes de Boulet.

Il faut dire que Finkielkraut n'en est pas à son coup d'essai. Comme le note un commentaire de Rue89, en 2008 déjà, dans les colonnes de Libé, l'essayiste estimait n'avoir "pas de temps à perdre pour ce qu’on appelait autrefois des illustrés", car "la beauté des livres, c’est qu’ils sont sans images et qu’ils offrent ainsi libre carrière à l’imagination". Du coup, nous aussi on a #UneBDpourFinkie : La machine à influencer.

L'occasion de voir Finkielkraut s'attaquer à son autre cible préférée sur notre plateau : Internet et notre dossier consacrée à la bande dessinée : Arrêt sur bulles.

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