Femmes : Les 5 clichés des médias (Nouvelles News)

Gilles Klein - - (In)visibilités - 0 commentaires

Marie-Joseph Bertini (philosophe et essayiste sur les médias) "explique comment les médias remettent les femmes à «leur place»" sur le site Les Nouvelles News, qui l'a longuement interrogée. "En dépit des évolutions de la société, les stéréotypes perdurent et rendent l'accès au pouvoir impossible pour les femmes", explique-t-elle. Y compris à l'intérieur même des médias.

- "Le rapport Reiser de 2008 sur l’image des femmes dans les médias souligne l’infériorité spectaculaire de leur représentation, que ce soit en terme de présence, de statut social, de statut professionnel. La faute aux journalistes ?"

- "Ce n’est pas une question de «faute» des journalistes mais plutôt de contraintes, d’influences qu’ils subissent par des forces complémentaires et croisées. (...) Dès les années 50, les spécialistes anglo-saxons des médias ont montré que les journalistes comme tous les individus appartiennent à des groupes primaires, à savoir la famille, la communauté, (...) Ces groupes influencent leur vision et leur interprétation du monde. (...) Tout cela fait que les journalistes ne sont pas plus aptes que les autres catégories d'individus ou corporations professionnelles à s'extraire des effets de ces influences qu’on appelle «boucles de rétroaction»."


"On a demandé à des journalistes femmes pourquoi elles publiaient de longs portraits de parcours masculins dans leur journal (concrètement dans Le Monde) et si peu de parcours de femmes. Elles ont répondu que les hommes acceptent aussitôt l'honneur qui leur est fait, alors que les femmes se perdent dans des interrogations sans fin où transparaît leur sentiment étrange que ni leur personne, ni leur carrière, ne sauraient mériter autant d'attention. Le résultat c’est l’addition de l’auto-censure des femmes interviewées, produite par l'intériorisation de la domination de la norme masculine, et celle des stéréotypes véhiculés par les intervieweuses."

"J’ai étudié des centaines d'articles de presse écrite française, issus de trois quotidiens nationaux (Le Monde, Libération, Le Figaro) et de deux hebdomadaires généralistes (L'Express et Le Nouvel Observateur). Et j’ai pu montrer que l'ensemble des actions entreprises par les femmes étaient relatées dans ces médias suivant un nombre très limité de formules-clef, de clichés, cinq au total, que j'ai appelées les «figures de l'agir féminin»: l'Egérie, la Muse, la Mère, la Madone et enfin, la plus fréquente, la Pasionaria."

Bertini donne des exemples tirés de l'Express: "Le 24 Avril 2011, Ségolène Royal n'échappe pas à l'appellation "madone des plateaux" (article non signé). Le 18 Mars 2009, Martine Aubry se voit gratifiée par Ludovic Vigogne de l'éternelle étiquette de "mère des 35 heures". Elle ajoute "Un étudiant sur deux en école de journalisme en France aujourd'hui est une fille (...) Seules 28% des journalistes femmes traitent des questions d'actualité en France, contre 41% en moyenne mondiale; les journalistes hommes monopolisent en France les domaines médiatiques nobles (économie, politique), tandis que les journalistes femmes sont sur-représentées dans les domaines dits féminins (santé, école, enfance…)"

L'occasion de chercher, avec Anne-Sophie Jacques de retour de colloque, le sexe de l'information.

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