Etrennes sénateurs : plaintes en vue
Anne-Sophie Jacques - - 0 commentairesFin des étrennes pour les sénateurs mais début des ennuis : après les révélations de Mediapart sur l’octroi chaque Noël d’une enveloppe de 8 000 euros aux sénateurs UMP – aujourd’hui Les Républicains – entre 2003 et 2014, les associations anti-corruption Anticor et Fricc demandent aujourd’hui des comptes au président du Sénat Gérard Larcher et menacent de porter plainte pour détournement de fonds publics.
Jean-Luc Touly avait prévenu : sur notre plateau vendredi, le président de l’association Fricc (Front Républicain d'Intervention Contre la Corruption) annonçait réfléchir avec son avocat – dont on apprenait qu’il est "plus que militant", entendez qu’il ne fait rien payer à l’association – à poursuivre les sénateurs UMP, aujourd’hui Les Républicains (LR), qui ont touché entre 2003 et 2014 une enveloppe de 8 000 euros chaque Noël.
Ces "étrennes" ont été révélées la semaine dernière par Mediapart qui précisait que l’actuel président du groupe Bruno Retailleau a mis fin à cette pratique dès son arrivée à la tête du groupe en septembre 2014. Reste l’étrange attribution de cette enveloppe qui, sur onze ans, représente 15 millions d’euros. Selon Josselin de Rohan, président du groupe UMP de 2002 à 2008 interrogé par Mediapart, ces étrennes – ou plutôt "ce treizième mois comme dans les entreprises" comme il dit – correspondent aux cotisations que les sénateurs versaient à leur groupe, soit 720 euros prélevés tous les mois sur leur indemnité de base.
Une justification qui surprend Anticor : dans un communiqué publié samedi, l’association assure que cette cotisation "est prélevée sur l’IRFM. Or, cette indemnité sert à couvrir les frais inhérents à l’exercice des fonctions parlementaires ; elle n’est donc nullement destinée à être reversée aux sénateurs eux-mêmes !" Conclusion : "soit ces «étrennes» sont issues de la subvention de fonctionnement versée par le Sénat, soit elles sont financées par l’IRFM. Dans les deux cas, de l’argent public a été détourné de sa finalité". C’est pourquoi Anticor demande au président actuel du groupe LR au Sénat, Gérard Larcher, "de faire toute la lumière sur le financement de ces étrennes […] À défaut d’explications convaincantes, Anticor déposera plainte pour détournement de fonds publics."
Même conclusion pour Jean-Luc Touly qui annonce à son tour aujourd’hui avoir écrit à Larcher et Retailleau et assure se réserver "le droit de déposer plainte pour détournement de fonds publics à l'encontre des auteurs".
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