Etat d'urgence : en garde à vue pour être allé au tribunal (Le Monde)

En garde à vue… pour être allé au tribunal.

L’histoire de cet homme assigné à résidence à Montrouge (92) et qui devait pointer quatre fois par jour à quarante-cinq minutes de chez lui (soit six heures de transport par jour) symbolisait déjà les dérives de l’état d’urgence. Mais la suite de l’histoire, toujours racontée par l’observatoire de l’état d’urgence du Monde, n’aurait pas déplu à Kafka lui-même.

L'administration avait d'abord fait une concession : son arrêté d’assignation a été modifié ce mardi, 8 décembre, pour être ramené à trois visites au commissariat (conformément à la loi) à 8h, 14h et 18h. Et heureusement : "l'audience de son recours en référé-liberté contre l'assignation était prévue à 11 h 30 au tribunal administratif de… Cergy-Pontoise (Val-d'Oise) […] située à plus d'une heure de transport en commun de Montrouge comme du 18ème arrondissement", précise le journaliste du Monde, Laurent Borredon.

Problème : "L'audience s'est finalement tenue à 12 h 30, pour se finir à 13 h 15 […] Son avocat le prend alors dans sa voiture, et tente l'impossible : Cergy-18ème arrondissement en moins de 45 minutes." Malgré un appel pour prévenir de ce retard, l’homme est finalement placé en garde à vue pour non-respect de l’assignation à résidence pour son retard de 40 minutes, causé par une audience concernant la dite assignation. "Pour vérifications", assure le parquet de Paris. Mais aujourd'hui à 11h, il y était toujours.

L'état d'urgence et les musulmans, vus d'Angleterre

Si les médias français s’emparent petit à petit du sujet de l’état d’urgence, le sujet intéresse peut-être encore davantage la presse étrangère. Dans une vidéo d’une dizaine de minutes publiée notamment sur Facebook, le Guardian s’intéresse par exemple aux "musulmans de France face au tour de vis sécuritaire". Un sujet visiblement porteur puisque les vidéos du quotidien britannique plafonnent en général à quelques dizaines de milliers de vues, et que celle-ci a été visionnée près d’un million de fois (même s’il faut relativiser ce chiffre absolu, compte tenu de la tendance de Facebook à "gonfler" ses stats).

On y voit le rappeur Médine, des personnes ayant été perquisitionnées, des témoignages de jeunes musulmans ou encore une interview du porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Yasser Louati (déjà visible dans une interview donnée à CNN le 15 novembre).

L'occasion de lire notre enquête : Etat d'urgence : médias français ch. perquisitionnés