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veuzit
Je suis cent mille fois d'accord avec vous. On oublie trop vite les affaires en cours. Et les journaux sont souvent amnésiques. Mais est-il possible vraiment de se souvenir de tout ?
Personnellement je me souviens du Rwanda, du Sahel, de la Shoah, des victimes du stalinisme, de Naomi Campbell, d'Eric Woerth, du fiasco des bleus, des bébés congelés, des enfants martyrs d'Outreau, des victimes du procès, de John Lennon, Miles Davis, John Coltrane, des rumeurs sur le couple Sarkozy, du jet privé, de Bolloré, copain de Sarkozy qui lui prête un yacht, un avion, une propriété, une chaîne de télé, je me souviens de Kabila, de PolPot, de Ceaucescu, de Castro, de Pinochet, de Linda Blair, de Tony Blair, de Mary Blair. Qui a oublié Idi Amin Dada, Tristan Tzara, Serge Reggiani, de Boris Vian, de Max Favalelli, de Maître Capello, de Léo Ferré, de Glenmor, de Jean-Max Brua, de Jean Moiziard, de Jacques Bertin, de Jean Ferrat, de Joan Po Verdier, de Dalida et de Pascal Sevran,
J'ai oublié le reste : mes clés je ne sais plus où je les ai rangées et la tête de mon patron, le mec à qui je voulais foutre une mandale. Y a pas si longtemps. -
DanetteOchoc
Très bon papier.
Une remarque : le tribunal qui juge Charles Taylor, le tribunal spécial pour la sierra leone, n'est pas strictement un tribunal international, au même titre que les tribunaux ad hoc pour l'ex Yougoslavie et le Rwanda, ou la Cour pénale internationale.
Il s'agit d'une juridiction hybride, interne et internationalisée, qui même juges sierra leonais et juges internationaux.
Le choix d'une telle juridiction s'explique notamment par le soucis de rendre une justice internationale, fondée sur les standards procéduraux qu'implique le droit international pénal, tout en étant proche du pays où se sont déroulés les crimes : les peines prévues sont plus lourdes que pour un tribunal purement international, et le contenu même des incriminations s'inspire à la fois du droit international pénal comme du droit sierra leonais.
Et sinon cette histoire de Naomi Campbell me sort par les yeux. Si je me lâchais je traiterais les journalistes de JT de tous les noms d'oiseaux possible. Donc merci pour ce coup de projecteur et pour la chronologie de l'affaire.
ps : le président soudanais ne fait pas l'objet de poursuites mais un mandat d'arrêt a été émis contre lui par le procureur de la cour pénale internationale, mandat qui lui a été donné par le conseil de sécurité via une résolution fondée sur le chapitre VII de la charte des nations unies, chapitre relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationales qui permet au conseil d'adopter des résolutions obligatoires pour tous les Etats, parties ou non à l'organisation. Bref, ce genre de poursuites à l'égard de chefs d'Etat, en exercice ou non, ne va cesser de se multiplier. A noter aussi que Hissène Habré est de même en passe d'être poursuivi. La justice pénale internationale a de beaux jours devant elle. -
charlie.lapared
Pourtant, il en a causé, des morts et des manches courtes ou longues, Charles Taylor, au Libéria !
On en a même fait un film "Blood Diamonds" (plus film d'action que film politique, à mon goût... mais il dénonce tout de même).
Mais à l'époque où ça se passait, rares étaient les journalistes francophones à couvrir les exactions au Libéria. Trop dangereux. Je sais qu'un journaliste français de ma boîte était revenu du Libéria avec une cassette sur laquelle on voyait Charles Taylor et ses sbires découper en morceaux le chef d'état précédent (dont j'ai oublié le nom, sorry). Je n'ai jamais voulu voir la cassette, mais elle existait. Je sais qu'ensuite, il y a eu une enquête (de l'ONU ???) à ce sujet puisque j'avais rencontré par hasard un citoyen british qui travaillait justement avec les services d'enquête, puisqu'il avait travaillé longtemps au Libéria pour un journal anglais.
Mais il n'était pas question de diamants, à cette époque-là. Il était question de crimes de guerre.
Les diamants, c'était plus tard. Quand le commerce a été bien établi. Et Charles Taylor a raison de gueuler à la parodie. Parce que le commerce du diamant a continué à être florissant et à enrichir Taylor et ses saigneurs de guerre. Le commerce existait bel et bien, en toute connaissance de cause. J'te vends mes diamants, tu fais comme tu ne savais pas à quoi est destiné le fric que tu me donnes. Et ça, c'est plutôt bien montré dans le film (à la fin, dommage). Les acheteurs de ces diamants de sang continuent à faire leur job sans problème, avec les mains sales. Quant aux marchands d'armes... ils ont encore un bel avenir d'impunité devant eux ! -
Irfan
"On avait oublié le procès de ce sanguinaire dictateur" : moi pas, chaque fois que je relis Ahmadou Kourouma et que je pense aux manches courtes et aux manches longues. Voilà là un travers classique des médias dans lequel vous tombez hélas : ce n'est pas parce que quelque chose ne fait pas la une des médias que les citoyens ont oublié.
Et c'est bien triste de voir que, comme vous le montrez, nos médias ne s'intéressent aux choses passées que s'il y a des "personnalités" liées.
Pour le reste de l'article, vous avez raison de souligner à quel point les médias français ont beaucoup occulté cela, comme ils ont ensuite vite occulté le Rwanda, qui maintenant est plutôt traité par des indépendants comme XXI, ou le Cambodge, sans parler du Timor... Par contre Taylor n'a pas tort : s'il est seul dans le box des accusés, c'est une parodie. Les seigneurs de guerre sont nombreux, ils ont bénéficié de nombreuses complicités, de rabais sur les armes, et d'aides pour voyager. Oublier les marchands d'armes dans le procès est un immense problème, qui permettra à ces conflits de resurgir régulièrement.