Espionnage : La presse US raille la réaction française

Gilles Klein - - 0 commentaires

La presse américaine s'étonne de la surprise des Français face aux écoutes de la NSA, car dit-elle, tout le monde écoute tout le monde. Et les journaux US ont beau jeu de rappeler que la France, elle-même, écoute ses citoyens pour fustiger le double langage du gouvernement français.

Un chroniqueur ajoute même que la France aurait pu se plaindre si elle ne valait même pas la peine d'être écoutée.

"Paris proteste après les allégations d'espionnage américain des citoyens français",titre le Financial Times.

Le quotidien économique rappelle les protestations de Laurent Fabius et Manuel Valls, avant d'évoquer l'appel téléphonique d'Obama à Hollande : "Mr Obama a dit que certaines parties des articles du journal avaient présenté de manière déformée nos activités tandis que d'autres avaient soulevé des questions légitimes chez nos amis et nos alliés".

Le Financial Times conclut en rappelant qu'en "juillet dernier, Le Monde avait aussi revélé que la DGSE, l'agence française chargée du renseignement extérieur, collectait aussi de manière systématique des données numériques du trafic téléphonique et Internet en France, et entre la France et l'étranger. Mais Paris avait alors souligné que la France n'espionnait pas ses alliés." @si y avait d'ailleurs consacré une enquête.

"La France condamne la surveillance de la NSA" titre le New York Times qui n'emploie pas le mot "espionnage".

Pour le quotidien c'est "le dernier revers diplomatique dirigé contre le large réseau de surveillance de la NSA, et un autre exemple qui illustre combien ce programme a tendu les relations - au moins temporairement - même avec les plus proches alliés de Washington."

Après avoir cité les officiels français qui considèrent ces "pratiques comme inacceptables", le New York Times souligne que "ces déclarations étaient destinées au public français, à usage intérieur, la France le fait discrètement savoir. Car, contrairement au Brésil il y a un mois, n'a pas qualifié cette surveillance d'atteinte à sa souveraineté."

Le quotidien souligne enfin que l'article du Monde sur l'espionnage de la France par la NSA "a été rédigé par Glen Greenwald, journaliste américain qui a publié une bonne partie des révélations d'Edward Snowden" l'ex-agent de la CIA, actuellement en fuite à Moscou. Le deuxième signataire de l'article est Jacques Follorou, journaliste au Monde.

La France écoute aussi ses propres citoyens : le Wall Street Journal évoque lui aussi les pratiques de la DGSE, et ajoute que le ministère français des Affaires étrangères a refusé de commenter "les allégations d'espionnage français".

Le quotidien économique américain conservateur estime que l'indignation européenne est passée, mais la polémique avec la France va sans doute renforcer ceux qui veulent une législation européenne stricte pour protéger la vie privée des citoyens. Pour le Wall Street Journal, les activités de la NSA ont beaucoup plus choqué en Amérique Latine (au Brésil et au Mexique entre autres).

Fox News, la très conservatrice chaîne d'info en continu, reprend une dépêche AP qui constate quObama a été "une fois de plus obligé d'écouter les plaintes et la colère d'un allié choqué par le réseau de surveillance qui a provoqué un débat sur les limites de l'espionnage américain."

"Espionnage NSA : les Français découvrent une nouvelle raison de ne pas aimer les Américains"

"Hou là ! Les Français sont choqués parce que la NSA les espionne. Et vous savez ce que cela signifie : cela signifie.. hum, OK cela ne signifie rien du tout", raille un journaliste du Los Angeles Times dans la page Opinion.

"Le gouvernement français a été choqué ! Choqué ! Et il a aussitôt réagi avec vigueur. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius annonce qu'il a convoqué l'ambassadeur américain pour obtenir des explications".

"Hoo ! Des explications. On peut supposer que Rifkin a dégusté une bonne tasse de café au lait (en français dans le texte) et quelques délicieuses pâtisseries, pendant qu'il répondait à son homologue français qu'il ne savait absolument pas de quoi il parlait."

L'auteur rappelle que de grands pays comme le Mexique, l'Allemagne ou le Brésil se sont aussi plaints d'être espionnés : "En d'autres termes, l'information la plus choquante aurait été que nous espionnions pas la France. Dans ce joyeux univers de la surveillance électronique mondiale, il faut vraiment être un moins que rien pour ne pas être écouté."

Puis le journaliste rappelle, lui aussi, que Le Monde a déja révélé que la France écoutait ses propres citoyens : "Mon Dieu ! (en français dans le texte). En clair, le gouvernement français trouve normal d'espionner les citoyens français. Mais ll n'admet pas que d'autres espionnent les Français."

Bref "le génie est sorti de la lampe (..) dans toutes les langues, dans tous les pays, la nouvelle loi c'est : vous n'avez pas de vie privée (...) Donc bienvenue au club, Parisiens. Liberté, égalité, fraternité (en français dans le texte) ! En espérant que vous n'avez rien à cacher." Un des blogs de la revue Foreign Policy s'étonne enfin que la France soit choquée, remarque Le Monde, et constate qu'il n'y a eu aucune manifestation dans les rues, contrairement à l'Allemagne.

Foreign Policy cite la réaction de la directrice de la rédaction du Monde. "Les Français ont eu tendance au cours des années à accepter des restrictions sur les libertés civiles au nom de la sécurité nationale" a déclaré Natalie Nougayrède, directrice du Monde à The Cable. Mais être massivement espionné par les Etats-Unis est quelque chose qui fait mal à la fierté nationale et irrite même les gens qui ne se décrivent pas comme anti-américains".

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